Chapitre 11 : La guerre

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— Elle est revenue !

— Le monstre !

— Cette sorcière d'épée de flammes !

— Le seigneur Pajot autorise une telle folie en pleine guerre ?

— Ne t'inquiète pas, Sire Foltar la tiendra en laisse !

— Nous devrions plutôt la faire brûler !

— Non, laissons-là mourir contre ces chiens d'orcs !

Les voix des villageois peinaient le cœur de Candice, alors qu'elle se dirigeait vers la forge de Corseit. Accompagnée par Foltar, qui s'était montré clair qu'au moindre écart de sa part, il n'hésiterait pas un instant à lui infliger le même traitement que la veille. L'Enfant des flammes n'eut aucun mal pour le convaincre de son vœu de combattre les orcs, il s'agissait après tout de son propre choix. Vêtue à présent d'une tunique blanche et d'une longue jupe noire, Candice fut instruite pendant le trajet sur les conditions actuelles de la bataille à laquelle elle prendrait part.

— Ton village est construit tel un fort dans la montagne, continuait Foltar alors qu'il s'était d'abord consacré à des explications sur les troupes et formations ennemies. La rivière Drinizi est conquise par les orcs, nous empêchant de recevoir des machines de guerre par la plaine pour nous défendre. Les peaux-grises ne semblent pas conscients de l'existence de chemins escarpés dans la montagne, ce qui nous permet de tenir ce siège indéfiniment.

— Qu'est-ce que-

— Tu ne parleras que lorsque je t'en donnerai la permission, sorcière. Coupa Foltar en flanquant une baffe terrible de sa main gantée au visage de l'Enfant des flammes, qui vacilla légèrement sous l'impact. Notre objectif est simple, reprit le guerrier consacré sans attendre que sa prisonnière ne se remette du choc. Jusqu'à présent, je constituais la seule force de valeur de Corseit, si bien que je devais à la fois tenir le centre de la bataille, et surveiller nos flancs pour ne pas être débordés. La situation va maintenant évoluer : nous allons diviser le front en deux secteurs. Un chacun. Nous les repousserons jusqu'à la rivière, pour commencer. Ne la traverse pas immédiatement, nous devrons organiser des défenses sur la rive.

Candice garda le silence. Elle avait nombres de questions à poser. Serait-elle assistée par des troupes, ou devrait-elle se battre seule ? Que devrait-elle faire si jamais elle était contournée par les orcs ? Battre en retraite, ou continuer d'avancer ? La jeune femme manquait d'expérience pour participer à une telle bataille, et son aventure dans les mines lui avait appris que la préparation et le sang-froid sont deux clés du succès.

— La rivière reconquise, continua l'inquisiteur, nous couperons leurs voies de ravitaillement, et retrouverons par la même occasion la nôtre. De l'équipement massif doit descendre de Carnar, une de nos garnisons la garde jusqu'à ce que nous puissions assurer sa livraison. Le flot de la bataille s'inversera si nous tenons cette ligne. Je te permets d'utiliser tes pouvoirs uniquement car nos ennemis sont des créatures hérétiques, certaines d'entre elles usent aussi de pouvoirs occultes. N'oublie pas, si la moindre flammèche frôle la peau de l'un des soldats de la cité, ou un de mes camarades inquisiteurs, et tu auras le plaisir d'inaugurer la vierge de fer.

L'Enfant des flammes ne prêta pas grande attention aux menaces de Foltar. Elle ne comptait ni s'en prendre aux villageois réquisitionnés pour la guerre, ni aux hommes en armures écarlates. Ils arrivèrent à la forge, où les attendait le père de Larisha. Candice remarqua que l'endroit apparaissait bien plus riche que lors de sa dernière visite. Les râteliers remplacés par du mobilier flambant neuf, quelques décorations chatoyantes, et le forgeron semblait aussi bien plus gras. Entre la guerre, et une fille épouse du seigneur féodal, l'homme s'était rempli les poches d'or.

L'éternelle flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant