WORDLESS -03-

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COUVERTS DE ponchos défraîchis, Hoseok, Yoongi et leur bande de potes vadrouillaient, tuant le temps pendant cet énième week-end pluvieux et typique de la région. Trois baguettes de pain fraîches et coupées chacune malhabilement en quatre morceaux, une conserve de terrine (rapportée par uns des adolescents et dont la comestibilité n'était pas certifiée) et un paquet de Napolitains glissés dans leurs sacs-à-dos, ils avaient prévu d'explorer les bois, bravant à leurs risques et périls le règlement de l'internat.

Les hautes herbes caressaient leurs mollets, embrassant le sol humide. Leurs pieds pataugeaient dans la bouillasse. Ils avaient remonté leur pantalon, en enroulant le bas dans un ourlet approximatif afin d'éviter d'en tâcher la lisière. Traversant les fourrés épais, emmitouflée dans sa grosse écharpe, Yoon discutait avec un autre interne au doux prénom de Jimin, surveillant du coin de l'œil Hoseok qui trottinait devant eux.

-Non, mais je trouve des petits morceaux de papier partout, où que j'aille ! Le pire, c'est qu'il s'amuse à en glisser partout dans mes fringues, je te raconte pas le carnage lorsqu'elles passent à la machine !

Jimin rit, les mèches plaquées sur son front par la bruine. Après avoir remonté son jean trop petit pour son mètre soixante- quatorze, dévoilant ses chaussettes épaisses, dépareillées et sacrément laides,il essuya, de sa main, son nez qui coulait.

Le blondinet aimait bien cet ado un peu particulier qui l'avait pris sous son aile dès son arrivée, lui donnant conseil sur conseil. Grâce à lui, le jeune homme savait quels pions éviter (surtout celui avec le poireau immonde sur le menton), comment se faire la malle de l'internat sans se faire choper et, surtout, Yoongi avait pu planquer ses clopes, sa petite bouteille de vodka et ses réserves de bonbons là où Hoseok ne mettrait pas son nez.

-Mais,Sokie,il parle pas avec les mains ? continua t-il, avant d'éternuer bruyamment.

- Bah non... Il est pas muet. Il veut juste plus parler, et puis comme ce mec adore l'origami, ça l'arrange.

Tout en s'esclaffant à quelques blagues idiotes qu'ils se racontaient, les deux ados se hâtèrent de rejoindre les marcheurs, avant de se faire durement rabrouer, s'écorchant les bras dans les fourrés.

WORDLESS   ˢᵒᵖᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant