Chapitre 11

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J'ai mis du temps à convaincre mon père de laisser Erwan sortir. Il a fallu que je l'emmène aux cachots, où il a fait promettre à Erwan que jamais il ne s'approcherait de moi à nouveau. Il a aussi fallu l'aide des gardes, qui ont confirmé que le garçon n'était pas violent, qu'il s'était laissé faire sans rechigner, pour qu'enfin mon royal paternel accepte de le laisser sortir. Mais j'avais réussi. Erwan était libre.

Au moment où il allait sortir de la cellule, j'ai glissé un petit morceau de papier dans sa main. Il a semblé surpris mais n'a rien dit, il est simplement parti sans se retourner. Quant à moi, j'espérais qu'il lirait mon message. Je ne me rappelais que parfaitement ce que j'avais écrit :

Erwan, je sais que tu dois être fâché. Mais je t'en supplie, pardonne-moi. Je n'ai jamais aimé Philippe et je ne l'aimerai jamais. J'aurais voulu ne pas être celle que je suis et pouvoir vivre à tes côtés. Mais, à défaut de pouvoir vivre ma vie en ville, je viendrai le soir, comme avant. Je me débrouillerai.


C'est pourquoi ce soir-là, je suis sortie. Encore. Après avoir pris mon bain et m'être assurée que personne ne viendrait me déranger pendant la nuit, j'ai revêtu mon jean, mon t-shirt et mes baskets et je suis sortie.

Au début, ça été un peu bizarre de retrouver Erwan et les autres, maintenant qu'ils savaient qui j'étais. Mais j'ai réussi à les convaincre de continuer à faire comme d'habitude, à savoir m'appeler Elsa et agir comme si j'étais une simple apprentie cuisinière. Et on a continué comme ça pendant deux mois, deux mois où je passais des nuits fabuleuses.

Pendant la journée, je voyais Philippe, qui me demandait parfois si je pensais être prête, car ses parents s'impatientaient. Mon père aussi, même s'il ne me le disait pas clairement. Ça faisait deux mois que nous étions mariés, et aucun enfant à l'horizon, ce qui commençait à mettre la puce à l'oreille. Mais je m'en fichais, je ne voulais pas d'enfants. Pas avec Philippe.

Les choses auraient pu continuer comme ça longtemps, jusqu'à ce que quelqu'un se rende compte de quelque chose. Sauf qu'un soir, alors que j'étais sortie du château, Erwan m'a emmenée chez lui. Et c'est là que tout a dérapé.


J'étais déjà allée chez lui, plusieurs fois. Je connaissais son père, maintenant, mais je n'avais encore jamais rencontré sa mère ni sa sœur. Et ce soir-là, il ne m'avait pas prévenue qu'elles seraient là toutes les deux. C'est en entrant dans la taverne, inhabituellement vide, que j'ai compris qu'il avait prévu de me présenter en tant que petite amie officielle.

– Tu ressembles beaucoup à la princesse, a dit Stéphanie, la mère, me tirant de mes pensées.

J'ai rougi sans savoir quoi répondre, mais heureusement Erwan est intervenu :

– C'est vrai.

Il a souri.

– C'est un peu ma princesse, en fait.

Je lui ai rendu son sourire tendre, me sentant néanmoins un peu gênée. Même si nos démonstrations d'affection avaient considérablement augmenté depuis deux mois, j'étais toujours un peu gênée à l'idée de me comporter comme ça alors que j'ignorais presque mon mari par derrière.

– C'est trop mignon !, a gloussé Sandra, la sœur d'Erwan. Et en plus tu lui as offert mon peigne !

Erwan a hoché la tête tandis que sa mère souriait d'un air entendu.

– C'est ma petite sœur qui me l'avait donné, tu sais, a-t-elle lancé dans ma direction. Elle travaille au château, peut-être que tu la connais ? Sophie. C'est la femme de chambre de la princesse.

∞ Princesse 👑 ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant