Je suis restée quatre mois dans la maison de mes parents. Je crois que j'ai épuisé mon stock de larmes pour les dix prochaines années. Je me suis sentie tellement triste, seule et abandonnée. Une douleur sourde et intense enserre mon cœur depuis tout ce temps.
Livio m'a envoyé un seul texto, en août, pour savoir si je rentrai bientôt dans notre appartement. Il n'a pas demandé de mes nouvelles et n'a eu aucune parole gentille ou bienveillante. Ça m'a fait mal. Vraiment mal de voir son nom s'afficher sur mon portable et doublement mal de comprendre qu'il avait besoin d'un renseignement purement matériel. Je lui ai répondu qu'il me manquait, que je ne savais pas quand je reviendrai sur Paris et que par conséquent il pouvait aller dans l'appartement s'il le souhaitait. Depuis plus rien. C'est comme s'il n'avait jamais existé et que j'avais imaginé les huit dernières années.
Comment peut-il balayer aussi facilement notre relation ? Nous avons tout partagé ensemble. Nos peurs, nos rires, nos larmes, nos joies, nos cœurs.
Livio me manque terriblement. Il était mon ancre, mon homme, mon ami, mon amour. Toute ma vie tournait autour de lui depuis tant d'années. Je me convaincs chaque jour que seul le temps pourra agir comme un remède contre mon chagrin.
***
Nous sommes début novembre et j'arrive à Paris par le train à la gare Saint-Lazare. J'ai la chance de voyager seule, sans voisin, mes écouteurs d'iPhone vissés sur les oreilles pour apaiser le stress que je sens monter en moi à l'approche de ma destination. Un retour à ma vie d'avant, sans lui. Le train ralenti en entrant dans la Capitale, les voies anciennes faisant trembler le wagon au rythme de ma respiration qui s'est bizarrement accélérée. Je pense à la dernière fois où j'ai quitté Paris, un jeudi matin avec Livio pour nous rendre en Normandie et préparer notre mariage. Tout était alors normal, j'étais amoureuse, heureuse et excitée. Tout cela me parait proche et loin à la fois.
Respire Ema, tout va bien se passer.
J'ai décroché un entretien dans un cabinet d'architecte. Noyée dans mon chagrin, j'en avais oublié toutes les candidatures envoyées en juin pour essayer de trouver un travail à la rentrée. J'ai été contactée la semaine dernière et ça m'a redonné l'envie de trouver un travail. Le temps aide à se sentir mieux mais je pense que le travail aussi. Alors autant m'y jeter à corps perdu. Et puis ça m'occupera l'esprit en attendant que Livio me revienne, car pour moi ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne prenne conscience de son erreur. Bien que, plus les semaines passent, moins j'y crois. Et s'il avait déjà rencontré une autre fille ? Rien que d'y penser j'ai la nausée alors je chasse vite cette idée de mon esprit. Inutile de penser à ce genre de choses, je souffre déjà bien assez sans ça.
Je suis soulagée d'aller vivre chez Elena. Elle est ma sœur aînée mais aussi ma confidente. On a toujours été très proches et cela est certainement dû à notre peu d'écart d'âge - quinze mois. On se ressemble sur bien des points dans notre caractère mais nous avons choisi des voies professionnelles plutôt opposées. Elle est coach sportif à domicile depuis deux ans à son compte et elle s'est fait un sacré réseau de clients. Ça ne m'étonne pas vraiment car non seulement elle est douée dans ce qu'elle fait mais en plus elle a un contact très facile avec les gens. Physiquement, nous sommes assez grandes toutes les deux et nous avons la même couleur d'yeux noisette mais Elena est brune, les cheveux raides coiffés dans un joli carré plongeant et tandis qu'elle affiche une silhouette athlétique, je suis pulpeuse. Comme me le répétait Livio « Tu as ce qu'il faut là où il faut ». Elena est naturellement belle. En tous les cas, je la trouve très belle.
La mort de nos parents nous a encore plus rapprochées bien que je ne pensais pas que cela soit possible. Nous nous sommes appuyées l'une sur l'autre pour faire face à ce triste sort de la vie et nous remettre en selle pour que nos parents soient fiers de nous.
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RED Saison 1 #illusion [TERMINE]
Romance« Samedi 4 juillet, 13h08 Tout bascule. La porte de ma chambre claque me laissant en état de choc. Je m'écroule sur le sol, mon maquillage souillé par les larmes. Mon cœur me fait si mal que j'ai envie de me l'arracher. Pourtant je ne crie pas...