Chapitre 8 : La vérité

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— Les disparitions dans le village. Déclara Candice qui guettait l'arrivée de Bedos depuis le fond du couloir de son cachot.

L'homme poussa un soupir, et s'assit après avoir placé son tabouret en face de la cellule de l'Enfant des flammes, sa seule captive à l'heure actuelle. Il prit de temps de s'installer un peu plus confortablement que la veille, et avait cette fois amené un coussin pour que son assise soit moins incommode que la veille. Il posa deux doigts sur sa tempe, et réfléchit à la demande de la jeune femme. Semblant arriver à une conclusion satisfaisante, il commença :

— Je vois que tu fais toujours passer le village avant les autres, lança-t-il vers sa détenue dont la décision fut d'en apprendre le plus sur Corseit en priorité. Les disparitions au sein du village sont néanmoins un très bon point de départ, et à l'origine, Il s'agissait de ce qui te tracassait le plus au quotidien.

— Sont-elles l'œuvre d'un démon comme le veulent les rumeurs parmi les villageois ? Demanda Candice qui même ayant eu ses convictions ébranlées sur la protection qu'elle apportait à la cité, refusait de croire en cette terrible possibilité.

— Oui et non, répondit Bedos avant de préciser : tout dépend ce que tu entends par démon, petite. Qu'est-ce qu'un démon pour toi ?

— Une créature maléfique, affirma Candice sans hésiter.

— Tu ne fais que jouer sur les mots, rejeta le geôlier qui reposa sa question : Qu'est-ce qu'une créature maléfique pour toi ?

— Les ennemis du Seigneur Cyvid, des monstres qui amènent le chaos parmi le peuple, précisa l'Enfant des flammes. Des créatures qui commettent des crimes odieux pour se satisfaire.

— Très bien, analysa Bedos. Si je reprends tes dires, considères-tu Virgil, un monstre et ennemi de Cyvid aux yeux de tous, qui boit régulièrement le sang du peuple pour survivre, comme une créature maléfique ? Ou un démon ?

— ... Non, admit Candice.

"J'ai moi-même dit à Virgil qu'il n'était pas un ennemi du Seigneur Cyvid, mais une simple victime qui cherche à survivre. Il s'est démené pour me sauver du danger qu'il a pressenti sans penser à sa propre vie. C'est un dhampire... Mais il n'est pas maléfique. Bedos... Il me pousse à réfléchir toute seule et à admettre les vérités plutôt que me les donner... Il sait qu'autrement, je rejetterais tout en bloc."

— Petite, reprit l'homme, il est important que tu comprennes que le bien et le mal ne se divisent pas aussi facilement que tu sembles le croire. Tu agis toi-même comme une sainte, et pourtant, tu es considérée comme le mal absolu dans cette cité. Une personne possède plusieurs facettes, parfois bonne, parfois mauvaise. Cela dépendra de la situation et des circonstances. Cela est valable pour toi, moi, ton père, Larisha, Pajot, les villageois. Tout le monde.

— Les disparitions dans le village sont le fait d'un humain. Déduisit Candice qui accepta que le terme de démon pouvait même qualifier un habitant de Corseit.

— C'est exact, confirma le geôlier avant de donner un exemple : Tu te souviens sans doute de Natu ? Sa mère a disparu quelques jours avant que tu ne deviennes immortelle.

— Je n'ai jamais pu le revoir... Répondit Candice en repensant à l'enfant qui à présent devait être devenu un adolescent.

— Ce qui restait de sa famille après la disparition de sa mère fut exilée en dehors du village. Vers le sud. Pourtant au sud, il n'y a que Vucior, et les orcs. Pourquoi les envoyer vers nos ennemis mortels ? Voyons, essaye de te souvenir du jour où tu as appris la disparition de cette femme.

L'éternelle flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant