Chapitre 4 : Victime de la nuit

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Tard, lors d'une longue nuit hivernale, Candice fut réveillée par des bruits sourds. Des voix étouffées parvenaient jusqu'à ses oreilles. Elle prit ce réveil comme une bénédiction, car elle rêvait de la mort de son père, encore, inlassablement. L'enfant des flammes entendit deux voix étouffées qui l'appelaient depuis l'entrée du temple dont elle verrouillait les portes en allant se coucher.

Non pas qu'elle n'était pas prête à recevoir les villageois à tout moment, elle veillait simplement à ne pas trouver de mauvaises surprises au petit matin. Le vent soufflait fort à Corseit, assez fort pour permettre à la neige de pénétrer à l'intérieur de la bâtisse si son entrée n'était pas solidement cadenassée. Lors de son premier hiver seule, Candice avait dû à trois reprises pelleter la neige hors du lieu sacré avec l'aide de Larisha. Le corps de l'Enfant des flammes provoquait la fonte de l'envahisseur blanc au moindre contact, inondant ainsi le temple.

Candice enfila rapidement sa robe blanche, et une fois assurée que les marques noires dessinées sur sa peau n'étaient plus visible, elle quitta sa chambre et traversa le temple à la lumière d'une bougie. Le temps devait être couvert dehors, car les lunes de Meiralys ne brillaient pas à travers les vitraux de la pièce principale.

— Enfant des flammes, ouvrez-nous je vous en prie ! Notre fille ! Notre fille !

L'envoyée de Cyvid n'hésita pas un instant. Plutôt que d'aller chercher parmi ses nombreuses clés rangées dans un meuble pour déverrouiller la porte, elle brisa les verrous d'un coup sec sur la poignée de celle-ci. Ce genre de prouesses physique ne demandait aucun effort à Candice. Depuis le rituel son corps ne la limitait plus pour éviter les blessures, et sa force s'en était retrouvée décuplée. L'Enfant des flammes nota dans un coin de son esprit la nécessité de faire réparer les dégâts le lendemain, et découvrit ceux qui réclamaient son aide.

— Que se passe-t-il ? Demanda Candice aux silhouettes qui pénétrèrent sans attendre dans la bâtisse. Un homme et une femme d'une quarantaine d'années portaient tant bien que mal une adolescente inconsciente dans leurs bras.

L'Enfant des flammes les guida immédiatement jusqu'à un banc pour installer la jeune fille. Elle connaissait bien les deux parents, Nderan et Hena. Le premier était l'un des nombreux mineurs du village, à l'impressionnant corps robuste taillé par la pierre elle-même.

Son épouse travaillait dans la couture, et confectionnait une grande partie des robes d'apparat des villageoises. Ses cheveux roux habituellement soignés étaient trempés par la neige, et elle n'était habillée que de vêtements mal assortis enfilés en catastrophe. Leur fille Mélina était l'une des plus grandes ferventes des cérémonies de l'Enfant des flammes, toujours enjouée et pleine de vie. Candice d'un simple regard eut un mauvais pressentiment, car l'adolescente avait à présent un vilain teint blafard.

— Depuis combien de temps est-elle comme ça ? Interrogea Candice en posant ses mains sur le visage de Mélina. Celle-ci était glacée, et cette impression ne venait pas des températures nocturnes où du corps toujours chaud de l'Enfant des flammes. Candice sentit le froid lui traverser les membres comme des dagues, et un simple regard à ses parents lui confirma qu'ils avaient beaucoup souffert pour amener leur enfant jusqu'au temple.

— Un Dhampire ! Ô Enfant des flammes ! Beugla Nderan en colère en direction de Candice. Cette créature suceuse de sang ! Regardez la nuque de ma fille !

— Dans nos murs ? S'étonna Candice qui trouva deux traces sanguinolentes sur la peau de Mélina, trace d'une morsure réalisée par de longues canines. Aucune créature maléfique ne devrait pouvoir s'infiltrer à l'intérieur de Corseit...

— As-tu une meilleure explication à son état ? Lança Hena d'une voix dénuée du moindre respect envers l'Enfant des flammes.

— Le seigneur Cyvid nous a-t-il abandonné ?Continua Nderan. Que fais-tu pour nous protéger, Enfant des flammes ?

L'éternelle flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant