Chapitre 2

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                                        Lucie

Une fois sortie de cette maison, je continue de courir le plus vite possible afin d'être sûr qu'il ne me rattrapera pas. Cette scène, j'ai l'impression de l'avoir vécue déjà une bonne centaine de fois. Jamais mon père n'a réussi à arriver à ses fins car j'ai toujours réussie, par chance, à m'échapper de son emprise. Ses mains sales n'ont jamais pu arriver à leurs fins et j'en suis soulagée.

A plusieurs centaines de mètres de chez moi, je m'arrête enfin de courir. Essoufflée, je vérifie derrière moi qu'il ne m'a pas suivi avant de m'asseoir sur le bord du trottoir pour reprendre mon souffle. Je vais encore devoir passer une nuit de plus dehors, dans le froid et un endroit que je ne connais pas. Dans notre ancienne maison, lorsque je m'échappais des mains sales de mon père, j'avais pris pour habitude d'aller me réfugier sous un pont à quelques centaines de mètres de la maison. Là où personne ne passait et ne pouvait me voir. C'était un des seuls endroits où j'arrivais à me sentir en sécurité une nuit entière. Alors qu'ici, dans un quartier que je ne connais absolument pas, je ne sais pas où je vais bien pouvoir passer la nuit. Par peur de ne pas trouver un endroit où dormir avant la tombée de la nuit, je me relève puis me mets à marcher dans une direction totalement au hasard pour trouver un lieu calme et sécurisé.

Au bout d'une vingtaine de minutes à marcher seule dans ces rues étroites, je me retrouve à l'entrée d'un parc et y vois à l'intérieur des bancs libres. Je décide donc d'y entrer et vais m'installer sur l'un d'eux. Un peu plus loin sur l'aire de jeu, on peut voir des enfants jouer en compagnie de leurs parents et leurs sourires sur les visages de chacun nous montre à quel point ils sont heureux d'être là. Les yeux de ses enfants s'illuminent dès que leurs parents leurs tiennent la main du haut du toboggan ou les pousses lorsqu'ils sont sur la balançoire. Les parents eux, ont les yeux brillants, fiers de voir leurs enfants s'amuser autant. J'aurais tellement aimée avoir une enfance ci joyeuse. Je n'ai que peu de souvenirs de ma mère mais le peu dont je me souvienne sont composés de nombreux moments de joies comme vivent ces enfants. Je me souviens qu'elle m'emmenait souvent dans ce genre de parc après l'école. Nous prenions notre gouter assises sur un banc à discuter puis ensuite, nous allions jouer pendant des heures et ce sourire présent sur ses lèvres était ma plus grande fierté. Elle me manque tellement. Elle est morte d'un cancer alors que je n'avais que six ans et depuis sa disparition, mon père n'a jamais montré une once d'amour pour moi. J'aurais aimé que nous ayons une relation aussi proche que ses enfants et ses parents, seulement, suite au décès de ma mère, il s'est mis à boire, me frapper, m'insulter et a tenté à plusieurs reprises de me violer.

Il est presque 20h et tous les enfants qui jouaient sont partis. Je me retrouve donc seule, avec la nuit qui commence à tomber et un silence effrayant, me faisant pleinement réaliser ma solitude actuelle. Mon ventre lui, commence à crier famine et savoir que je n'avalerais absolument rien ce soir ne m'aide pas le calmer. Pour tenter de calmer ce bruit insupportable de mon ventre affamé, je décide donc de m'allonger et attendre que le sommeil vienne me prendre.

- Se ne serai pas la nouvelle ça par hasard ? Enjie il y a ta copine qui dort sur un banc.

Des hurlements provenant de pas très loin me réveillent doucement. Seulement, j'ai souvent eu pour habitude que ce soit ceux de mon père qui me réveillent alors que là, ce n'est pas le cas. Je bouge un peu dans mon lit mais justement, je m'aperçois aussi que je ne suis pas dans mon lit. C'est alors à ce moment ci que les évènements de la veille me reviennent petit à petit. Moi qui rentrait en retard, mon père qui a tenter de me violer, et moi qui suis venue dormir sur un banc. Il ne faut pas que quelqu'un me voit comme ça sinon je suis foutue. J'essaie donc d'ignorer les voix aux alentours et faire semblant de dormir profondément mais quelqu'un se remet à parler. Une fille cette fois ci.

Amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant