Vendredi Premier

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Premier décembre deux-mille-dix-sept, il était un peu plus de dix-sept heures et quatre adolescents étaient attablés dans un café. En effet, Alya, Nino, Marinette et Adrien avaient décidé de fêter l'arrivée des premiers flocons devant une bonne boisson chaude.

La discussion était animée, les sujets défilant les uns après les autres, changeant rapidement au gré des humeurs, jusqu'à la proposition d'Alya.

— Et sinon, vous avez prévu un truc pour Noël ? demanda la jeune fille, tout sourire. Parce que j'ai une idée !

— Eh bien, je suppose que non. Ça m'étonnerait que mon père organise une fête magnifique, déjà l'année dernière, c'était bien exceptionnel ! répondit Adrien, un peu amer.

— Pour ma part, ce sera probablement avec mes parents, comme d'hab. Rien d'incroyable, mais toujours sympa, annonça à son tour Marinette.

— Pas mieux, précisa Nino.

— Alors, accrochez-vous, j'ai l'idée du siècle ! Que diriez-vous d'une fête de Noël inoubliable ! On pourrait inviter plein de monde, genre la classe, les parents, organiser une déco de folie, faire une vraie fête tous ensemble, quoi !

Adrien leva un sourcil interrogateur.

— Euh, tu peux préciser ? Je vais te laisser aller débattre avec mon père, parce que pour le convaincre de ce genre de chose, ça risque d'être coton. Je pense que je suis bon pour passer un Noël au chaud dans ma chambre. M'enfin, en soit, l'idée n'est pas forcément mauvaise, hein, ce sera juste compliqué de mon côté.

— Et quand tu dis la classe, tu veux dire toute la classe ? rétorqua Marinette en insistant sur le « toute ». Chloé aussi ?

— Tu sais, elle a un bon fond, Chloé, fit remarquer le blondinet du groupe. Bon, ok, elle est désagréable, hautaine, antipathique... Ouh, dis donc, ça sonne mal quand je le dis à voix haute comme ça. Non, mais elle peut être gentille, elle n'a juste pas compris que pour se faire respecter, ce n'était pas la meilleure solution. Et puis, elle s'améliore, j'ai bon espoir, regarde la petite soirée qu'elle a organisée l'autre jour, si ma mémoire est bonne, elle a même aidé Ladybug, non ? sourit Adrien en regardant Marinette dans les yeux.

— Je n'y étais pas ! s'exclama Marinette en rougissant. Bon, admettons. De toute façon, je ne vais pas m'opposer à une décision générale.

— Ou à l'avis d'Adrien, murmura Alya en rigolant.

— Hein ? Mais non ! Par contre, c'est bon pour moi, Alya, mais tu as conscience de l'organisation que c'est ? Entre la salle, les costumes, les invitations, la déco, le repas, la musique, le...

— Oui, je crois qu'on a saisi l'idée, interrompit Nino. C'est le moment de mettre en commun nos compétences ! La musique, c'est mon rayon. Ne me fais pas croire que tu ne peux pas te faire toi-même une robe de soirée.

— Ou deux, renchérit Alya. Et ma mère est chef, voyons, les repas, c'est sa seconde nature. Sans compter tes parents qui font des délices de gâteaux. C'est une question d'organisation, oui, mais ça se fait. On a presque un mois, tu sais.

— Ouais, commencez par mon père, ce sera le plus long, asséna Adrien.

— Je suis sûre qu'on peut trouver un arrangement, pour ton père. Après tout, l'année dernière, on avait passé Noël tous ensemble, et chez toi en plus, argumenta Alya. Je pense que c'est pas le problème. Bon, on commence par quoi ?


Autour d'un chocolat chaud, les flocons se posant sur le rebord de la fenêtre, quatre amis organisaient ce qui promettait d'être la plus grande fête de Noël que Paris ait connu depuis longtemps. Marinette, pragmatique, notait dans un carnet toutes les idées et suggestions qui passaient dans la conversation. En plus de leurs camarades de classe, les parents étaient bien sûr invités. Qui d'autre ? C'était encore à réflexion. Marinette avait déjà des idées de cartons d'invitations, une future styliste devait parer à toutes les éventualités. Mais, dix-huit heures approchant, Adrien reçut un SMS de Nathalie lui rappelant qu'il était temps de rentrer.

— Bon, désolé les amis, je vais devoir vous laisser. Le devoir m'appelle !

Sourire forcé sur le visage, Adrien ne trompait personne. Néanmoins, personne ne pouvait réellement le retenir.

— Oh, mais c'est vrai, il se fait tard ! s'exclama Marinette après quelques secondes. Je vais rentrer, avant que mes parents ne s'inquiètent. Marcher sous la neige est bon pour l'inspiration en plus ! Et je vais en avoir besoin, avec tout ça !

— Et ton départ précipité n'a rien à voir avec celui d'Adrien, non ?

— Mais non, Alya ! Enfin, je ne vois pas de quoi tu parles !

— C'est ça ! Allez, file !

Marinette attrapa sa sacoche, y fourra à la va-vite carnet et crayon, et se précipita dehors à la suite du beau blond.

— Je vois que ça avance beaucoup, ironisa Nino.

— M'en parle pas, j'ai envie de me taper la tête contre les murs, des fois. Tu crois que si on les enfermait dans une cage, ça avancerait plus vite ? Si ça a marché avec nous...

— À méditer, ma vieille, à méditer...


▬ ▬ ▬


À l'entrée du café, Marinette frissonna. Adrien allait monter dans sa voiture, il fallait bouger. Oui, en effet, si elle était sortie à la suite d'Adrien, ce n'était pas pour rien. Elle avança, et l'interpella.

— Adrien ! Attends !

Le jeune homme s'arrêta net dans son élan, et se retourna. Sa camarade avançait vers lui d'un pas assuré, ses bottes fourrées s'enfonçant légèrement dans la neige fraîche. Elle était décidément très jolie comme ça, les joues rosées, le sourire aux lèvres, les flocons tourbillonnant doucement autour d'elle.

— Un problème, Marinette ? Tu veux que je te raccompagne chez toi ?

— Nooon, merci, ce n'est pas la peine ! assura-t-elle. Tu es sûr que ça va ? Tu semblais triste, dans le café...

— Bah, tu sais comment est mon père, commença le jeune homme. Il n'a pas de raison de me laisser participer à cette fête. Et puis, Noël sans ma mère, ce n'est plus pareil. Tu sais, c'était une fête magnifique avec elle. Elle était magnifique. Elle respirait la joie et savait la transmettre. Mon père était vraiment différent, à cette époque. Je crois qu'il s'en veut de n'avoir pas su la protéger.

— Je sais que ta mère ne sera pas là pour le voir, mais je te promets de faire en sorte qu'elle soit fière de cette fête et heureuse que tu t'y amuses. Essaye d'en parler à ton père, et s'il le faut, j'irais moi-même.

Elle semblait si sûre d'elle qu'il sourit. Il imaginait bien son père, derrière son masque austère, devoir faire face à une Marinette bien décidée à le faire changer d'avis.

— Merci, Marinette, t'es vraiment une fille géniale.

Cette dernière rougit aussitôt. Un flocon de neige profita de cet instant pour se poser sur sa joue, fondant aussitôt.

— Mais non, enfin, n'importe qui ferait pareil, tu le sais très bien !

— Ce n'est pas vrai, Marinette. Et ça, toi, tu le sais très bien.

Il reprit le geste suspendu un peu plus tôt et s'assit sur la banquette.

— Je pense que ma mère t'aurait beaucoup appréciée.

La portière claqua, et la voiture s'éloigna, soulevant un petit nuage de poudreuse dans son sillage. Marinette resta quelques instants sans bouger, sourire aux lèvres, avant de s'en aller tranquillement, sur un nuage.


[Miraculous] 25Où les histoires vivent. Découvrez maintenant