chapitre quinze.•°

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- Pa...pardon ?

Non... Non, non, non! On ne peut pas rester là, on doit rentrer! Je voulais hurler, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Taeyang haussa un sourcil puis se mit à rigoler.

- T'en fait pas, y'a des lits, on va pas dormir par terre!

De nouveau, les larmes me montèrent aux yeux. Je me mordais la lèvre pour ne pas pleurer, si fort que je sentis rapidement en goût de sang dans ma bouche. Je pensais que la douleur était passée, mais ce n'était qu'une illusion.

Les scientifiques sortirent en premier de la pièce, nous indiquant qu'ils allaient préparer les chambres. Le maknae sauta de joie, remerciant cette tempête de nous laisser faire, je cite, « du camping en montagne sans les tentes ». Je retins un rire amer et regardais par la fenêtre. Une pluie violente martelait le sol neigeux tandis que le vent se déchaînait contre les sapins.

J'admirais le spectacle, trouvant que cela ressemblait drôlement à ce qu'il se passait dans mon cœur en ce moment même. J'attendis que les membres quittent la pièce et essuyais discrètement mes yeux humides. Une fois sortie à mon tour, je m'asseyais sur le fauteuil. Un des scientifiques revint vers notre équipe et nous informa que le repas était prêt.

Deux heures plus tard, nous étions couchés. Je me retournais pour la seizième fois précisément dans mon lit. L'image de mon père montant dans l'avion tournait en boucle dans mon esprit. Mon cœur se mit à bouillir et la tristesse laissa doucement place à une profonde haine. Scellant un pacte avec moi-même, je me jurais de retrouver le coupable du crash et de me venger. Malgré de multiples efforts, je n'arrivais pas à lui pardonner de m'avoir enlevé mon père.

C'est avec cette détermination que je me levais et gagnais le couloir. Je devais me vider la tête, oublier ce qu'il s'était passé. Mes pas me guidèrent instinctivement vers le laboratoire. Allez savoir pourquoi. Lorsque je poussais la porte, je vis un homme se tenir dos à moi, appuyé sur le rebord de la fenêtre. Je reconnus aussitôt les tatouages de G-Dragon.

- Tu dors pas ? dis-je en le rejoignant.

- Faut croire que non.

Il sourit légèrement et baissa la tête. Je tapotais doucement mes doigts contre la barre en métal lorsqu'il brisa le silence:

- Dans deux jours, ça fera 13 ans que je fais parti de la YG. Ils m'ont recruté devant mon école alors que je me battais avec un de mes camarades qui avait insulté ma mère. À l'époque, je me foutais de tout, un peu comme toi. Aujourd'hui, je me demande ce que je serais devenu si YG ne m'avait pas engagé.

J'écoutais attentivement son histoire, fascinée d'en découvrir plus sur lui. Je tournais ma tête vers lui.

- Elle en a pensé quoi ta mère que tu deviennes agent secret ? Elle était fière ?

Son visage se tourna vers le mien et il m'observa pendant un moment avant de me répondre:

- Ma mère était alcoolique. Elle rentrait tous les soirs bourrée. Je faisais tout: la cuisine, la vaisselle, le ménage. Un matin, je lui ai parlé de ma décision de devenir agent. Le soir même, elle m'a jeté dehors. Je suis allé vivre chez YG jusqu'à ce que mon salaire me permette de m'acheter une maison. Un jour, je l'ai revu, à la sortie d'un bar. Elle s'est excusé, mais ça s'est arrêté là.

- Elle ne doit pas se rendre compte de la chance qu'elle a de t'avoir, dis-je soudainement

Surpris, G-Dragon me regarda avant de lâcher un petit rire. Je balbutiais:

- Enfin je... Je veux dire que... Enfin... C'est bien agent secret!

Gênée, je me retournais et m'approchais le matériel scientifique, feignant d'être intéressée par ces objets. J'entendis les pas de Jiyong se rapprocher de moi.

- Tu ne sais pas à quoi ça sert, je me trompe?

Sans même le regarder, je savais qu'il se retenait de rire. À contre cœur, je secouais la tête et lassais tomber mes bras.

- J'avoue que j'ai pas tout très bien suivi tout à l'heure quand la dame m'a parlé.

Nous rigolâmes pendant un moment.

- C'est cool que tu m'en veuilles plus pour l'autre fois... Je préfère quand on s'entend mieux comme ça.

- Je croyais que j'étais une personne horrible, me taquina-t-il.

- J'ai jamais dit ça! C'est toi qui étais en colère contre moi! m'exclamais-je.

- Et la faute à qui? répondît-il, un air de défi dans la voix.

- Je te signale que j'avais pas le choix ok? C'était soit je gardais ces foutus cookies, soit je crevais la dalle! m'indignais-je, un sourire aux lèvres.

- Ok ok, mais t'aurais pu voler quelque chose de plus nutritif quand même!

- Je vois que M. Kwon Jiyong ne peut décidément pas mettre sa fierté de côté.

Il acquiesça en me souriant et se laissa glisser dos au mur en fermant les yeux. Je fis de même, sentant que la fatigue arrivait. Les minutes passaient en silence, nous offrant comme un instant de repos au milieu de cette nuit emplie de tristesse et de nostalgie.

- Dis Saejin, ils étaient comment finalement?

- De quoi?

- Les cookies.

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A & J

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