Chapitre 10

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- Tu es belle comme tout, s'exclama Lucas avec un sourire timide. Les vêtements te plaisent ?

- Énormément, répondit-elle en se forçant à sourire, elle aussi. J'ai pris une douche. Je n'arrive pas à croire que vous ayez mis tant de soins à acheter mes marques préférées.

- Tu peux me tutoyer... tu as vu les serviettes ? Elles sont brodées à tes initiales.

- Je sais, murmura-t-elle, l'estomac noué. C'est très gentil, ce sont vo... tes gâteaux ?

- Ceux que tu aimes.

- En effet.

Sans le quitter des yeux, elle s'approcha de lui, choisit un biscuit, mordit délicatement dedans.

- Excellent.

Elle vit son regard se porter sur ses lèvres, tandis qu'elle essuyait du bout de la langue une miette.

- Tu t'es absenté un bon moment.

- Je suis revenu le plus vite possible. Je vais donner ma démission, j'ai des économies, et mon oncle avait investi toute sa fortune. Je ne te laisserai plus du tout.

- Je m'ennuie ici toute seule.

Elle s'assit sur le bord du lit.

- Tu vas rester avec moi, à présent ?

- Aussi longtemps que tu le voudras.

- Assieds-toi près de moi, invita-t-elle en tapotant le matelas. Je crois que si tu m'expliques tout maintenant, je pourrai comprendre.

Les mains tremblantes, il posa le plateau.

- Tu n'es pas fâchée ?

- Non. Mais j'ai encore un peu peur. C'est effrayant d'être enfermée à clé.

- Je suis désolé, dit-il en s'installant à quelques centimètres d'elle. Un jour, ce sera différent.

- Lucas, reprit-elle, une main sur la sienne. Comment t'es-tu décidé ? Qu'est-ce qui t'a poussé à agir ?

- Il fallait que ce soit avant les vacances, quand je t'ai vue avec lui, je... j'ai su que je ne pouvais pas traîner davantage. C'était comme un signe du destin. Tu es si belle.

- Mais tu as pris un risque terrible. Bourdu aurait pu m'attendre dehors.

- Mais non, souviens-toi, tu me l'as dit toi-même.

- Tu as...

Comme elle se détournait, il s'effondra :

- Il faut que tu comprennes, Bunny.

- J'essaie, Lucas... « Mon Dieu ! »

- Et Bourdu, tu ne lui a pas fait de mal ?

- J'ai promis de le laisser tranquille. Il t'a eue pour lui pendant tout ce temps. Et moi, j'ai attendu.

- Je sais, je sais, le consola-t-elle. Ils me recherchent, n'est-ce pas ?

- Ils ne te trouveront pas.

- Mais ils cherchent.

- Oui ! s'écria-t-il en se levant brusquement.

Jusqu'ici, tout s'était déroulé à la perfection. Et pourtant, il avait la sensation désagréable de se tenir au bord d'un gouffre dont il ne voyait pas le fond.

- Ils fouilleront partout, et ils finiront par se lasser. Personne ne viendra nous embêter. Personne.

Elle se mit debout à son tour, mais ses jambes tremblaient.

- Calme-toi, Lucas. Tu me connais : je suis curieuse.

Du revers de la manche, il effaça la larme qui avait roulé sur sa joue.

- Ta vie d'avant ne te manquera pas, Bunny. Je suis ton plus grand admirateur. Je pourrais t'écouter pendant des heures et des heures. Mais désormais, je n'ai plus besoin de me contenter de te voir en cours. Tu es là en chair et en os, pour toujours.

- C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ?

- Plus que tout.

Le cœur de la jeune femme se mit à battre plus vite. Elle lui caressa le visage.

- Tu as envie de moi.

- Tu es tout ce dont j'ai toujours rêvé. Je t'ai désirée pendant des mois. Jamais je n'ai été avec une autre femme, je t'ai attendue.

Malgré elle, elle fut submergée par un flot de pitié.

- Tu as envie de me toucher... Comme ceci, chuchota-t-elle, en lui plaçant la main sur son sein et en refrénant son dégout.

- Tu es douce, si douce.

Il y avait quelque chose d'effroyable et de pathétique à la fois, dans la façon dont ses doigts tremblaient.

- Si je te laisse faire comme tu veux, me laisseras-tu aller dehors ?

Il eut un mouvement de recul, comme si elle l'avait brûlé. L'impression d'avoir été trahi l'étrangla presque.

- Tu essaies de me duper.

- Non, Lucas. Je n'aime pas être enfermée, c'est tout. J'aimerais sortir quelques minutes, respirer un peu d'air frais. Tu veux que je sois heureuse, non ?

Il serra les dents.

- Il va falloir du temps. Tu n'es pas encore prête.

- Tu sais bien que j'ai besoin d'être active, Lucas, insista-t-elle en venant vers lui.

Quand elle l'enlaça, elle vit son regard s'assombrir.

- Rester ici heure après heure m'énerve. J'ai conscience de tout ce que tu as fait pour moi. Tu veux que nous soyons ensemble, je le sais.

Elle sentit la forme de la seringue dans sa poche.

- Nous serons toujours ensemble.

Il baissa la tête pour l'embrasser. Elle sortit la seringue de sa poche.

- Bunny....

Sa respiration retenue la trahit. Elle se tortilla, se débattant pour plonger l'aiguille dans le bras de Lucas, tandis qu'ils tombaient à terre.

L'enlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant