Chapitre Vingt-Neuf

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Face au public, j'avais perdu tous mes repères. Milan venait, semblait-il, de lancer une bombe qui me concernait. Je ne me sentais plus bien du tout, au bord de l'évanouissement. Tous ces regards braqués sur moi, tous ces yeux ronds qui m'analysaient attentivement, me donnaient chaud. Trop chaud.

- Aliyah ?

La voix de Milan me parut si lointaine que je crus être devenu malentendante en moins de deux minutes.

Mon regard de détresse croisa le sien qui se montrait inquiet et rapidement, je sentis mes jambes se dérober sous mon poids et un puissant voile noir m'envahir.

***

J'ouvris brusquement les yeux avec l'impression de sortir d'un long coma. Je repris si rapidement ma respiration que je crus m'étouffer toute seule. Je dus cligner mes paupières plusieurs fois avant de réaliser que je me trouvais dans le lit de Milan, avec ce dernier penché au dessus de moi, qui m'observait les sourcils froncés.

- Qu'est-ce que... commençai-je à prononcer en me redressant.
- Reste couchée, Aliyah. Tu as fait un malaise assez inquiétant.

J'avais effectivement perdu connaissance assez soudainement, mais ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. J'étais relativement sensible à la foule et tous ces regards posés sur moi avaient dû me faire tourner de l'œil, en plus du sang qui avait abondamment coulé de ma blessure.

- Je vais bien, Milan.

Mon calme sembla l'étonner. Je levai les yeux au ciel tout en m'apprêtant tu à lui expliquer que ce n'était pas nouveau pour moi.

- Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, c'est juste tout ce monde...
- Peu importe, m'interrompit-il. Le médecin de la meute va t'ausculter maintenant que tu es réveillée.

Son autorité arrivait encore à me surprendre et m'agacer mais j'étais bien trop fatiguée pour relever son attitude désobligeante maintenant.

Un homme bien plus âgé que nous, aux cheveux grisonnant, entra dans la pièce et demanda à l'Alpha de sortir. Je fus très surprise qu'il veuille bien écouter, malgré ses réticences que je ressentais aussi.

L'homme ferma la porte et une fois seul avec moi, m'observa longuement, créant un malaise et une ambiance pesante.

- Vous êtes donc notre future Luna...

J'ignorais totalement ce que je devais répondre à cette affirmation qui paraissait évidente pour tout le monde sauf pour moi. Je me contentai de hausser les épaules, ce qui le fit sourire.

- C'est tout nouveau, j'imagine.
- Oui, avouai-je.

Il s'assit sur une chaise près du lit et me demanda de lui tendre mon bras blessé pour vérifier que le bandage, que je n'avais pas remarqué jusqu'à présent, n'était pas imbibé de sang.

- Ça devrait vite cicatriser, constata-t-il. Milan a pris une bonne partie de ta douleur.
- Je pensais que c'était les sorciers qui s'occupaient des loups-garous malades, commantai-je, curieuse.

Tout en se concentrant en prenant ma tension, le médecin se mit à rire.

- Ils le font, dans les cas les plus graves, quand la médecine classique ne peut plus aider. Mais ce n'est pas ton cas, heureusement.
- Vous êtes donc un loup aussi, docteur ?

Il hocha la tête, toujours en souriant.

- Tu peux m'appeler Arthur, et me tutoyer.

Je m'efforçai de lui sourire légèrement pour ne pas qu'il me prenne pour quelqu'un de désagréable.

L'emprise de l'AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant