Interlude - L'autre face

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« Je suis perplexe », dit Matsuda en haussant les épaules lorsque Daisuke termina sa lecture de l'histoire contée sur le mur de vent.

Les deux jeunes hommes échangèrent des regards confus où flottait une légère déception.

« Moi aussi, dit finalement Daisuke. Ça a beau n'être qu'un paravent, le fait qu'il soit mis en avant de cette façon au milieu de toutes ces autres œuvres d'art m'a laissé espérer qu'il renfermait un secret caché par mon père. Mais il faut croire qu'au final, cette histoire est tout ce que nous avons.

— C'est quand même super bizarre, ton père te lègue une boîte en bois qui contient une clé ouvrant la porte de cette pièce, dans laquelle on trouve ce paravent dressé au milieu de toutes les créatures possibles et imaginables issues du folklore japonais... Soit ton père était vraiment tordu, soit on loupe un truc. »

Daisuke agita la lampe de son téléphone devant le byōbu, à la recherche d'un indice perdu.

« Je ne comprends pas vraiment l'intérêt de cette histoire, en plus, finit-il par déclarer. Je veux dire, tu en as déjà entendu parler ?

— Jamais, répondit Matsuda. En même temps, j'ai jamais vraiment été un expert en Histoire ou en mythologies...

— C'est étrange... Tu crois qu'elle a vraiment eu lieu ? Je veux dire, que c'est une histoire vraie ?

— Quelle importance ? C'est juste l'histoire d'un vieux Daimyō qui a des visions et qui entend des voix...

— Il entend des... Hé, attends un peu ! Oui, cette histoire... L'élégie blanche... Elle fait sans doute référence à la mélodie que le Daimyō entend avant de mourir...

— C'est marrant, fit remarquer Matsuda qui tentait de se frayer un chemin parmi les statuettes et les effigies divines pour atteindre l'autre moitié de la salle. La boîte que ton père t'a laissée... Tu sais, celle qui contenait la clé... C'était pas aussi une boite à musique ? Tu crois que ça pourrait être la même musique ?

— Heu... J'en sais rien... En fait, la mélodie de la boîte de mon père me fait penser à quelque chose, mais je suis incapable de mettre le doigt dessus... »

Alors que Daisuke réfléchissait, Matsuda trébucha sur les deux queues d'un Nekomata et s'affala de l'autre côté du byōbu. Il se releva en jurant et pointa sa torche sur la face verso du mur de vent.

« Hé, Daisuke... Les byōbus, ils ont deux faces, généralement ?

— Qu'est-ce que j'en sais ? Pourquoi pas ? Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté de celui-là ?

— Ben... On dirait une autre histoire... Complètement différente de celle qu'on vient de lire.

— Ah ? C'est quoi le titre ? »

***

La berceuse argentée - Gin'iro no Kumori-utaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant