"Le bonheur"

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Les deux premières semaines suivant le viol ont probablement été les pires de ma vie. Me lever le matin en me disant qu'une autre journée d'apitoiement m'attendait me renfrognait de plus en plus. Je ne mangeais presque plus, ne trouvant plus d'appétit, même devant un plat de sushis. Rien ne me donnait goût, je n'avais rien à quoi m'accrocher. Les jours s'enchaînaient sans jamais que je ne sorte sauf pour le nécessaire. Zack m'avait une fois traîné dehors pour aller au cinéma, dans un endroit clos et sombre, un endroit dans lequel personne ne me portait de l'attention, trop concentrés à écouter le film. C'était parfait.

Enfin, c'est ce que je croyais.

Tout autour de moi avait l'air de me fixer plus étrangement qu'à l'habitude, comme si j'avais quelque chose sur le front et que personne n'osait me le dire. Ensuite, venu à bout d'excuses pour rater des jours de travail j'avais dû expliquer ma situation au directeur de l'établissement qui après avoir appelé l'accusé dans son bureau et avoir eu la confirmation de son acte, l'avait renvoyé le jour même, un coup de pied au derrière. Johnson m'avait présenté ses plus sincères excuses, dépassé par son propre acte et ce qui s'en ai suivi. Je dois bien avouer malgré moi que ça m'a fait chaud au coeur de savoir qu'il s'en voulait. Par la suite, Le directeur m'a donné congé le temps que je me rétablisse mentalement. Comme prévu, ce fus difficile avec Zack d'être en contact physique et nous nous limitions seulement à des baisés chauds car la moindre main baladeuse me paraissait comme une plaie ouverte dans laquelle on y ajouterait du sel grain par grain. Alors que mon cas s'empirait, le regard des autres sur moi me terrassait. Leurs regards remplis de jugements, comme s'ils savaient ce qu'il m'était arrivé et me trouvaient dégoûtant, ça me tuait à petit feu. Alors je diminua mes sorties à l'extérieur, jusqu'à ne plus sortir du tout. Commençant à être pratiquement autant affecté que moi par mon moral et mon mode de vie devenant malsain, Zack m'a dit que je devrais aller consulter un psychologue pour éviter le plus de séquelles possible. C'est donc par un beau jeudi baignant dans le soleil réconfortant du mois d'octobre que mon amant et moi entrions dans l'immeuble auquel une séance de déblatération m'attendais. Le noiraud m'a attendu dans la salle d'attente durant l'heure. C'était horrible. Toutes les questions qu'elle m'a posé, malgré sa voix douce et qu'elle me rassure avec des mots tels que "Je ne t'obliges pas mais parfois en parler à un étranger peut faire beaucoup de bien tu sais" ou "Prends ton temps, il n'y a rien qui presse" je me sentais tout de même intimidé. À la fin de ces soixante minutes j'avais eu le courage de lui parler un peu de moi avant et après le viol. Je lui ai aussi dit comment je me sens depuis et tout le poids qui pèse sur mes épaules quand je regarde mon amant. Le fait que je détourne le regard quand le sien vient se faire une place dans mon bleu azur, ayant honte de moi même. Aussi que je me sens comme dans un corps qui ne m'appartient pas et que j'ai l'impression de comprendre que n'importe qui pourrait arriver à mes côtés et me faire ce qu'il veut. Que personne me portant de l'affection ne mérite ce que je suis maintenant. Usé. Sale. Je n'ai pas contacté mes parents une seule fois non plus. Je ne veux pas les inquiéter, ils viennent de partir en voyage je ne peux pas ruiner leurs vacances bien méritées juste pour une histoire tel qu'elle. À vrai dire je ne les ai tout simplement pas contacté depuis plusieurs semaines déjà. C'est étrange qu'ils ne me contactent pas, comme tous les parents normaux le font avec leurs enfants lorsqu'ils quittent le nid familial. Bon, je dois avouer que cela fait déjà un bout de temps que je ne suis plus à la maison, peut-être cinq ou six ans? Pourquoi je pense à ça moi déjà? Nous sommes sortis de l'établissement main dans la main, la tête haute et pour ma part le coeur un peu plus léger qu'à l'arrivée.

Ce fût ainsi durant trois mois. J'étais retourné au boulot et je ne craignais plus autant le regard des autres, comme avant que tout ceci arrive. Zack et moi avons eu nos moments rudes -très rudes même- mais nous avons toujours réussis à nous retrouver malgré tout. Durant cette période de ma vie, j'ai réalisé que le bonheur, il faut le mériter, se battre pour l'avoir et non attendre qu'il vienne de lui-même. Parce que si vous gardez les bras croisés vous risquez d'attendre longtemps encore.

***
~Chapitre assez correct,
Je l'avoue~

Mon tuteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant