Nous soufflons une fois le passage refermé.
Mes yeux brûlent des larmes que je ne veux et ne peux pas verser, ce n'est ni l'endroit ni le moment de se laisser aller, mais put... que c'est dur.
Les voir tous les uns après les autres mourir sous nos yeux est juste inconcevable et d'une horreur sans nom. Je ne sais même pas comment nous faisons pour tenir encore debout.
C'est le moment que choisit Céline pour péter un câble. Elle commence à renverser tout ce qui lui passe sous la main. Elle envoie valser avec une force que je ne lui connaissais pas une lampe à huile qui aurait pu nous être très utile dans ce dédale de couloirs sombre, parfois exigu.
Elle continue de jurer en explosant les cadres accrochés aux murs, représentant des membres d'une famille. Puis s'approche de moi les yeux brillant d'une fureur à peine continue. Je recule sous le choc et me prépare au pire. Si la situation était différente j'aurais ri à gorge déployée en la voyant charger, les cheveux en bataille collés de sueur par endroits. Mais je sais ce qu'elle va me balancer à la gueule et ça fait mal d'avance. Mes boyaux se tordent et j'attends que les mots sortent.
Son index accusateur pointé sur moi, ses paroles fusent. Blessantes mais pourtant vraies.
Si je ne les avais pas amenés dans cet antre de malheur, ils seraient encore tous en vie. On serait sûrement entrain de poster des photos qu'on penserait effrayantes tout en rigolant sur le groupe, chacun derrière son téléphone ou son ordi. Bien à l'abri des monstruosités qui nous sont arrivés ce soir.
J'encaisse sans broncher toutes les méchancetés qu'elle débite, jusqu'à ce que le flot diminue puis s'arrête. Elle s'écroule à genou devant moi, en pleurs, tout en hoquetant des excuses.
Je m'accroupi, puis l'aide à se relever en disant qu'elle a entièrement raison. Que je suis coupable de tout ce qu'elle vient de dire et que je m'excuse à mon tour même si ces mots sont désuets. Comment de simples mots pourraient adoucir la peine et la souffrance ressenti durant ces heures d'angoisse ?
Je la berce quelques instants afin qu'elle se calme. Elle me repousse légèrement et avec un rictus qui se veut sourire s'excuse une nouvelle fois.
— Arrête avec ça. Tu as tout à fait raison, je suis la seule fautive. Alors arrête ! S'il te plait !
Elle hoche la tête en signe d'assentiment. Je regarde, peinée, mes deux autres évadés tout aussi perdus que Céline il a quelques secondes encore.
— Allez on repart, et cette fois on sort d'ici... En un seul morceau... Ok.
Sylvain aide notre amie à avancer, moi je prends la main de Yza, muette depuis qu'elle a vu Phil ( 2 ) dans une mare de sang.
On avance, avance encore, sans avoir la moindre idée de comment sortir de ce merdier. Si c'est pour entrer dans une pièce et perdre une nouvelle fois quelqu'un, c'est hors de question !
Puis, au loin j'aperçois deux silhouettes.
Je lâche Yza et cours vers ce qu'il le semble être Jimmy et Flo. Mon cœur tambourine à une vitesse folle, je les appelle, je hurle leurs noms devrais-je dire, mais rien. Aucun des deux ne semble m'entendre. Je me stoppe net quand je les vois courir comme s'ils étaient poursuivis. Je regarde en arrière et visualise la petite troupe que nous formons.
C'est malheureux à dire mais s'ils sont pourchassés par je ne sais quelles créatures nous irons dans le sens opposé.
Sylvain comme s'il avait lu dans mes pensées, fait avancer Céline toujours à état de choc d'où sont arrivés nos amis. C'est sûrement une grosse erreur de notre part, mais l'instinct de survie prend le dessus sur tout le reste.
Nous longeons encore et toujours ces fichus couloirs jusqu'à tomber nez à nez avec un David beaucoup moins fringant qu'en début de soirée et un Gaëtan qui comme nous semble épuisé.
— Les mecs je n'ai jamais été plus contente de vous voir. Je leur tombe dans les bras comme s'ils étaient le messie. Des hommes en plus, ne seront pas de trop pour affronter ce qui reste d'aventure halloweenesque.
— Putain, mais c'est quoi cette soirée de dingue ? David me dévisage en me demandant si tout ce bordel était prévu.
Je lui fais non de la tête et il s'essuie le visage avec ses mains.
— Ok. Nous on vient de là, dit-il en nous montrant le couloir sur sa gauche. Et je peux vous dire que je n'y retournerai pas. Je suis aventurier mais pas cinglé.
Gaëtan, silencieux jusque-là nous demande si nous avons rencontré d'autres membres des évadés depuis le moment où nous avons commencé à entrer dans le jeu.
— Non, personne, lui répond Yza, mais...
— Mais quoi ?
Les larmes coulent, silencieuses, quand elle lui cite tous ceux qui y sont restés.
— Attendez, vous nous faites marcher ? Ils ne sont pas vraiment morts ? Hein !
— Si. Voilà tout ce que j'arrive à murmurer. Et vous ? Vous n'avez croisé personne ?
— à part des tarés en blouse blanche, ou acteurs à moitié dézingués ? Non. Nous débite David encore surpris par notre annonce.
— Il faut qu'on trouve la sortie, j'en peux plus d'être enfermée. Nous lance bien à propos Céline.
— Ouais, il le faut. Mais par où ?
C'est à ce moment-là que nous entendons la voix de Damien au loin
— Le son vient de par-là, je crois.Nous nous engouffrons dans un passage une nouvelle fois encombré, mais un peu plus rassuré de savoir que d'autres sont encore en vie.
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Évasion Halloweenesque (Terminée)
Krótkie OpowiadaniaQuoi de mieux qu'une soirée Halloween pour une première rencontre d'un groupe d'amis virtuels. Des fantômes, des blagues, un manoir hanté... Tous les ingrédients d'une soirée réussie !! Ça reste à voir... 🎃 écrite pour le délire, amusez-vou...