Chapitre 4

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Le reste de la semaine, je reste en grande partie chez Elena à regarder des films, à bouquiner et à préparer mon entretien. Le jeudi je me décide à aller dans notre ancien appartement pour y récupérer le reste de mes affaires. Et notamment des vêtements plus habillés pour mon rendez-vous. Sur le trajet, je ne peux m'empêcher d'espérer le voir même si je sais qu'il est au travail. Puis je viens à me poser des questions beaucoup moins sympathiques. Et si je découvrais les affaires d'une autre fille ? Et s'il avait refait sa vie avec une autre ? Est-ce qu'il n'aurait pas jugé bon de me le dire ?

Ma petite boule d'angoisse reprend son nid et me plonge dans un état d'anxiété intense. J'ai les mains moites, j'ai chaud, j'ai peur. Et soudain je réalise que Livio vit maintenant seul dans cet appartement et que je devrais tout de même lui dire que je m'apprête à y aller. Certes j'ai une clé mais je n'habite plus ici. Je me décide à lui envoyer un message les mains tremblantes.

Moi : Salut. Suis rentrée à Paris. Je voudrais récupérer mes affaires cet après-midi à l'appartement si cela ne te pose pas de problème. J'habite chez ma sœur. Ema.

Je suis étonnée de recevoir aussi rapidement sa réponse.

Livio : Bonjour Ema. Pas de soucis. Je suis au travail et ne rentrerais pas avant le début de soirée. Prends ce que tu veux.

Moi : Simplement mes affaires. Je te laisse le reste puisque je n'ai de toute façon pas d'endroit où entreposer des meubles.

Livio : Ok merci. Prends soin de toi.

Là il m'achève. Il ne demande pas de mes nouvelles. Il s'en fiche royalement de moi, de nous, de tout ce que nous avons vécu. Peut-être même qu'il se sent soulagé à l'idée qu'il n'ait plus mes affaires sous le nez pour pouvoir tourner définitivement sa page.

Je dois moi aussi tourner la page, c'est indéniable.  Ça faisait quatre mois que je n'avais eu aucun contact avec lui - ne comptons pas le SMS d'août - et ce simple échange me renvoi dans les tréfonds de mon chagrin.

Arrivée à l'appartement, un sentiment de nostalgie immense m'envahit. L'odeur, la porte d'entrée qui grince, le parquet qui craque sous mes pas, le canapé que nous avons choisi ensemble et les soirées télé ou sexe passées dessus... C'est encore plus difficile que je l'imaginais de revenir ici. C'est comme si je remuai moi-même le couteau qu'il m'a planté dans le cœur le jour de notre mariage. Je le remue mentalement un peu à gauche puis à droite, l'enfonce un peu plus. Oui là ça fait bien mal !

Il me manque, ma vie d'avant me manque, les bras de Livio le soir en m'endormant me manquent tout comme ses doux baisers du matin.

Il parait que l'on a ce que l'on mérite dans la vie. Comme tout le monde j'ai déjà menti ou fait quelques bêtises d'adolescente mais rien qui ne puisse, selon moi, justifier que je perde mes parents si jeune et que mon grand amour me quitte lamentablement quasiment devant l'autel.

Il y a pire dans la vie, c'est certain. Je suis en bonne santé, je respire, je vie. Je me force à relativiser face à d'autres personnes qui n'ont pas cette chance. Mais c'est difficile. Après tout, nous avons tous le droit de nous apitoyer sur notre sort de temps en temps et de vivre pleinement notre chagrin non ?

Après la mort de mes parents, je ne pensais pas être aussi triste un jour. Tout du moins pas avant longtemps. Et quand Livio m'a quitté, j'ai ressenti à nouveau cette immense tristesse. Ce trou béant dans ma poitrine signifié par le manque d'une personne, une personne qui vous quitte. Que vous aimez mais que vous ne pourrez plus serrer dans vos bras. Cette douleur est horrible et sadique puisqu'elle a du mal à faire ses valises. Elle aime s'installer et revenir vous piquer à la moindre occasion, comme maintenant.

RED Saison 1 #illusion  [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant