Quelque part dans mon accident, quelque chose fige. Quelque chose se perd dans la boue et se colle sur ma voix. Je fais les gestes à d'autres manières, j'attends le reste de moi aussi longtemps que ça fait mal. Plus loin, j'insiste toujours un peu plus fort, je m'endurcis le coeur à me faire piler dessus. Jusqu'à me creuser la lèvre, à m'exploser les veines de la tête, je retiens la pitié. J'ai fait de mes larmes une patinoire et je regarde les gens glisser. Quelque part à l'intérieur de moi, je fais tomber quelqu'un.
Je me sens moins coupable le dos tourné, je n'arrive même plus à me regarder dans les yeux tellement j'ai tout recraché. Pourtant, encore, l'envie de vomir m'attache. Quelque chose se vide de moi et je ne me sens plus gracieuse d'avancer. J'ai perdu la force de chanter, je ne peux même plus border les monstres alentour. Je m'ouvre à la façon facile de faire taire les choses, je ne les juge plus. Je laisse quelqu'un se noyer pour ne pas avoir à le sauver le lendemain.
Je n'ai pas les dents tenaces de ma mère, je n'arrive jamais à gagner. Je ne veux pas déranger les autres de moi, j'ai perdu l'opacité pour ça. Quelque part et partout à la fois, je me mêle à quelqu'un que je n'ai pas la force de perdre. Et je me laisse faire, j'ai la souplesse pour ça. Quelque part dans mon sommeil, quelque chose s'étouffe et ne se réveille jamais.
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faux-fuyant
Short Storyà chacun sa façon de fuir, voici la mienne. | un recueil | ***les images proviennent toutes de "we heart it", elles ne m'appartiennent donc pas*** (si vous voulez aller chercher les photos utilisées ici, allez sur mon compte we heart it que j'ai mis...