Chapitre 19 - Le calme avant la tempête

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[FLYNN]

Je faisais maintenant les cents pas dans la chambre que j'occupais. Je ne pouvais pas penser à autre chose qu'à toute cette histoire. Le seul avantage que je voyais c'était que Dian était enfin sorti de sa phase Bella. C'était comme ça que je présentais la situation à ses amis. Deux d'entre eux étaient venu le voir car ils n'avaient plus de nouvelles de sa part depuis des jours. Je leur avais expliqué la situation et étaient tout simplement partis. Enfin, c'était ce que je croyais. Ils avaient appelé tous les jours depuis leur visite. C'était devenu insupportable.

Chose étonnante de ma part, genre vraiment, je l'avais laissé tranquille, tout seul à se morfondre, devant sa putain de baie vitrée. Et aussi parce que je l'avais mauvaise. Quoi ? Moi aussi j'avais un coeur. J'avais le droit d'être vexé et de me sentir mal aussi, ce n'était pas uniquement réservé aux imbéciles comme Dian Harlow.

Lui, il prenait tout ça avec un calme insolent alors que clairement, c'était grave. Mais pas pour monsieur, non. Monsieur avait juste décidé qu'il en avait marre de regarder par la baie vitrée. Un câlin à la pute de service et de retour sur les chemins de la vie !

J'avais envie de le frapper.

J'avais envie de lui faire du mal.

Il n'était pas normal, c'était évident.

Il devait être possédé. Ouais, c'était surement pas ça.

J'allais me faire virer putain.

Je me pris la tête entre les mains et m'allongeais sur le sol avec un gémissement bien audible et qui n'avait rien de sexy. J'étais dans la merde. J'étais pas chez Forbes moi. L'école allait me renvoyer. Je ne faisais pas de donations moi. J'étais pauvre. Déjà que j'avis dû donner de ma personne pour réussir à payer le tarif, alors qu'allais-je devoir faire pour garder ma scolarité ? Vendre des organes ? J'en avais besoin moi. Mais j'avais aussi besoin d'aller en cours. Je n'avais pas quitté le Texas pour devenir une prostiputain ! Et avec ma malchance du moment, ma mère allait le savoir et elle allait faire un arrêt cardiaque ! Mon père allait me déshériter. Ah non, ça, c'était déjà fait. Ma soeur... ah oui, elle ne m'adressait plus la parole de toute façon.

J'enlevai les mains de mon visage et et fis pinçai les lèvres. En fait, ce n'était pas si dramatique que ça. Vraiment pas... J'étais déjà sans famille. Le seul problème que j'avais, c'était l'école. Ce n'était pas grave si j'avais plus de travail. Je bossais encore au Rental de toute façon. Si ça se trouvait, Dian il connaissait des gens, non ? Peut-être qu'il pourrait m'arranger le coup !

Je me levai et me précipitai hors de la pièce, cherchant au passage le propriétaire des lieux, que je retrouvais, bien évidemment, dans la cuisine. A croire qu'il n'y avait que trois pièces qui l'intéressait dans cet appartement: le salon, sa chambre et la cuisine.

Il me tournait le dos. Je voyais son bras bouger vers le bas de son corps, ce qui était assez bizarre. Il faisait des gestes frénétiques qui vraiment, m'obligèrent à le juger. Il n'oserait quand même pas se branler dans ma cuisine tout de même.

« Dian, je peux savoir ce que tu fais ? »

Non, concrètement, il fallait que je lui pose la question. Et franchement son « Ce n'est pas ce que tu crois » lorsqu'il se retourna avec un torchon à la main ne l'aidait pas du tout.

Je le regardais tenter de s'expliquer en mimant et en bégayant. Je ne compris absolument rien de ce qu'il racontait. Je me contentais juste de croiser les bras et de le regarder avec un air dubitatif. Ce n'était pas ce que je croyais hein ...

— Mais puisque je te dit que c'est de la crème anglaise ! Crois-moi !

— Non. Certainement pas, lui répondis-je en tournant les talons. Je te laisse à ton activité...pâtissière. Je... reviendrais plus tard et surtout, nettoie. Bien. Frotte. Bien fort.

Je fis demi tour et allai m'installer dans un fauteuil et allumai la télé. J'avais très récemment découvert qu'il y en avait une derrière l'immense tableau qui trônait sur le mur du fond. Elle était devenue ma seule compagne pendant la dépression du propriétaire des lieux.

Dian déboula quelques instant plus tard, tout tâché de partout et furieux, pour changer. Je tentai de cacher mon sourire avec ma main, tentant en vain de paraître absorbé par le système d'arrosage du télé-achat. Il avait même plusieurs vitesses ! Ca avait l'air génial.

— C'était de la crème anglaise ! Arrête !

— Mmh mmh. Bien sûr. Non mais je te crois hein. De la crème anglaise... j'espère qu'elle était bonne quand même ? réussis-je à lui demander car c'était de plus en plus difficile de ne masquer mon hilarité.

— Tu devrais le savoir, c'est toi qui la faite !

— Ouais... il parait que je suis doué pour ça, dis-je avant d'esquiver le torchon qu'il avait en main. Beurk ! t'es dégueulasse vraiment !

Je l'esquivais de justesse. Il s'était jeté sur moi, le saligaud. Je ne me cachai plus alors pour lui rire à la gueule et m'enfuiyai à son approche. Ca s'est vite transformé en course poursuite. Il fallait dire qu'on avait de la place, hein, pour courir.

Je finis par le laisser m'attraper au bout d'une demi-heure de course poursuite. Je n'arrivais plus à rire et rigoler en même temps. Nous avions finit dans le couloir d'entrée, tous les deux allongés sur le tapis, essoufflés. Ca faisait du bien de l'entendre rire.

Il roula sur lui même et se hissa sur moi. Il posa la tête dans le creux de mon cou et commença à jouer avec mes cheveux. Je fermai les yeux, profitant juste de cet instant avec lui. Je devais bien avouer que ne pas le sentir contre moi, ou même lui parler m'avait pesé sur le système. En fait, avant qu'il se retranche dans sa pitoyable session de tristesse, je n'avais pas remarqué la place qu'il prenait dans mon espace. C'est en remarquant son absence que je m'étais rendu compte que je m'étais, un peu trop vit, habitué à sa présence.

Je tournai la tête et déposai un long baiser sur son front. « Tu m'as manqué Harlow ». Un simple petit aveu. Le seul que je m'autorisais. Le connaissant, ça allait devenir la nouvelle célébration de l'année.

Je le sentis se blottir plus contre moi. Il n'était pas léger, mais je ne voulais pas gâcher le moment. Pour une fois. Dans la tempête qu'était devenue nos vies, nous avions bien droit à un petit moment de calme...

Rental BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant