Chapitre 36

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Dimanche 27 novembre 2016

12h20

Aéroport Haneda de Tokyo. Je suis avec Christelle, qui est sûrement la personne que je déteste le plus au monde après Valery Kaufman. On a quitté Roissy à 16h, et 12 heures plus tard, on arrive à midi, les décalages horaires me donnent mal à la tête.

Christelle : Et au fait, tu en es où de ton album ?

Moi : Il est terminé. Enfin ! Ils vont faire une image par ordi pour la pochette du single, et on passera à la séance photo pour la jaquette de l'album avant Noël et voilà. Je suis contente que tout ça soit bientôt fini.

Christelle : Ouais, tu m'étonnes, la vie de star de la musique, je comprends que ça soit difficile à vivre.

Elle dit ça sur le ton de l'ironie. C'est la dernière ligne droite pour la campagne du parfum aussi, plus que quelques jours à la supporter et elle ne sera plus qu'un mauvais souvenir elle aussi.

Christelle : Tu vas t'ennuyer sans tout ça. Plus d'album à faire, ni de spot publicitaire... Tu pourras devenir le parfait petit toutou à ton Jared Leto. J'espère que ça ne le lassera pas !

Moi : J'ai toute la promo de l'album et la tournée qui va suivre à gérer. Je serais pas en permanence dans ses pattes !

Christelle : C'est ce qu'on verra. J'ai entendu dire que tu as donné beaucoup de fil à retordre à ta maison de disque avec ta pseudo histoire d'amour. A mon avis, ils te garderont pas pour un prochain album.

Moi : Possible. Mais c'est pas votre problème.

Christelle : C'est vrai. Pour rien au monde j'aimerais être ton assistante à temps plein ! Quoiqu'il en soit, je te rappelle le programme. On dépose les affaires à l'hôtel, ce soir, on dîne avec l'équipe, demain matin, on attaque le tournage pour les trois prochains jours, et jeudi, on rentre à Paris.

Moi : Ok.

Christelle : Jared est au Japon aussi, non ? C'est dommage, tu es overbookée, tu n'en profiteras même pas.

Au moment où elle dit ça, je Le vois. Il est là, au milieu des gens qui attendent avec impatience les autres passagers. Il ne m'avait pas dit qu'il viendrait me chercher, c'est une belle surprise. Je me mets bêtement à sourire.

Moi : Ouais, c'est tellement dommage. Il va falloir que je donne tout cet après-midi et cette nuit pour profiter de Lui alors. J'espère que je n'aurais pas d'atroces cernes sur le tournage, c'est votre boulot de veiller à ce que j'ai bonne-mine, pas vrai ? Ça risque d'être loupé pour demain matin...

Fière de moi, j'accélère le pas et me jette dans les bras de mon homme. Enfin, on est en train de vivre des retrouvailles au top. On ressemble juste à deux personnes folles amoureuses qui se retrouvent au milieu d'un aéroport. La banalité nous va tellement bien ! Je l'embrasse, il n'y a plus que Lui et Moi qui compte. Même si Christelle ne pouvait pas s'empêcher de venir tout gâcher.

Christelle : Mélissa, il faut qu'on y aille.

Je me retourne vers elle pour la foudroyer du regard en premier lieu, et la présenter à Jared ensuite. Il lui sert la main, et nous invite à nous diriger vers la sortie.

Dehors, le paysage est blanc. Il a neigé ces derniers jours, ce qui est exceptionnel si tôt dans ce pays. Je ne sais pas si l'équipe de Zadig & Voltaire le savait mais ça tombe à pic. Avec Alex, on va courir dans de la vraie neige pour le mini film, je pense qu'on va autant rire que glisser et tomber !

Jared nous emmène à son taxi, et Christelle fait la tête, je ne sais pas trop pourquoi mais je m'en fiche. Elle, elle monte devant, à côté du chauffeur, sage décision. Dans le véhicule, on fait comme si elle n'était pas là, je la vois bouillir sur son siège.

Moi : Tu es à quel hôtel ?

Jared : Je n'ai pas pris de chambre. Je viens d'arriver, j'étais à Osaka pour mon film, je repars demain...

Moi : Oh, c'est trop nul !

Jared : Oui, mais je serais de retour mercredi soir pour passer une dernière nuit à Tokyo avec toi, et on ira à Paris le lendemain.

Moi : D'accord. C'est pas si mal... Mais pourquoi tu es là alors ?

Jared : Je t'avais promis d'être là à ton arrivée... Je voulais pas que le changement de programme de mon planning m'empêche de tenir cette promesse !

Moi : Oh ! Tu tiens ton rôle de fiancé bien à cœur on dirait !

Jared : T'as pas idée ! J'ai pas envie que tu crois à nouveau que je prends notre histoire à la légère.

Moi : J'arrête pas de me dire qu'à un moment, je vais finir par me réveiller. Tout est si parfait en ce moment.

Je profite du fait que Christelle ait eu la bonne idée de s'installer à la place du mort pour m'étendre sur toute la banquette, la tête sur les jambes à Jared. Il commence à me caresser les cheveux.

Jared : Il me tarde de me retrouver seul avec toi.

Moi : Et moi donc ! Mais j'ai un repas avec l'équipe ce soir. Je serais obligée de t'abandonner une heure ou deux...

Jared : Ok. C'est dommage, j'aurais bien aimé qu'on se fasse tout monter dans ta chambre pour ne pas quitter ton lit !

Moi : Ça aurait été super ! Mais si je veux pas que l'autre devienne dingue, je vais faire ce qu'elle me dit.

Jared : C'est ton assistante. C'est le contraire normalement.

Moi : C'est pas mon assistante, elle est trop insupportable. Je te présenterais la vraie à Paris.

Je commence à me plaindre de Christelle, à la critiquer comme jamais, Jared m'écoute. Après une heure de route au ralenti à cause des intempéries, on arrive devant notre immense hôtel, le Metropolitan Tokyo Marunouchi. Jared se met à rire.

Jared : J'étais justement dans cet hôtel avant de quitter Tokyo pour Osaka. Ils ont de supers lits...

Il me fait un grand sourire sensuel que je lui rends, amusée. On descend de la voiture. Christelle me fusille du regard. Elle me fait presque peur, j'attrape la main de Jared et la sert.

Christelle : J'avais commandé un taxi moi aussi.

Moi : C'est pas très grave.

Christelle : Nan, mais c'est mon boulot de gérer ce genre de choses. Comme ton mec l'a dit, je suis l'assistante.

Moi : Comme mon mec l'a dit ?!

Je commence à comprendre les éclairs qu'elle a dans ses yeux...

Christelle : Tu n'es pas la seule à comprendre bien l'anglais...

Oups !

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