Chapitre 9

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- Tout le monde a bien compris ce qu'il devait faire ? demanda Molly

- Oui, répondirent-ils tous en cœur.

- Dans ce cas, allons-y !

Le groupe se scinda alors. Tandis que Raya et Molly se dirigeaient vers le téléphone, Bourdu, Mathilda et les chats prirent la direction du lycée. L'établissement était désert, Luna et Artémis sautèrent sur le toit, cherchant une ouverture, par chance une fenêtre du premier étage avait été entrouverte. « Ca évitera d'avoir à en briser une » pensa Luna. Ils ouvrirent une porte, et le petit groupe se dirigea vers le secrétariat où étaient rangées les adresses et le double des clés de tous les professeurs. En effet, bien que doutant que Bunny soit enfermé chez Lucas, la police avait en plus fouillé la maison, il devrait y avoir des indices indiquant où il devait la garder prisonnière.

- C'est bon, s'exclame Mathilda, je les ai, on peut y aller dès qu'on ira reçu le signal.

- Non !

- Quoi ?

- J'irai seul !

- Mais on avait décidé de ....

- Oui, oui, je sais mais je serai plus discret, on risque de nous repérer si on y va à plusieurs. Et aussi, si la police devait arrêter quelqu'un pour cambriolage, il vaut mieux que je sois le seul.

- Je...Je... tu as raison.

- Vas avec Marcy, vous serez plus efficace à deux.

- Et nous ? demandèrent Luna et Artémis.

- Vous ferez, comme prévu, le guet dehors où cas où Molly et Raya échoueraient.

Une fois devant le bâtiment, Mathilda sera Bourdu dans ses bras.

- Bonne chance. Et elle courut rejoindre Marcy.

Pendant que Bunny et Mathilda entraient illégalement au Lycée, Molly et Raya sonnaient à la porte de Lucas, ce dernier tardait à ouvrir.

- Et s'il n'est pas là ? tout va tomber à l'eau !

- Calme-toi Raya, s'il faut qu'on reste devant sa porte toute la journée, on y restera.

Mais la porte finit par s'ouvrir sur Lucas qui s'efforçait d'avoir la tête d'un homme affligé.

- Bonjour M. Lucas, excusez-nous de vous déranger, dit Molly.

- Ce n'est rien, mais...je vous reconnais ! Vous êtes des amies de Bunny.

- Oui, et nous allions avec plusieurs de ses amis au temple où je suis prêtresse, nous allons prier tous ensemble pour Bunny.

- C'est une bonne idée mais je ne vois pas...

- Nous aimerons que vous veniez aussi !

- Mais je ne suis pas sur que...

- Nous savons que vous aussi vous l'aimez beaucoup, vous avez cru en elle, vous l'avez encouragée. S'il vous plait, nous avons besoin de quelqu'un de fort pour nous soutenir. Implore Molly, réussissant à faire venir des larmes dans ses yeux.

- Bon, eh bien.... « Mieux vaut le faire, même si je n'ai pas envie de laisser ma princesse seule, ça pourrait paraitre suspect de refuser. » Laissez-moi quelques instants et je vous suis, dit-il en refermant la porte.

« Nous avons réussi. » « J'envoie le signal à Bourdu. »

Lucas, quand à lui, descendit à la cave pour vérifier que Bunny allait bien, elle dormait encore. Il glissa donc un mot à travers les barreaux pour la prévenir de son absence. « Je ne te laisserais pas seule longtemps mon amour. »

Non loin de là, devant le lycée, à l'intérieur d'une voiture un bip se fit entendre. « C'est le moment. »

Bourdu gara sa voiture au bout de la rue et revint en arrière à pied. Il ne prit pas la peine de frapper. Il avait contacté Molly et savait que Lucas serait occupé une bonne heure et demie. Trois serrures, que de précautions dans un quartier aussi tranquille ! Songea-t-il. Il ouvrit les trois puis, une fois à l'intérieur, les referma. Il décida de commencer par l'étage. Il inspecta minutieusement chaque placard, chaque détail avec un œil aiguisé, s'obligeant à refouler sa rage et son envie de tout retourner. Il ne fallait pas qu'il s'aperçoive de son passage, il paniquerait et déplacerait Bunny, et s'il sort du pays... ou pire. Il avait lu plusieurs articles, vu plusieurs films où si l'harceleur ne pouvait avoir ce qu'il désire, alors personne non plus.

