La nuit s'annonçait longue. Richard s'était dépêché de régner sa chambre suite à l'aide apporté à son frère et un douche rapide, prise à son tour. Il n'avait pas posé de questions face à la mine affreuse qu'arborait celui ci. Encore heureux... Cavé s'était dépêché vers la salle de bain. L'eau froide, avait su le calmer quelques minutes ses nerfs chauffés à vif.
Mais cela ne dura pas. Il fallait beaucoup plus que ça pour effacer son énervement. Il avait besoin d' elle. Il demeura de longues heures allongé dans le lit à fixer la fenêtre ouverte. Aucune brise ne venait adoucir sa nuit. Il ne venait pas batifoler entre les murs de sa chambre et apaiser les subversions de son âme et de son corps, l'ombre du papillon lascif.
Bien vite, l'ambiance caniculaire de l'après tempête aidant, l'animal reprit le dessus. Agacé, le jeune homme envoya valser au sol, les draps et vint attacher les rideaux. L'astre lunaire avait disparu derrière les nuages.
Quelques étoiles brillaient encore, mais de leur lumière insignifiante, étouffée par la dédale de vapeur bleuté. Au loin par delà le silence qui faisait écho, un cri houleux s'élevait, comparable à celui de la bête qu'on égorge. Les divinités de la nuit se sont consentis à apporter à celle ci une touche écoeurante de tristesse. Cavé tendit l'oreille, en attente de la fameuse: "men m'ap pase." Ou de ses battements endiablés et brûlants de tambours qui caractérisent la progression de sociétés secrètes, en quête de sang et de chair fraîche dans les ténèbres. Mais plus rien ne se fit attendre. Et le cri de la bête agonisant persistait tant, qu'il finit par s'imaginer qu'il venait de sa tête cette plainte hostile. Qu'importe qu'était cette chose, elle et lui se partageait la même souffrance. Celle de la solitude et de l'impuissance. Alors il se laissa bercer par cette lamentation à la tonalité variante. Elle exprimait parfaitement ses émotions ce soir: rage, tristesse, abandon.
Il était abandonné, tout comme il l'avait été quelques années plus tôt, lorsque les rêves pleins la tête, il s'en est allé vers Port-au-Prince, pour n'en revenir que dix ans plus tard, toute innocence disparu et des plaies encore dévorantes au coeur. Dix ans durant lesquelles, elle n'avait pas été là. Leur amour... ou ce qui les liait ce temps là, n'avait su outrepasser la distance. En ce temps là, ce fut le rejeton d'un amour à naître qui maintenait encore allumée la flamme, qui donnait encore raison d'être, au désir qui ne périssait pas, en dépit de l'abandon.
Seul, il a su cautériser le mal. Du moins, c'est ce qu'il croyait, jusqu'au jour d'aujourd'hui... jusqu'à ce soir ou encore ce sentiment d'affliction refaisait surface et qu'encore, le papillon disparaissait, tel un fantôme. Une ombre qui s'efface et se confond au noir."Mais où est tu Mystère..." s'entendit il murmurer, comme pour lui même.
Comme une réponse à sa complainte, une brise légère s'infiltra par la fenêtre et s'attarda à caresser sa peau nue. La lune s'est débarrassé de son masque noirâtre; et la fameuse bête se tut pour offrir en choeur, un silence à l'ombre disparue.Alors, résigné, l'homme se traina jusqu'au lit. La nuit serait longue, en effet.
...
5 Octobre 2016
Pour la seconde fois depuis le début du déjeuné, Richard tapota sur la table, rien que pour attirer son attention. Un air inquièt au visage, il fit glisser un peu plus loin, la tasse de thé chaude, dangereusement posé près de ses coudes et, comme pour se donner un air de confident, laissa tomber sa tête sur ses mains entrecroisées.
"Alors... es tu prêt à passer aux aveux frérot?"
Cavé pris au dépourvu, relava d'abord vers lui le regard surpris. Il mit plus de quelques secondes à comprendre la requête de son frère. Et lorsqu'il le fit enfin, lui offrit en première réponse, un sourire blasé.
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Papillon Noir
ParanormalElle lui a appris l'amour... Elle lui a appris l'ivresse... Elle a été la première... Mais il n'est qu'un homme comme les autres. Et elle, un rêve inaccessible. Qu'arrive t il alors, quand nos plus doux fantasmes deviennent... Réalité!!! -Papillon n...