Chapitre 8

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Mes escapades nocturnes ont continué comme ça pendant une semaine. Une semaine où je ne vivais que pour les heures passées en compagnie d'Erwan, Lou, Jim, Sabrina et Jacob. La journée, j'étais fatiguée et je me promenais dans les jardins en compagnie de Philippe, qui parlait toujours autant et que je n'écoutais toujours pas. Et la nuit, je sortais en ville, accompagnée de mes amis.

Et puis est arrivée la veille de mon mariage. Ce jour-là, j'étais particulièrement nerveuse, parce que je n'étais plus qu'à deux doigts d'épouser Philippe. Ma véritable identité allait être révélée à toute la ville, y compris à Erwan et aux autres. Ils allaient alors savoir que j'étais en réalité la princesse, et ça me fendait le cœur.

Aussi, je m'étais mis en tête de tout leur avouer cette dernière nuit, afin qu'ils le sachent par moi-même et qu'ils ne le découvrent pas comme ça, d'un seul coup.


La journée avait plutôt mal commencé, je m'étais réveillée tellement stressée que j'avais vomi un flot de bile à peine levée. Sophie m'avait donc fait garder le lit toute la matinée, me permettant par la même occasion de rattraper un peu le sommeil qu'il me manquait de la semaine précédente.

Enfin, quand j'avais pu me lever et marcher un peu, j'avais été obligée de déjeuner une fois de plus avec mon père et nos invités. Même si nous étions la veille du mariage, la salle à manger avait commencé à être décorée, les tables étaient alignées et les chaises rangées. Je savais que la réception allait être grandiose, comme chaque fois que mon père donnait une fête. Mais je n'avais pas envie de cette réception, cependant je n'étais pas assez folle pour le dire tout haut.

L'après-midi, après avoir fait une courte ballade dans les jardins accompagnée de Philippe qui, pour une fois, n'avait pas placé un seul mot de toute la durée du trajet, j'ai été accaparée par nombre de domestiques pour les derniers préparatifs du mariage. Si on ne me laissait pas le choix du mari, on me laissait cependant le choix de la couleur des serviettes, du plat principal ainsi que du dessert.

Est alors arrivé le soir, et après dîner, Sophie m'a fait couler un bon bain chaud, comme à son habitude. J'ai pu rester là plus d'une heure, à méditer silencieusement. Toutes mes pensées se bousculaient dans ma tête, je ne savais pas comment tourner les choses pour avouer à Erwan et aux autres qui j'étais, ce que j'étais.

En plus de mes interrogations, je revoyais en boucle les images de toutes ces nuits passées en ville.

Je revoyais comment, la première fois, j'avais failli me faire agresser par Carl, le client éméché de la taverne, avant qu'Erwan n'intervienne et ne m'aide. Je revoyais comment je l'avais suivi, comment les clientes de la taverne m'avaient interrogée sur la princesse.

Je revoyais également comment Erwan m'avait appris à faire du vélo, moi qui n'avais jamais pu que rêver d'essayer. Je revoyais les rues de la ville défilant devant mes yeux pendant que je pédalais à en perdre haleine.

Je revoyais tout, petit à petit, comme un film qui défile. Chaque nuit m'apparaissait, aussi claire dans mon esprit que si ça se déroulait juste devant mes yeux.

Je me suis enfoncée un peu plus dans la baignoire tandis que les larmes me montaient aux yeux. Jamais je n'allais m'en sortir. Je devais me marier avec Philippe, mais je ne l'aimais pas, et je ne l'aimerais sans doute jamais. Je voulais m'enfuir cette nuit, tout expliquer à Erwan et lui demander de s'enfuir avec moi. Mais mon père trouverait le moyen de me retrouver, je n'étais pas folle. J'étais sa seule fille, sa seule héritière. Si je m'enfuyais, il me retrouverait.

Trois coups ont été tapé à la porte, le trois coups caractéristiques de Sophie.

– Princesse ?, a-t-elle fait à travers la porte. Vous êtes toujours dans la baignoire ?

∞ Princesse 👑 ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant