WORDLESS ˢᵒᵖᵉ

WORDLESS -09-

HOSEOK FEUILLETAIT un magazine, assis sur son lit aux côtés de Yoongi, une bouteille de jus de pomme contre son abdomen. Soudain, la porte de la chambre claqua contre le mur, et un des pions s'engouffra dans la chambre, blafard.

-Le directeur souhaite vous voir, annonça-t-il, l'air atterré.

Un frisson courant le long de leur échine, dans une œillade anxieuse, les ados quittèrent leur lit, sourcils froncés. L'instinct du plus petit des deux lui hurlait qu'il allait avoir de sérieux problèmes, mais face à l'inquiétude d'Hobie, il n'en dit rien, emboîtant le pas de l'homme.

-C'est rien. On a peut-être oublié un ou deux mégots quelque part, murmura-t-il. C'est rien.

°°°

LE VIEIL homme renifla bruyamment, ses mains frappant mécaniquement ses cuisses rachitiques.

-Les garçons, je suis désolé, souffla difficilement le directeur. J'ai pensé que... Qu'il était préférable que vous soyez les premiers mis au courant... Park Jimin est décédé très tôt ce matin.

Il y eu d'abord un silence oppressant, un flottement ébahi. Comme le décompte avant l'explosion, le vent avant la tornade, l'attente avant l'impact.
Puis, le chaos. Soudain. Vif.

Hoseok inspirait, expirait, hurlait puis inspirait et hurlait à nouveau, tandis que Yoongi était figé sur son siège, ses ongles griffant l'accoudoir, la respiration haletante et saccadée. Il suffoquait.
Le brunet pleurait, les larmes brûlantes ruisselaient sur ses joues pâles.

C'était impossible.

Les oreilles bourdonnantes, l'ado se releva, chancela et se laissa choir, les yeux désespérément secs, un million d'aiguilles incandescentes transperçant sa peau. Enfin, Yoongi éclata en sanglot, prostré sur le sol gelé, son nez ruisselant sur ses cuisses, hurlant encore et encore.

Et, en enlaçant Hoseok, ses sanglots étouffés dans son torse, il avait entendu la voix de son colocataire pour la première fois.