Chapitre 25 : Rap sentimental.

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Inutile de préciser que l'ambiance s'est considérablement dégradée. Genre guerre froide. Lucius ne m'adresse plus la parole depuis deux jours et je le lui rends bien. Imbécile. Il passe son temps avec cette garce de Cristal qui pouffe à chaque mot qu'il prononce. J'hésite encore entre extrêmement agaçante ou carrément pathétique et je m'exhorte continuellement au calme en me répétant sans cesse que le meurtre est sévèrement puni par la loi mais, d'un côté j'hésite. Je peux plaider la folie passagère à cause des hormones libérées par mon cycle menstruel, non ? Pour rien arranger à mon souci d'ordre naturel, la chaleur accablante me rend d'autant plus irritable donc pour essayer de compenser je mange, mais cela ne suffit pas, alors je me transforme un peu en espèce de monstre qui se goinfre et qui grogne à longueur de journée. Je bouge à peine pendant les cours de danse ou de sport, malgré les hurlements de Nila et je supporte ses insultes sans moufter, ou presque. Je l'ai déjà tué de dix façons différentes dans ma tête.


Même le chant devient insupportable. Hier Madame Signes, vêtue d'un jean taille basse qui m'a presque rendue aveugle, nous a dévoilé le titre de la collégiale que nous allons interpréter ensemble et, même si le titre est super, je ne suis pas certaine que cela fonctionne. Mais bon, je ne vois pas en quoi cela me surprend, dans le fond je suis certaine que Celebrity School n'a que pour réel but de fournir de nouveaux dossiers aux bêtisiers de fin d'année.




On est mercredi après-midi et nous avons cours par section. Je suis dans la salle de chant, avec Cristal et Momo. Le point positif, c'est qu'elle ne pouffe pas comme une idiote, Lucius n'étant pas là.


Madame Signes, dans une robe rouge affreusement moulante nous distribue une feuille avec le titre de la chanson imposée. J'y jette un coup d'œil et souris, ravie de ne pas me retrouver avec Bô le Lavabo ou une connerie du genre.



- Vous avez le reste de la journée pour l'apprendre, et, demain, je travaillera une heure avec chacun d'entre vous. Bonne journée.



Bon, moi ça me va. Elle se tire et je me tourne vers Momo :



- Tu as quoi, toi ?



- Marly-Gomont.



- De Kamini ?



- Ouais.



Je lui assène une tape amicale dans le dos :



- Tu vas t'éclater, non ?



- Je viens d'une cité, j'ai jamais vu de vache de ma vie et je suis pas noir, à ce que je sache. Je crois qu'elle est raciste, marmonne-t-il en fusillant la feuille du regard.



Je ris en secouant la tête, on passe devant la salle de théâtre et j'adresse un petit signe à Ludovic qui me rend un clin d'œil et, bien entendu, je rougie. De son côté, Scarface me lance une expression peu amène pour bien me faire comprendre le fond de sa pensée et ce que je lui inspire mais je l'ignore :



- Je crois quoi pas, je réponds à Momo en lui tendant ma feuille à moi, si tu veux mon avis elle tente plutôt de nous faire passer un message à travers le rap.



- Tu penses qu'elle va chanter quoi Cristal ? demande-t-il en se marrant.



- Je sais pas, « voulez-vous coucher avec moi » ?



Son rire grave et caverneux résonne fort dans les marches, se fracassant sur les murs de pierres. On descend à la cuisine, à la recherche de Kimberly. Elle va nous fournir plusieurs versions de nos chansons, pour qu'on puisse s'en inspirer, et j'en profite pour lui demander l'autre chanson, celle que nous interprétons librement, et je décide de partir dans du RnB français. Je parle anglais comme une vache espagnole et j'aimerais m'éviter ça aussi longtemps que possible, et puis au moins je reste dans la rue made in France, non ? Une heure plus tard je me retrouve dans la salle de danse, les portes fermées, la station Bose crachant à fond jeune demoiselle de Diam's. Dans le fond j'aime bien.

Celebrity - Entre dans la LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant