Chapitre 77

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Vendredi 7 avril 2017

22h00

Je suis sur la scène, devant plus de 1000 personnes. Ce soir, on joue à Rouen, au 106. J'adore parler avec le public, poser pleins de questions, et l'entendre me hurler les réponses. J'adore voir leurs sourires et leurs lèvres bouger en même temps que les miennes. Chaque concert est un arc-en-ciel d'émotion, et c'est ce qui est vraiment extraordinaire.

On en arrive au moment de mon premier single. L'ambiance est à son comble, les gens crient, et j'ai envie de crier avec eux tellement c'est prenant, mais moi, je dois chanter. Jusqu'au moment où je fais un tour sur moi-même, et quand je me retrouve face au public à nouveau, je m'arrête mais ma tête tourne encore. Ma vision se brouille et je sens que mes jambes ne supportent plus mon poids.
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Je me réveille sur le canapé beige de ma loge. Le premier regard posé sur moi que je croise est celui de Simon.

Simon : Mélissa, tu m'entends ? Ça va ?

Moi : Oui, je crois... Que s'est-il passé ?

Chloé : Tu as fait un malaise en plein milieu du concert...

Moi : Ah, oui, je me rappelle, ma tête s'est mise à tourner... Et puis plus rien.

J'essaie de me redresser mais Simon m'en empêche.

Simon : Tu fais quoi là ?

Moi : Bah je me lève...

Simon : Non, tu attends les pompiers, et tu te reposes. Tu sais quand même que tu remonteras pas sur scène ce soir ?

Moi : Pourquoi ? Si ça va mieux, si les pompiers sont ok ?

Simon : Mel, ils sont déjà en train d'évacuer la salle...

Moi : Quoi ? Mais c'est horrible, on peut pas faire ça aux gens ! Ils ont payé pour voir un concert en entier ce soir !

Simon : Il seront sûrement remboursés, te prends pas la tête pour ça, repose-toi juste.

Simon quitte la pièce et Léo arrive, suivi de près par deux jolis pompiers. Avec Chloé, on se regarde en souriant, on se comprend.

Après quelques petits examens rapides, ils en concluent que ce n'est qu'un malaise vagal, et qu'il n'y a rien de préoccupant. Ils me proposent de m'emmener faire des examens plus poussés dans un hôpital, ce que je refuse catégoriquement. D'abord parce qu'ils savent déjà que ce n'était qu'une simple chute de tension, et aussi, parce que les hôpitaux me font peur.

Lundi 10 avril 2017

11h00

Simon a préféré annuler mes concerts de ce week-end, et on est rentrés sur Paris. J'avais pour ordre le repos absolu. Heureusement que Chloé et Biscotte étaient là.

Ce matin, j'ai rendez-vous avec le boss de ma maison de disque. Je déteste ça, c'est encore plus stressant que de monter sur scène devant des milliers de personnes. Chloé m'accompagne, elle est prête à faire grève s'il faut, même si on ne sait pas du tout de quoi il s'agit.

Encore dans cette maudite salle d'attente, la dernière fois, en la quittant, j'en voulais à mort à Jared. Mais maintenant qu'on est marié, je ne laisserais personne ici le dénigrer, pas même le big boss !

Secrétaire : Mademoiselle Santiago ? C'est à vous !

Ce n'est pas la même que la dernière fois. Je me lève et lui souris en lui passant devant. Je franchis la double porte qu'elle referme derrière moi. Au fond de la pièce, assis à son bureau, le boss me regarde m'approcher lentement. Simon est là aussi, debout, à côté de notre grand PDG.

Boss : Mademoiselle Santiago, asseyez-vous, je vous en prie.

Je le remercie et m'exécute.

Boss : Si je vous ai convoqué, c'est pour vous informer que la suite de votre tournée est annulée.

Moi : Pardon ?

Simon : Ça t'étonne ? Vraiment ?

Moi : Bah oui ! La tournée se passe super bien, les salles sont presque toutes pleines, les concerts ont l'air de plaire aux gens, alors pourquoi ?

Simon : A cause de ton comportement sur les routes. Mel, rends-toi compte, tu manges rien et ce depuis le tout début. Tu as besoin de 20h de sommeil par jour, je suis désolé mais ton malaise de jeudi dernier n'avait rien d'anodin.

Moi : Alors vous allez me punir à cause de ça ?

Boss : Vous ne devez pas le prendre comme une punition.

Simon : Tu sais, ça nous fait perdre beaucoup d'argent ces annulations à nous aussi. On y perd énormément, sans parler des interviews sur les radios et journaux locaux des villes où tu ne passeras finalement pas.

Moi : Ça vous fait perdre de l'argent, à moi aussi, et j'ai pas de fin à ma tournée, en gros, ça arrange personne, alors je comprends pas la décision en fait.

Boss : La raison officielle de votre malaise sur le devant de la scène, c'est le surmenage. Quel genre de maison disque on serait si malgré la fatigue, on vous obligeait à terminer la tournée ?

Moi : On a déjà perdu 2 concerts, vendredi et samedi dernier. J'ai presque eu une semaine de repos, c'est bon !

Boss : Ecoutez, c'est pas contre vous, mais on ne peut pas prendre le risque d'un nouveau malaise.

Moi : Mais y'en aura pas, je vais très bien !

Simon : Mel, on a tous remarqué que quelque chose allait pas. Je sais pas d'où vient vraiment cette crise d'anorexie mais à mon avis, tu dois être en carence de tout plein de choses !

Moi : Tu te prends pour mon nutritionniste maintenant ?

Simon : Non, je suis ton manageur, et je t'explique simplement les raisons pour lesquelles j'ai pris la décision d'annuler ta tournée.

Moi : Et je peux rien faire pour changer ça ?

Simon : Les salles de concerts et les organisateurs ont déjà tous été prévenu ce matin. C'est déjà officiel.

Moi (ironique) : Génial. Merci.

Boss : Pour l'instant, on est en train de voir pour reporter les concerts à cet automne. Mais rien n'est encore définitif.

Moi : C'est déjà ça.

Simon : Mais ça sera à la condition d'aller voir un médecin et de faire tous les tests nécessaires pour remédier à ta fatigue.

Moi : C'est juste le stress, je vous l'ai déjà dit !

Simon : T'étais pas aussi ko sur les précédentes tournées, y'a autre chose !

Moi : Et cette autre chose, pour toi, c'est de l'anorexie, et Léo pense que c'est la dépression parce que Jared est loin. Pffff, vous êtes vraiment ridicules.

Je me lève rapidement et quitte le grand bureau sans aucune formule de politesse. Je suis vraiment énervée, j'adore pourtant Simon mais je lui en veux trop pour cette stupide décision.

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