Lost Love

Chapitre 51

Jeudi 5 janvier 2017

13h50

Shannon me rejoint sur la terrasse, un café à la main et une cigarette dans la bouche. Il s'installe en face de moi, pose sa tasse fumante devant lui, et me prend mon briquet pour allumer sa clope.

Shannon : T'es pas avec Jared ?

Moi : Il est allé prendre une douche.

Shannon : Vous allez vous remettre ensemble ? Il t'a pas redonné la bague ?

Moi : Non, c'est bel et bien fini.

Shannon : Alors je ne t'appellerais plus jamais belle-sœur.

Moi : Non.

Shannon : Et cette histoire de plainte alors ?

Moi : Il m'a dit qu'il allait la retirer. Ma mission s'arrête ici. Je vais pouvoir rentrer.

Shannon : Alors tu l'abandonnes encore ?

Moi : Comment ça ?

Shannon : Je sais pas, ça a l'air récurrent chez toi de partir comme une voleuse.

Moi : Mais de quoi tu parles ?

Shannon : Tu as toujours donné l'impression d'être assez perdue en ce qui vous concerne toi et lui.

Moi : C'est pourtant clair maintenant. Je me remettrais pas avec ton frère. J'ai un autre mec dans ma vie.

Shannon : Il m'en a parlé. Mais tu as quand même traversé un océan pour le revoir.

Moi : A cause d'une sale histoire. Ça m'a pas trop donné envie de me remettre avec Lui. Tu vois en fait, le truc avec Jared, c'est...

Une voix sort de nulle part.

Jared : Vous parlez de moi ?

Je me retourne et Le vois, en total look Gucci, les cheveux encore mouillés. Il a beau faire un ciel bleu magnifique, il fait seulement 10 degrés, il me donne froid.

Moi : Je lui disais que tu avais pris la bonne décision pour la plainte, et que j'allais pouvoir rentrer en France.

Jared : Retrouver ton super Tom... Tu repars quand ?

Moi : Je sais pas encore.

La conversation dévie entre les deux frères sur leur session en studio de la matinée. Leur album avance, je suis sûre qu'il sera génial. Ils me proposent ensuite d'aller écouter quelques morceaux, et on se dirige tous les trois vers le studio.

Comme prévu, les musiques sont supers. Et Jared est très sexy quand il parle musique. A ce niveau-là, on est tellement sur la même longueur d'onde... On parle beaucoup de l'industrie du disque, et des points communs et différences qu'il y a entre la France et les Etats-Unis. Il me parle d'un documentaire qu'il a tourné, produit et réalisé du nom d'Artefact, sur l'enregistrement de leur album " This Is War " pendant une guerre juridique avec leur maison de disque, et indirectement donc, sur le monde de la musique transformé en société boursière. Il date de 2012, mais tout cela m'intrigue.

18h00

Chloé m'a envoyé un message pour me proposer des dates de retour, et dimanche sera parfait, le jour où Jared part vadrouiller quelques temps dans un parc naturel et moi, je n'ai aucune obligation parisienne avant lundi. Je sais que ça fait long, mais j'ai envie de profiter de Lui et de la bonne entente qui règne entre nous en ce moment. Je ne suis pas sûre de le revoir un jour. Pourtant, je sens qu'il a encore tellement à m'apporter... Même si j'ai au moins eu le temps de goûter à ses supers pancakes vegans, qui n'ont en fait rien de super.

Samedi 7 janvier 2017

20h00

C'est ma dernière soirée à L.A., je rentre demain à Paris et Jared part escalader avec des amis à Lui. Peut-être aussi le temps des adieux avec ce mec tellement extraordinaire. Parfois dans la vie, on rencontre de ces personnes qui change la nôtre pour toujours, il a tellement à apporter au monde. Je suis très fière de tout ce temps passé avec Lui, même si ce sont mes derniers instants à ses côtés.

On a beaucoup bougé ces derniers jours, Los Angeles est une ville où il y a toujours quelque chose à y découvrir. J'ai évidemment lâché l'hôtel que je m'étais pris pour me faire héberger dans la maison hantée de Jared, dans une de ses innombrables chambres d'amis. Finalement, j'ai passé plusieurs nuits ici pour moins d'un dollar. C'est très bizarre de ne pas partager son lit sachant qu'il n'est pas loin d'ailleurs, mais je crois qu'on s'y fait. Ce soir, on passe la soirée tous les deux, on a prévu de rester tranquilles pour se préparer à nos dimanches qui s'annoncent peu reposant.

Jared : Ça te dit de se poser devant un film tranquillement ce soir ?

Moi : Oui carrément, c'est une bonne idée.

Jared : J'ai une salle de projection si tu veux.

Moi : Une salle de projection ? Comme dans un cinéma ? Dans cette horrible maison ?

Jared (riant) : Elle est trop bien ma maison !

Moi : Je veux voir cette salle ! Après le studio d'enregistrement, le cinéma chez soi. Monsieur ne se refuse rien !

Jared : Viens, suis-moi.

Je ne m'y retrouve toujours pas au milieu de ces 4000 mètres carrés que fait cette ancienne base. Toutes les pièces se ressemblent en plus, c'est difficile de ne pas se perdre. Après quelques minutes de traversée de pièce en pièce et de couloir en couloir, on arrive à cette fameuse salle de projection. Elle est immense, des petits carreaux blancs au sol, des murs blancs tapissés d'immenses fenêtres, un plafond blanc parsemé de nombreuses lampes entourant quelques puits de jour. Autour du fameux écran géant, il y a un grand matelas avec des oreillers, un canapé trop original et stylé pour être confortable, et..... une baignoire. Normal.

Moi (en riant) : Mais c'est pas une salle de projection ton truc, c'est carrément un baisodrome !

Jared : Tu crois ? Ça te donne tant d'idées que ça ?

Moi : Non, carrément pas, c'est un vrai piège à filles, je préfère même pas imaginer celles qui ont dû prendre leur pied à regarder un film ici.

Pour toute réponse, j'ai droit à son sourire pervers qu'il sait si bien faire.

Jared : Bon, tu veux regarder quoi ?

Moi : J'adorerais que tu me montres Artefact. J'ai très envie de le voir.

Jared : Je me regarde jamais à l'écran, je déteste ça.

Moi : Oh, s'il te plait, fait un effort, j'ai trop envie de voir ce que ça donne ! Ça m'intéresse vraiment ! Je suis sûre qu'il est super !

Après avoir bataillé une dizaine de minutes, il cède. Même s'il ne se passera rien, même si je prends l'avion demain pour ne probablement plus jamais revenir sur la côte ouest des Etats-Unis, même si je ne Le reverrais jamais, je sais que je vais passer une des meilleures soirées de ma vie.