Chapitre 50

158 12 9
                                    

Jeudi 5 janvier 2017

12h45

Après avoir traversé des couloirs, monté et descendu des escaliers, et marcher encore, on arrive enfin à une cuisine. Un vieux carrelage rouge, des meubles droits vert foncés, tout ça n'est pas très design. On s'installe sur une table en bois au bout de la pièce.

Jared : Tu as faim ?

Je hoche la tête de droite à gauche. Evidemment, c'est un mensonge, je meurs de faim, mais je ne pourrais rien avaler, et je n'ai pas envie de m'attarder. Il se lève et sort une chose non identifiée de son réfrigérateur qu'il commence à déguster.

Jared : Elle te plaît ma nouvelle maison ?

Moi : Non. Et y'a un truc malsain ici.

Jared : Je trouve ça très reposant moi.

Moi : Je crois que même pour 3 millions de dollars, je ne passerais jamais une nuit ici.

Jared : Alors tu as bien fait de briser nos fiançailles.

Il dit ça sur un ton tellement naturel que je ne sais pas quoi répondre. Le silence devient presque gênant, et si ce n'était pas pour essayer de sauver ma carrière, je me serais probablement enfuie.

Jared : Tu as passé de bonnes fêtes sinon ?

Moi : Jared, s'il te plaît, j'ai pas envie de parler de ça. Dis-moi ce que je peux faire pour que tu retires ta plainte.

Jared : Rien...

Il souffle.

Jared: Je vais le faire.

Moi : Sérieusement ?

Jared : Oui.

Je fronce les sourcils. Je n'arrive pas à savoir s'il est réellement sérieux. Il lève les yeux de sa nourriture peu appétissante et voit que je m'interroge.

Jared : Tu as raison. Je ne tiens pas à ce que tu me détestes. Parce que je sais maintenant que tu m'aimes toujours.

Moi : Mais je n'aime pas la vie que tu as à m'offrir.

Jared : Qu'est-ce que tu en sais ?

Moi : J'ai passé les meilleurs moments de ma vie à tes côtés, mais aussi les pires.

Jared : Je suis désolé que tu l'ais aussi mal vécu.

Moi : C'est pas vraiment ta faute. On est juste trop différent. Et puis, ça sert à rien de ressasser tout ça. Plainte ou pas, je ne reviendrais pas avec toi.

Jared : Pourtant, tu meurs d'envie de m'embrasser.

Moi : C'est vrai. Mais je ferais rien.

Jared : Parce que tu es avec quelqu'un d'autre. Je sais.

Moi : Finalement, j'ai faim. Je sais que c'est plus l'heure, mais j'ai très envie de goûter à tes pancakes vegan dont j'ai beaucoup entendu parler.

Il se lève et commence à sortir un saladier et tous les ingrédients nécessaires pour ses fameuses petites crêpes américaines. Je le regarde faire, et on commence à se raconter nos vies, comme avant, mais les bisous en moins.

On se raconte nos fêtes de fin d'année. Lui à L.A., moi dans les Alpes et à Paris. Nos vies sont d'une banalité affligeante. Il bosse dur pour son prochain album et n'avance pas sur son projet de film sur Andy Warhol. Je lui raconte la promo de mon album et la future tournée, ainsi que mon manque d'inspiration pour la suite. Lui va tourner avec Muse à partir de mai dans tous les Etats-Unis après s'être programmé quelques escapades en montagne.

Je me lève et me rapproche de Lui. C'est difficile de l'avoir à porter de main sans pouvoir le toucher. Il est comme un aimant. Mais il profite de ma proximité pour m'envoyer de la farine dessus, tel un gros gamin. Je suis choquée par son geste si enfantin. Je me prépare à faire de même en piochant une grosse poignée de farine, mais il m'attrape le bras, et essaie de me bloquer l'autre. J'entends son rire qui résonne dans mes oreilles, il n'y a rien de plus beau que ce son. Je me rends compte que je suis collée à Lui et que je ne peux plus bouger. On se regarde et d'un coup, cette mauvaise sensation que je ressens dans sa maison depuis mon arrivée s'est transformée en une tension sexuelle irrésistible. Nos visages se rapprochent et au moment où nos lèvres se touchent presque, mon téléphone sonne. Je reprends mes esprits et Jared me lâche. Je me dirige vers la table où mon portable est posé, et m'aperçois que c'est Tom qui m'appelle. Peut-être un signe.

Moi : Salut Tom. Comment tu vas ?

Tom : Ça va et toi ?

Moi : Ça va merci. Jared va retirer sa plainte. Il ne devrait y avoir aucune vague.

Tom : Ah, tant mieux. Tu vas pouvoir rentrer vite alors ?

Moi : Oui... Il faut que je regarde les billets, je vais appeler mon assistante qu'elle s'occupe de ça.

Tom : Il me tarde que tu rentres. J'avais pas de nouvelles, j'étais un peu inquiet.

Moi : Il faut pas. Tout va bien. Mais je dois te laisser par contre. Je t'appelle plus tard. Je t'embrasse.

Je raccroche et me tourne vers Jared. Il a reprit la préparation de sa pâte à pancakes, et même si je ne le vois que de dos, je sens qu'il n'est pas content.

Jared : Tom... C'est lui ton nouveau mec ?

Moi : C'est lui.

Jared : J'espère qu'il s'occupe bien de toi. Il faut laisser reposer la pâte, après on pourra les faire cuire. Je vais prendre une douche.

Je le regarde sortir de la cuisine. Quelques secondes après, j'en sors à mon tour pour trouver un chemin qui me mènera dehors pour me fumer une bonne cigarette. J'aurais dû le savoir que ça allait mettre le bordel dans ma vie de Le revoir. Je suis aussi paumée dans ma tête que dans cette maison.

Je trouve enfin l'accès à la terrasse, qui donne sur une immense piscine. Enfin quelque chose de joli dans cette horrible ancienne base militaire. Je m'installe sur une chaise devant une grande table, et m'allume une cigarette en écrivant un sms à Sasha pour lui expliquer mon voyage à L.A. et à Chloé pour lui demander de me rapatrier à Paris assez rapidement, mais peut-être pas trop quand même...

Lost LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant