« Je suis encore plus perplexe, maintenant », dit Matsuda, assis sur le sol poussiéreux du vaste grenier.
Daisuke, de son côté, se palpa le menton en signe d'incompréhension et de profonde réflexion.
« Attends, attends... Ça a forcément un sens ! Résumons... Une première histoire, l'élégie blanche, qui nous raconte les derniers instants d'un Daimyō qui entend le chant de la Mort qui vient le chercher... Puis une deuxième histoire, le chant noir de la révolution, qui narre la vie d'une femme ayant survécu à un massacre et ayant réussi une révolution pacifique...
— Tu vois bien que toi non plus, tu n'y vois aucune logique... »
Daisuke soupira et s'assit aux côtés de son ami. Les torches de leurs téléphones éclairaient le mur de vent orné des deux histoires d'une lumière fantomatique portée par la poussière en suspension dans l'air.
« Donc heu... débuta Daisuke. La première chose dont on peut être sûr, c'est que ces deux histoires n'en sont qu'une. Le Daimyō de la première histoire est le même que celui de la seconde...
— Comment il s'appelait, déjà ?
— Shirotsuki Jun.
— Shiro... Tsuki... Blanc... Lune... écrit comme « lune blanche » ?
— Oui, opina Daisuke. Donc... Peut-être qu'il symbolise mon père, un puissant seigneur qui meurt en laissant son royaume à son fils qui a pour devoir de le gouverner... Mais qui n'a pas à le faire seul.
— C'est une belle hypothèse, mais ton père n'était pas un seigneur, il était juste président d'un grand groupe financier.
— Je sais bien, mais ce n'est qu'une métaphore...
— C'est quand même super léger, dit Matsuda. Je veux dire, si ton père voulait te dire que tu pouvais te faire aider pour diriger le groupe Silver, il aurait pu te laisser un petit mot, plutôt que tout ce jeu de piste inutile. »
Daisuke approuvait malheureusement l'avis de son ami. Toute cette histoire – ou plutôt ces deux histoires – étaient trop complexes pour ne cacher qu'un simple message de l'au-delà pour le rassurer.
Machinalement, Daisuke ressortit de sa poche la boîte en bois où son père avait caché la clé du grenier et l'ouvrit, ce qui réactiva la petite mélodie enfantine qui en émanait.
« Ah ! s'exclama soudain Matsuda.
— Quoi ? demanda vivement Daisuke. T'as trouvé un truc ?
— Bah... C'est bizarre, non ? Les deux histoires... Elles parlent d'une musique. C'est même dans le titre à chaque fois... L'élégie et le chant de la révolution. Et ta boîte, là, elle émet une petite musique...
— C'est vrai. D'ailleurs, cette mélodie me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à remettre le doigt dessus...
— Hmm... fit Matsuda, pensif. Fais gaffe, vieux, ça peut être dangereux. Dans la première histoire, le Daimyō croyait que c'était le chant de la Mort...
— Bah... Oui, mais dans la deuxième histoire, on apprend que cette mélodie est juste chantée par Ran, et que c'était la berceuse que lui chantait sa mère quand elle était... »
Daisuke s'était arrêté au milieu de sa phrase et faisait tourner la petite boîte entre ses doigts, l'observant avec des yeux écarquillés.
« Toi, dit Matsuda, t'as compris quelques chose !
— Je crois... hésita Daisuke. Je crois que cette mélodie... Je crois que c'était une berceuse que me chantait ma mère quand j'étais petit... Bien avant qu'elle ne doive aller à l'hôpital à cause de sa maladie...
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La berceuse argentée - Gin'iro no Kumori-uta
AdventureGin'iro Hiroshi était un homme puissant et respecté. A sa mort, il laisse derrière lui sa femme Kimiko, atteinte d'une maladie incurable, et son fils Daisuke, à qui il lègue sa multinationale et une étrange petite boîte en bois sculpté. Avec l'aide...