Chapitre 12 : l'alchimiste et l'Enfant

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— Les citoyens demandent son exécution, rapporta un messager dans la salle du trône de Corseit.

Le soldat avait accouru au château, après que Foltar soit revenu au cœur du village, traînant le corps inerte de l'Epée des flammes par les cheveux. Devant lui, le seigneur Pajot tremblait, serrant de toutes ses forces la main de Larisha, à ses côtés. Il écouta attentivement les paroles du messager, qui exposa les derniers évènements.

Foltar se trouvait très contrarié de devoir battre en retraite, abandonnant la bataille pour garder à l'œil la sorcière devenue incapable de se battre. Depuis sa perte de contrôle qui ravagea aussi bien les rangs orcs que ceux de Vernor, Candice semblait vide. Le guerrier saint parvenait à la faire gémir de douleur en la frappant, pourtant, la jeune femme ne résistait pas, et retrouvait son état apathique.

Le guerrier sacré se frottait à présent à la fronde populaire des habitants de Corseit. Sans sa présence, l'Enfant des flammes se ferait lyncher. La plupart des civils avaient assisté à une partie de la bataille depuis les murs de la cité féodale, et pour eux, les actions de Candice constituaient une nouvelle trahison. Elle les avait abandonnés une fois de plus. Le guerrier de Vernor se sentait lui-même partagé. L'idée d'offrir la sorcière en offrande au Seigneur Cyvid, comme lui soufflait bon nombre de villageois, retenait toute son attention. En se débarrassant de ce symbole déchu, l'influence des temples se renforcerait.

Cependant, Foltar n'oubliait pas les prouesses de la sorcière sur le champ de bataille. Jusqu'à sa rébellion, toutes ses décisions furent les bonnes. Couvrir les soldats locaux en priorité facilitait l'acceptation d'une garnison au village sur le long terme. Briser sa propre formation pour se débarrasser des orcs adeptes des arts occultes fut le tournant de la bataille, leur permettant d'avancer jusqu'à la rivière. Son choix même de ne pas s'arrêter, et de continuer la reconquête aurait pu achever la victoire de Vernor, si elle ne s'était pas laissée troublée par un esclave.

— Cette sauvage, avec un peu d'autorité et quelques notions tactiques, pourrait devenir la plus grande force de frappe de notre nation, murmura Foltar, se laissant guider par une horde de villageois fous furieux.

La foule arriva sur la place à l'entrée du château. Ici, les habitants avaient sommairement construit un bûcher, alors même que les combats faisaient rage à l'extérieur. Plutôt que de craindre pour leurs propres vies, les hommes et femmes de Corseit avaient choisit de brûler vive l'Enfant des flammes. Foltar, malgré son statut au sein de l'armée de Vernor, ne possédait pas du droit de décision sur les sujets internes aux cités féodales. Seul le seigneur local pouvait décider du sort de ses propres citoyens.

— Oui ! Brûlez-là ! Qu'elle périsse par les flammes ! Clama Pajot, se levant de son trône pour s'adresser avec force à son messager, qui hocha la tête afin de confirmer les intentions de son seigneur.

— Attendez, interrompit Larisha, se levant à son tour pour se rapprocher de Pajot. Il existe bien d'autres alternatives pour cette sorcière, nous pouvons encore sans doute nous servir d'elle ! Ou essayons au moins de la vendre à-

— Il suffit ! Coupa le seigneur de la cité, dont la seule mention de l'Enfant des flammes suffisait à lui donner des sueurs froides. Détruisez cette démone par le feu ! Par le feu !

— Mon amour, je vous en prie ! Tenta Larisha, qui reçut pour toute réponse une gifle de la part de son époux.

— Tu n'as point d'opinion à donner dans cette salle, silence ! Ordonna Pajot à la fille de forgeron qui posa la main sur son visage douloureux. Assez de tes murmures ! Assez de tes mots ! Les pouvoirs de ce monstre sont réels ! Conformément à la demande de mes citoyens, que Candice subisse le châtiment du bûcher !

L'éternelle flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant