chapitre 41

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Pdv Lucie :

Ça fait plus de deux heures que je suis assise dans mon lit à repenser à tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui. De ma chambre, je peux entendre Heck et Mia rirent ensemble dans sa chambre, ce qui me rappelle que je ne suis qu'une pièce rapportée à cette famille à nouveau réunie. Les propos qu'a tenu Heck tout à l'heure m'ont énormément blessé, je ne sais pas s'il s'en est rendu compte, mais il a été dur avec moi. Dans cette journée forte en rebondissement, j'ai aussi appris que ceux que je pensais être mes parents depuis le début ne l'était finalement pas. Que mon ordure de père ne le soit finalement pas, je m'en fiche, mais ma mère, c'est différent. Ma mère a toujours été là pour moi, même lorsqu'elle était malade, au bord de la mort, elle me souriait et jouait avec moi. Elle ne m'a jamais montrée ses faiblesses et a toujours su comment me remonter le moral, même quand le sien n'était pas au plus fort. Elle avait ce talent à me faire sourire que j'admirais énormément chez elle. Rien que de penser à elle, elle me manque. Soudain, une idée me parcouru l'esprit. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé la voir à tel point que je ne m'en souviens pas, alors c'est décidé. Je me lève, prends ma veste posée sur ma chaise de bureau, enfile mes baskets puis sors. Arrivée en bas, j'entends du bruit provenant de la cuisine alors je passe devant en faisant le moins de bruit possible puis sors de la maison. Dehors, j'appelle un taxi qui est là moins d'un quart d'heure plus tard puis lui demande de m'amener au cimetière.

Une fois le taxi payé, je descends et attend que celui-ci parte avant de m'avancer vers les grandes grilles blanches du cimetière. En entrant, un léger parfum de fleur vient envahir mes narines, me donnant rapidement la migraine. Doucement, j'avance dans ce lieu morbide puis me lance à la recherche de la tombe de ma mère. La dernière fois que je m'y suis rendue, c'était lors de son enterrement, donc sa date tellement que je ne me souviens plus où ma mère se trouve tellement cet endroit est immense. Je me mets donc à parcourir chaque allée jusqu'à tomber sur sa tombe. Elle est vide, complètement vide. Aucune fleur, aucune photo, rien. En comparaison avec la tombe voisine qui elle est pleine de fleurs, de photos et de dessin d'enfants, celle de ma mère fait abandonnée. Les personnes qui passent devant doivent penser qu'elle était seule, aimée par personne. Mais non ce n'est pas le cas, elle avait une fille qui l'aimait plus que tout et je me promets de revenir un jour garnir cette tombe pour la rendre plus chaleureuse.

Je m'accroupis devant et caresse du bout des doigts tremblants la pierre. Elle me manque tellement. Les larmes aux yeux, je décide de lui parler et lui dire ce que j'ai toujours eu envie de lui dire. De lui parler, le cœur ouvert, et lui déballer, là, au milieu de ce cimetière, tout ce que j'ai rêvée de lui dire dans ma vie.

- Maman, je suis tellement désolée pour tout ce qu'il s'est passé après ton départ. Ma voix se casse peu à peu et les larmes coulent déjà sur mes joues. Après ta mort, papa a été horrible avec moi. Ta mort l'a énormément affecté. Il s'est mis à boire et à s'en prendre à moi. Je lui en veux terriblement, mais au fond, il me manque quand même car il reste l'homme qui m'a éduqué toute ma vie même quand tu n'étais plus là. Mais maintenant j'ai une nouvelle famille. Ce n'est pas la peine de t'inquiéter pour moi car ils sont tous très gentils. Mais je n'arrive pas à faire semblant d'être heureuse de les avoir. Je ne les connais pas. Je ne comprends pas comment mes parents biologiques ont pu choisir entre moi et ma sœur jumelle. J'ai vécu sans elle et pourtant elle me ressemble tant que s'en est effrayant. Je ne sais pas comment réagir avec elle et encore plus avec les autres. Mais je dois faire avec car désormais, c'est avec eux que je vis.

La brise légère du vent vient heurter mon visage de plein fouet, faisant voler mes longs cheveux soyeux dans mes yeux. D'un geste de main, je les dégage de mon visage puis reprend.

- Ils sont adorables, tu les apprécierais toi aussi. Je ne sais juste pas m'y prendre avec eux. Alors je n'ai pas le choix, je dois apprendre à les connaître parce qu'ils sont la seule famille qu'ils me restent et au fond, je sais que je peux très bien m'entendre avec. Alors merci maman d'avoir été présente pour moi toutes ces années, je t'aime et tu me manques énormément, mais ne t'inquiète pas pour moi, tout se passera bien. Je vais m'en sortir.

Amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant