Chapitre 2

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Je suis restée là, allongée sur mon immense lit, pendant des heures, attendant je ne sais quoi. La délivrance, peut-être. Mais je savais qu'elle ne viendrait pas. J'allais être obligée d'épouser cet homme que je ne connaissais que de nom.

Je me suis redressée lentement et j'ai attrapé le diadème fermement entre mes mains. Le diadème de ma mère. Je l'ai toisé avec horreur et dégoût. Puis, avec un sursaut de colère, je l'ai lancé de toutes mes forces sur le mur en face de moi. Il a volé en éclats avec un grand bruit et j'ai poussé un hurlement de rage mêlée à la douleur. Je venais de détruire le dernier bien qui me restait de ma mère. Mais je la haïssais. Je les haïssais tous.

Trois coups ont été tapé à ma porte. Sophie.

– Allez-vous en !, ai-je crié en essuyant mes larmes.

Je ne voulais pas être méchante avec Sophie, je l'aimais beaucoup. C'était la seule qui semblait comprendre un peu ma vie. Mais là, je n'étais vraiment pas d'humeur à voir qui que ce soit.

Elle n'a pas cherché à entrer, ni même à discuter. J'ai entendu ses pas s'éloigner dans le couloir.

Je me suis rallongée sur le lit et me suis remise à pleurer en fermant les yeux. J'ai même dû m'endormir, car quand je les ai rouverts, la nuit était tombée.

Dehors, par-delà ma fenêtre, je voyais les lumières de la ville. Le clocher de l'église éclairait faiblement les bâtiments alentours, ainsi que les rues, également éclairées par les lampadaires. J'aurais tout donner pour pouvoir vivre là-dehors, libre. Libre d'agir comme bon me semblait.

Je me suis levée lentement et me suis dirigée vers ma penderie. Outre les nombreuses robes, les chaussures à talons et tout le nécessaire de princesse, j'avais réussi à obtenir deux jeans , trois t-shirts et une paire de baskets, que je n'avais le droit de porter que dans ma chambre, lorsque personne ne pouvait me voir.

J'ai sorti le premier jean ainsi que le t-shirt blanc uni et la paire de baskets. Puis je me suis dirigée vers la salle de bain, où je me suis lentement déshabillée. Face au miroir, j'ai revêtu le jean et le t-shirt, ainsi que les baskets. J'avais l'air de n'importe quelle personne normale. Enfin, je supposais. N'ayant jamais vu les personnes de la ville, je ne pouvais pas être sûre.

Une idée a alors germé dans mon esprit. Une idée complètement folle, une idée dangereuse. Une idée qui n'aurait jamais dû naître dans mon cerveau de princesse. Mais on m'avait poussée à bout.

J'allais m'enfuir. Sortir. Dans cette tenue, personne ne me reconnaîtrait. De toute manière, personne n'aurait pu. Mon père avait tout fait pour que les gens de la ville ne connaisse pas mon visage. Je ne rencontrais que des gens haut placés, des nobles, tous triés sur le volet.

Prenant un des cotons qui servaient d'ordinaire à Sophie pour me démaquiller, je me suis moi-même démaquillée comme je le pouvais. Finalement, je ne m'en sortais pas mal. J'ai aussi démêlé mes cheveux, que j'ai laissé retomber sur mes épaules. J'ai enlevé tout ce qui pouvait laisser supposer que j'étais d'origine princière ou noble. Et je me suis prostrée devant mon miroir, plutôt fière de moi. Je ne me ressemblais plus du tout.

Je suis retournée dans la chambre, j'ai pris un papier et un crayon et me suis assise à mon bureau.

Je suis fatiguée, merci de me laisser dormir. Je ne mangerai pas ce soir. Que personne ne vienne me déranger.

J'ai glissé le mot sous la porte de ma chambre avant de me tourner vers la fenêtre. Il allait falloir que je trouve une solution pour sortir par là, parce que j'étais à au moins six mètres de haut.

Tournant la tête vers mon lit, la solution s'est aussitôt imprimée dans mon esprit. Je n'avais jamais aimé ces rideaux, de toute manière.

Quelques minutes plus tard, j'avais détaché tous les rideaux de mon lit à baldaquin et je les avais noués entre eux en une longue masse de tissu rose et violet. J'ai ouvert la fenêtre, et après avoir vérifié qu'il n'y avait personne en-dessous ou dans les environs, j'ai jeté ma corde improvisée. Elle a atteint le sol avec un léger bruit de tissu froissé.

J'ai lancé un dernier regard à la porte de ma chambre et, sans réfléchir plus, j'ai passé mes jambes par-dessus le balcon et je suis descendue. Restait maintenant à régler le problème du mur d'enceinte.

Là-encore, la solution s'est présentée à moi rapidement. Je n'avais qu'à sortir par la porte des domestiques. C'était la seule porte non surveillée qui permettait de sortir du château. Alors, je me suis dirigée vers les cuisines, seul accès à cette porte.

Les cuisines étaient vides. Je me suis donc approchée silencieusement de la porte, que j'ai ouverte d'un mouvement bref. J'allais sortir quand une voix m'a fait sursauter :

– Qu'est-ce que tu fais là ?

Je me suis retournée et trouvée nez-à-nez avec un garçon d'environ mon âge qui me regardait d'un œil sévère.

– Euh... Je... je...

Je ne savais pas quoi répondre. D'abord, c'était la première fois que je rencontrais quelqu'un de mon âge qui n'était ni prince, ni noble. C'était un simple cuisinier, rien de plus. Deuxièmement, c'était la première fois que quelqu'un d'autre que mon père me tutoyait. D'accord, j'étais censée ne pas être la princesse, mais je n'avais tout de même pas l'habitude.

– Tu comptais voler de la nourriture, c'est ça ? Quand Armando saura ça, tu vas avoir des ennuis !

Il a fait mine de partir et je l'ai retenu par le bras.

– Non, attends ! Je suis vraiment désolée ! Je cherchais un ami à moi, il m'avait dit qu'il travaillait au château et m'avait donné rendez-vous ici. Mais je vois bien qu'il m'a menti.

J'ai pris mon air le plus peiné, ce qui n'était pas très difficile étant donné les récents évènements. Je dois également avouer que j'étais plutôt fière de mon mensonge. Depuis quand savais-je inventer des histoires aussi vite et aussi bien ?

– Je suis le seul apprenti ici, a dit le garçon d'un air désolé. Je suis désolé pour toi.

J'ai hoché la tête en prenant l'air malheureux.

– Est-ce que... est-ce que tu vas prévenir quelqu'un ?

Le garçon a souri. Il avait un joli sourire, malgré son allure un peu négligée.

– Non. Mais si je te revois ici, je serais obligé.

J'ai haussé les épaules.

– Je ne reviendrai pas, puisque mon ami ne travaille pas ici. Merci.

Et sans attendre sa réponse, je suis sortie et j'ai refermé la porte derrière moi. Enfin, j'étais libre !


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Et voilà ce deuxième chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

Merci de lire cette histoire ! 💖

Axelle

∞ Princesse 👑 ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant