Chapitre 2 : Le rituel du cauchemar

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Au levé du jour, deux adolescentes discutaient déjà dans la cour située à l'arrière du temple de Corseit. L'une d'entre elles aux longs cheveux châtains et vêtue d'une courte robe noire, tenait entre ses mains un bâton avec lequel elle dessinait avec ardeurs sur le sol. La seconde habillée d'une robe blanche immaculée suivait avec grand intérêt les travaux de sa camarade tracés au sol, sans rater une miette des explications qu'elle y ajoutait.

— Il n'a pas de cheveux ? Demanda Candice en levant un sourcil interrogateur en direction de Larisha, qui hocha la tête négativement pour lui répondre.

— Tu vois ces deux grandes choses pointues sur le haut de son crâne ? Fit-elle en pointant les protubérances de la silhouette bestiale qu'elle continuait de détailler. Ce sont ses cornes, expliqua-t-elle. D'un simple coup de tête, il peut embrocher deux mineurs.

Candice fut traversée par un frisson, peu rassurée. Larisha était pourtant celle qui lui avait expliqué que le fait de penser à une créature maléfique pouvait les attirer, et voilà qu'à présent elle en traçait une derrière la cour du temple ! Peut-être comptait-elle sur la puissance de ce lieu saint, canalisée par son père qui devait travailler dans le secrétaire à l'étage de la bâtisse ? Malgré cette protection, Candice ne pouvait s'empêcher de penser que représenter le mal relevait de la bêtise.

Larisha était la seule personne que Candice considérait comme son amie. Astaro n'avait jamais faiti grand état de sa présence autour de l'Enfant des flammes, car il était un proche de longue date du père de l'adolescente. Ancien camarade du prêtre sur le champ de bataille pour repousser les assauts des orcs, le père de Larisha travaillait maintenant le fer au sein du village, passant ainsi dans un autre aspect de la guerre : la fabrication des armes et équipements. Il entretenait toujours de très bonnes relations avec Astaro, si bien que sa fille possédait quelques passe-droits, parmi lesquels se promener comme bon lui semblait autour du temple, et voir tous les jours l'Enfant des flammes.

Ayant hérité du caractère franc de son père, Larisha n'avait jamais été du genre à accorder un traitement de faveur à Candice. Cette attitude lui permettait de ne pas jouer le rôle de l'Enfant des flammes à ses côtés. Elle n'était qu'une adolescente comme les autres. Larisha était également la seule avec le prêtre à l'appeler directement par son prénom, et non par son titre. Pouvant être elle-même, Candice appréciait chaque minute passée auprès de Larisha, qui lui faisait découvrir un monde qu'elle ne pouvait connaître en passant la majeure partie de son temps enfermée dans le temple.

— La protection divine sur le village est grande grâce à ta présence et à celle de ton père, continua Larisha en traçant de nouveaux traits à la surface du sol, représentant cette fois-ci le mont Borak. Mais ce n'est pas le cas autour du village. Nous avons régulièrement des marchands passant par la forge qui avouent craindre dormir à la belle étoile, de peur de se faire attaquer par un dhampire qui rôderait dans la région.

— Ils ne sont pas uniquement dangereux pendant les nuits où les lunes sont pleines ? Questionna Candice qui se souvint avoir lu une telle description dans l'un de ses livres à propos de ces suceurs de sang.

— Leur pouvoir maléfique serait à leur maximum lors de telles nuits, corrigea Larisha en dessinant les astres sur le sol. Cela ne veut pas dire qu'ils ont inoffensifs les autres nuits. Nous mangeons bien tous les jours, eux aussi se nourrissent régulièrement. Une des dernières caravanes a même certifié avoir subi une attaque en plein jour !

— Toutes les histoires d'enlèvements ont pourtant lieu la nuit, comment un dhampire pourrait-il marcher en plein jour ? S'inquiéta Candice dont les ouvrages certifiaient qu'en cas d'attaque de ces créatures maléfiques, la meilleure chance de survie était de fuir jusqu'à l'aube.

L'éternelle flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant