Lost Love

Chapitre 29

Jeudi 20 octobre 2016

17h30

Je me décide enfin à rentrer. Je passe le portail et entend quelqu'un sauter dans la piscine juste à côté. J'abandonne la valise devant la porte d'entrée et longe le mur de la maison pour descendre les quelques marches qui me séparent de la grande terrasse. Une nana est là, tranquille, en train de nager. Elle tourne la tête et me voit, alors elle sort de l'eau. Elle attrape sa serviette posée sur un transat à côté et s'approche de moi.

La Fille : Salut.

Moi : Euh... Salut.

La Fille : Tu es Mélissa ? Je te reconnais, tu as fais la une des journaux américains à embrasser Jared à l'aéroport le mois dernier. Je suis Valery Kaufman.

Elle me tend la main, mais je ne lui serre pas.

Moi : Moi aussi, je sais qui tu es. Jared m'a parlé de toi.

Valery : Oui, c'est normal, entre Jared et moi, c'est une grande histoire... plutôt chaude si tu vois ce que je veux dire !

Moi : Pourquoi tu es là ?

Valery : J'habite à New York. Quand je fais des shootings à L.A., je préfère venir ici. Les hôtels, c'est tellement... Impersonnel. C'est d'ailleurs pour ça qu'il m'a donné ses clés.

Moi : Il te les a donné avant même qu'il ait ses cheveux verts. Pour dire si ça date ! Il a passé les deux dernières années à essayer de les récupérer.

Valery : C'est ce qu'il t'a dit ?

Moi : Oui.

Elle explose de rire.

Moi : Et j'ai aucune raison de ne pas le croire.

Valery : Qu'est-ce que tu peux être naïve !

Moi : Peut-être, quoiqu'il en soit, ça m'étonnerait qu'il sache que tu squattes encore chez lui en son absence, tu ferais mieux de partir.

Je lui tourne le dos et ouvre la grande porte vitrée pour entrer dans le studio. Je commence à chercher ma clé USB mais Valery me rejoint. La serviette autour de la poitrine, les cheveux mouillés, elle n'est pas maquillée mais est d'une beauté à couper le souffle. En plus, elle est plus grande que moi, malgré mes talons hauts. Et tellement plus mince aussi ! Je me sens grosse et moche à côté de cette fille parfaite. Mais inutile de lui faire remarquer mon manque de confiance face à elle, même si au fond, elle doit bien le sentir.

Valery : J'étais avec Jared en Espagne en juin dernier. Il te l'a dit ?

Moi : Non. Mais je vois pas en quoi ça me regarde.

Valery : Le jour où il est arrivé, il a commencé à me parler de sa rencontre en Italie avec une jolie petite française. Pourtant, le soir même, il était dans mon lit.

Moi : Pfff, c'est n'importe quoi.

Valery : Ah oui ? Il a dû faire comme avec toi, il m'a fait de jolies déclarations, et à la fin de la semaine, il m'a trahit à moi aussi. Il a couché avec ma copine Elena Kavinsky.

Moi : Mais tais-toi ! Tu mens. Il m'a dit que tu le harcelais, tu le gonfles, il m'a fait lire des mails où tu le lâchais pas, il en peut plus de toi, il a pas pu partir en vacances avec toi, tu lui fais peur !

Valery : Ah oui ? Alors j'ai quelque chose à te montrer qui devrait te plaire.

Elle sort du studio d'un pas rapide. Tout se bouscule dans ma tête et je n'ose plus bouger. Jared me l'a dit, elle est folle, elle ne veut que me manipuler. Elle revient, son téléphone dans la main.

Valery : Regarde !

Elle me le tend et fais défiler les photos. Je vois Jared et elle, côte à côte sur une plage, avec deux mecs et quatre filles autour. A chaque nouvelle photo, ils paraissent plus proches. Jusqu'à celles où ils s'embrassent. Je ferme les yeux.

Valery : Inutile de te préciser que c'est le T-shirt que TU lui as offert, je pense que tu l'avais reconnu ! Je peux pas faire mieux pour tu me crois !

FLASHBACK

Mercredi 22 juin 2016

2h10

Milan

Nus sous un simple drap dans le lit de la chambre d'hôtel de Jared, je me rends compte que c'est maintenant ou jamais pour lui offrir son cadeau, demain soir, je suis à Paris. Je me lève brusquement, en nouant le drap autour de ma poitrine.

Jared : Tu fais quoi ? J'ai froid !

Moi : Ça fait trois jours que j'ai une surprise qui t'attends. Il est temps de te la donner !

J'avance vers le salon et récupère le sac cadeau devant la porte d'entrée. Quand je reviens dans la chambre, il me regarde, dans le plus simple appareil, sûr de Lui comme à son habitude.

Jared : La vue te plait ?

Moi : Mmh mmh !

Il me sourit, fier. Je m'approche et m'assoit à côté de Lui.

Moi (tendant la poche) : Tiens, c'est pour toi. Pour te remercier pour... Pour tout ça.

Jared : Merci !

Il ouvre lentement et déplie le t-shirt une fois sorti de son emballage.

Jared : Il est magnifique, merci beaucoup ! Mais... Hugo Boss... Alessandro fera la gueule à mort si je le porte en public !

Moi : Ouais, je me doute. Mais il m'a fait penser à toi. Quand tu étais leur égérie, il y avait ta photo en grand sur un abribus en bas de chez moi, et j'ai passé des heures à te mater avant même de savoir qu'un jour, j'aurais la chance de me retrouver dans le même lit que toi...

Jared : C'est tellement mignon...

Son visage s'approche du mien et ses lèvres rencontrent les miennes.

FIN DU FLASHBACK

Je rouvre les yeux et la regarde. Elle sourit. Salope.

Valery : Va voir sur l'Insta de Elena Kavinsky, elle a posté des photos de lui aussi. Tu verras que tout ce que je t'ai dit est vrai.

Je rassemble toute mon énergie pour ne pas m'écrouler devant elle. Ça lui ferait trop plaisir. J'arrive même à lui sourire.

Moi : Je crois que ça sera pas nécessaire. En revanche, il serait temps que tu partes.

Valery : Je monte chercher mes affaires et je m'en vais. Mais réfléchis à tout ça. Il s'en fiche pas mal de toi aussi. Arrête de rêver.

Je la regarde partir et m'écroule sur le canapé du studio. Ce n'est pas possible. S'il avait fait quelque chose comme ça, il m'en aurait parlé. Il m'appelait déjà régulièrement quand il était en Espagne. Je m'allume une cigarette que j'éteins après seulement deux taffes tant j'ai envie de vomir. Elle me dit n'importe quoi cette idiote. Mais peut-être pas. Je n'ai pas rêvé, elle l'embrassait bien sur les photos qu'elle m'a montré. Je sors mon téléphone, et me connecte à Instagram. Je tape le nom de la mannequin que Valery m'a donné tout à l'heure. Je fais défiler quelques-unes de ses photos, et tombe sur une, où elle pose fièrement avec le pull "Who the f#%k is Bartholomew Cubbins?" et je n'ai pas besoin d'en voir plus pour comprendre que cette image n'est pas là par hasard.