Chapitre 44

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Samedi 24 décembre 2016

22h00

Dans le chalet de vacances de ma famille à Valencogne, le repas est très long et nous n'en sommes encore qu'au plat de résistance. Dire qu'il va falloir attendre minuit pour ouvrir les cadeaux... Je suis super pressée ! Evidemment, je ne mange pas de viande, je mets moins de temps que tout le monde pour terminer mon assiette. Je m'exile dehors, le temps de fumer une cigarette.

Sur le grand balcon derrière la cuisine, il n'y a aucun bruit. Au milieu de la campagne, entourée par ma famille, c'est un vrai bol d'air. Loin de tous mes tourments amoureux. On s'envoie quelques textos avec Tom, lui aussi est à un repas de famille ce soir. Mais Jared est toujours dans ma tête. A me retrouver loin de tout, j'avoue que je pense beaucoup à Lui et qu'il me manque. Comme je suis dans les Alpes, je me dis qu'il aurait eu matière à escalader ici, et qu'il aurait adoré ça. Au milieu des champs que je ne vois même pas tant la nuit est sombre, je suis bien plus apaisée qu'à Paris, et j'ai envie de l'appeler Lui, et maintenant. Au moins pour le remercier pour son joli cadeau.

Quand il décroche, mon cœur ne saute pas un bond comme à son habitude. Je me sens juste bien au son de sa voix.

Jared : Salut Mélissa. Je suis content que tu m'appelles.

Moi : Je me voyais pas vraiment ne pas te remercier pour le joli sac.

Jared : Tu vois, Alessandro n'a pas que des mauvais côtés.

Moi : J'ai jamais pensé ça. Je le trouve extraordinaire même.

Jared : Alors pourquoi tu es partie ?

Moi : Simplement à cause de Toi. De ton comportement aussi. Et de moi qui ne supportait plus tout ça.

Jared : J'ai besoin de toi à mes côtés. S'il te plait Mel, reviens.

Moi : Ton cadeau, il me touche beaucoup parce que ça prouve que tu me portais encore un peu d'intérêt même quand il y avait Alessandro. Je pensais pas que tu aurais percuté que j'étais tombé amoureuse de ce sac quand je l'ai vu au showroom.

Jared : Tu vois, tu penses mal. Bien évidemment que mes sentiments ne changent pas, qu'Alessandro soit là ou non. Je suis amoureux de toi, c'est pas un jour sur deux ou selon mon humeur ou la tienne.

Moi : On va peut-être pas repartir là-dessus. Tu connais mon point de vue et je connais le tien, ça sert à rien de se disputer pour ça.

Jared : C'est juste important que tu comprennes que tu étais bien évidemment ma priorité quand j'étais à Paris, même si tu as eu une impression différente.

Moi : D'accord, mais c'est plus vraiment important maintenant.

Jared : Tu as rompu nos fiançailles pour une raison qui n'existe pas, je pense au contraire que c'est important de régler ça.

Moi : Je sais pas trop ce que tu cherches mais je suis désolée Jared, je reviendrais pas sur ma décision.

Jared : C'est quoi le vrai problème en fait ?

Moi : Tu n'es pas réellement disponible en fait. Tu n'as qu'une petite partie de ta vie à offrir à une femme, et ça me convient pas.

J'entends la respiration de Jared au bout du fil, je crois que ça l'énerve, il met beaucoup de temps à répondre.

Jared : C'est toujours la même chose. Il vous en faut toujours plus.

Moi : De quoi tu parles ?

Jared : A chaque fois, c'est toujours les mêmes excuses. Avec toutes.

Moi : Si c'est toujours pareil, alors pourquoi tu te remets pas en question Toi ? Le problème ne vient peut-être pas de nous... Peut-être que les nanas ont juste besoin de plus d'attention que tu n'es capable de leur en apporter. En tout cas, c'est vrai pour moi. Et c'est pas ma faute, ni la tienne, c'est juste comme ça.

Jared : Me laisse pas...

Moi : Tu as bien réussi à faire ta vie sans moi ces trois dernières semaines. Tu peux t'en sortir !

Jared : J'essayais juste de respecter ta décision. Mais ça n'avait rien de facile de ne pas t'appeler ou t'écrire.

Moi : Mouais. Quoiqu'il en soit, sache que ça n'a rien de facile pour moi non plus. Mais ma décision reste la même, toi et moi c'est terminé. Passe de bonnes fêtes malgré tout. Au revoir.

Je raccroche. Je me rends compte que j'ai fait machinalement les cents pas sur le grand balcon, il y a mes traces de pieds dans la fine couche de neige qui recouvre le béton. Je me dirige vers l'escalier qui emmène au grand jardin, et me laisse tomber sur la marche la plus élevée. Je m'allume une cigarette, encore. Mon cousin me rejoint et s'installe nonchalamment à côté de moi, les fesses dans la neige aussi.

Fabien : Tout va bien ? On a vu le moment où tu allais venir accompagnée de Jared Leto.

Moi : Ouais, à un moment, j'y ai cru aussi.

Fabien : Je suis désolé pour vous.

Moi : C'est gentil. Toi, ça a l'air de plutôt bien marché avec Hayet. Je suis contente pour vous ! Ça fait quoi, cinq années d'affilées que tu nous la ramènes, c'est top !

Fabien : On a même emménagé ensemble à Grenoble le mois dernier.

Moi : Oh ! Je savais pas ! Félicitations, je pensais pas que ça pouvait arriver à nos âges encore...

Fabien : J'ai deux ans de moins que toi, peut-être que la chance en amour a sauté ta génération !

Moi : Oui, moi je suis maudite. Dire que ma sœur s'est marié l'année dernière, et que moi, j'ai jamais vraiment vécu avec un garçon...

Fabien : Faut dire qu'elle a trois ans de plus que toi... Et tu as aussi une vie bien différente de celui du commun des mortels, et tu as des milliers de fans à gérer et à ne pas décevoir.

Moi : Tu veux dire que tu trouves que j'ai pris la grosse tête ?

Fabien : Non, pas du tout ! Je veux dire que c'est pas forcément ce qu'il y a de plus facile de s'investir à fond dans une relation avec une vie à 2000 à l'heure. Si un jour, j'avais l'occasion de sortir avec une star de la chanson, je pense pas que je l'aurais supporté. T'es pas chez toi la majorité du temps, c'est difficile de se poser avec autant d'instabilité.

Moi : C'est bizarre que tu me dises ça. C'est exactement ce que j'ai reproché à Jared, c'est la raison pour laquelle j'ai préféré arrêter avec Lui.

Fabien : Alors c'est peut-être hypocrite sachant que vous avez un peu la même vie... C'est dommage. Tu devrais réfléchir à tout ça à tête reposée. Mais pas pour le moment. On va manger de la bûche et boire du champagne ?

Moi : Carrément !

On écrase nos cigarettes avant de rejoindre le reste de la famille à table.

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