Bourdu poussa le dernier tiroir et se tourna vers les dossiers. Lorsqu'il eut terminé, il avait les mains moites. Ravalant son désespoir, il sortit du bureau et entra dans la chambre. Il ne découvrit rien, sinon que Lucas était un homme organisé qui vivait modestement.

Au même moment, Bunny arpentait la pièce juste en dessous, elle avait fait semblant de dormir pour ne pas voir Lucas. Elle avait senti la connexion avec ses amis, elle savait qu'ils allaient venir mais elle devait, elle aussi, agir. Elle savait qu'elle n'aurait qu'une chance, et qu'un échec serait risqué. Voire fatal.

- Marcy attends-moi !

- Mathilda, mais qu'est-ce que...

- Je t'expliquerais plus tard, il nous reste une heure avant d'agir.

Bourdu examina une rangée de cassettes vidéo. Ce type était mordu, il jongla un instant avec la télécommande et se promit de visionner quelques bandes s'il en avait le temps. Il reposa l'appareil, sans se douter qu'il lui suffisait d'appuyer sur un bouton pour voir Bunny en direct sur l'écran. Il se tourna vers l'armoire. Une odeur d'antimite lui titilla les narines. Tout était rangé au millimètre, l'album photos sur l'étagère ne lui appris rien : il ne contenant que des clichés d'un homme âgé, accompagné d'un plus jeune. Une légende illustrait chaque portrait. Oncle Matthew juin, oncle Matt et Lucas Pâques,... il n'y avait jamais personne d'autre. Seulement un vieillard et ce jeune garçon, jamais une fille, un sourire. Bourdu rangea le livre, découragé. Il farfouillait depuis plus d'une heure lorsqu'il tomba enfin sur un objet intéressant : le journal intime qui, sous l'oreiller, était relié de cuir, fermé par un petit loquet. Bourdu cherchait sa rose pour forcer la serrure quand il entendit Luna et Artémis miauler, il se figea et entendit le cliquetis d'une clé.

- Nom de nom ! grommela-t-il.

« J'ai complètement oublié l'heure ». Il jeta un coup d'œil vers l'armoire, mais se ravisa aussitôt. L'idée de s'y cacher était aussi répugnante qu'humiliante. Il préférait affronter l'ennemi en face. Il s'avança vers la porte à l'instant précis où Lucas longeait le couloir en sifflotant jusqu'à la cuisine.

- Ca n'a pas l'air de t'angoisser trop, n'est-ce pas, salaud ! marmonna Bourdu en se faufilant jusqu'à l'escalier.

Il était impatient de la revoir. Il savait qu'il avait eu tort de quitter en douce le temple alors que les amies de Bunny lui avaient expressément demandé de rester. Mais il s'était éclipsé, presser de rentrer. D'être près de Bunny. De toute façon si on l'interrogeait, il expliquerait qu'il avait envie d'être seul, on le comprendrait. Il remplit un verre de lait frais, disposa des gâteaux sur une assiette, plaça le tout sur un plateau, avec la rose solitaire. Elle serait plus en forme. Elle avait eu le temps de se reposer, de se calmer. Bientôt, elle se rendrait compte à quel point il la dorlotait.

Bourdu attendait en haut des marches. Il entendit Lucas siffler, la vaisselle tinter, il perçut un bruit de pas, un déclic puis un second. Ensuite, ce fut le silence. « Où est-il passé ? » Bourdu descendit en silence, se glissa comme une ombre de pièce en pièce. Lorsqu'il fut dans la cuisine, il s'immobilisa, interloqué. Il remarqua la boîte de gâteau ouverte, « ce sont les préférés de Bunny », mais Lucas s'était volatilisé.

L'enlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant