faux-fuyant

Tout le temps

Je m'en veux de trop vouloir, tout le temps. Je m'en veux de gaspiller mon temps pour des incertitudes, des impossibles. Souvent, je ne sais plus penser. Souvent je déraille, je m'enfonce, je me raconte toutes sortes d'histoires, je me déguise. Je me blesse, tout le temps.

J'en ai honte de ce coeur impatient qui saute sur chaque sourire, chaque mot doux. J'en ai honte de ces mains qui tremblent, de ce désir qui se cache dans mes pores de peau. Ces sueurs prêtes à aller à la guerre, prêtes à tout connaître, tout voir, prêtes à mourir. Je ne sais plus résister à ces pulsions, je veux qu'on me prenne, tout le temps. Je veux qu'on me déchire, même si je sais que je ne serai jamais totalement détruite.

Je n'en peux plus du corps des femmes, je n'en peux plus de la voix des hommes. Je veux me noyer, je veux être absorbée un instant, souvent. Je veux arrêter d'exister pendant quelques minutes, seulement dépendre du corps de l'autre et à comment il s'accorde au mien.

Je n'en vois plus d'amour, je n'en vois plus d'avenir, souvent. Il n'y a que le plaisir charnel, le désir de mourir tendrement. Et je m'en veux, tout le temps, de ne pas savoir comment faire freiner ma chute.