Intermède avec l'Impératrice

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Tw : viol conjugal

Un coup de feu suivi d'un hurlement. Un deuxième coup de feu puis un troisième et tout bascula. Horreur. Mon père beuglant rampa jusqu'au corps sans vie de ma mère et la serra dans ses bras en murmurant des mots sans queue ni tête. Ma petite sœur était au sol, évanouie. Une balle l'avait sûrement touchée, impossible de m'en assurer, j'étais tétanisée par la peur. Victor lui respirait de plus en plus fort, il semblait sur le point de rejoindre Mariane dans les pâquerettes.

L'un des tireurs m'attrapa le bras tandis que l'autre appelait un troisième collègue resté dans leur véhicule. Il lui demanda de faire venir des renforts, des médecins et de surtout attendre les ordres de l'Empereur. Je n'arrivais pas à bouger. J'avais tellement froid.

Mon père était encore entrain de se lamenter sur le cadavre de maman malgré les multiples menaces des policiers. Ceux-ci ne voulaient pas alarmer le voisinage et l'assommaient. Il ne pouvait rien faire contre cela, affaibli par son accident et ne pouvant plus marcher depuis longtemps. Je n'avais pas l'impression de participer à cette scène, je me sentais spectatrice, étrangère à ce qu'il se passait.

Je n'eus qu'une vision floue de la suite des événements. Des hommes arrivèrent et emmenèrent Victor et Mariane. D'autres, mon père et le corps de ma mère. Les premiers accomplirent leur mission principale et me mettant dans une voiture direction Saint-Germain, le manoir que j'occuperais pendant plusieurs années.

Je me massai le front. J'avais mal au cœur. J'étais étourdie. Un nain semblait taper avec sa pioche dans mon cerveau. J'étais assise depuis une demi-heure dans un endroit inconnu. Un long couloir orné de miroirs et de tableaux.
J'avais sommeil mais mes yeux ne se fermaient pas. Je n'arrivais pas à assimiler ce qu'il se passait depuis environ six/sept heures. Ma sœur et ma mère s'étaient fait tirer dessus. Mon père était peut-être torturé en ce moment. Mon cerveau ne suivait plus.

Soudain, un gros sanglot naquit dans ma gorge. Ma mère était morte. Je ne la verrais plus jamais faire des trucs de vieux, me dire des choses évidentes. Elle ne me gronderait plus jamais et ne sera plus jamais sur mon dos. Elle...

Crise de larmes. Maman. Ma maman n'était pas là et ne le serait jamais plus. Mariane allait sûrement elle aussi y passer et peut-être toute ma famille. J'avais mal à la gorge et je pleurais tellement que je n'arrivais plus à respirer. À force de sanglots, je finis par tomber dans les bras de Morphée.

Mon sommeil fut court et profond. Je me réveillai en sursaut secouée par une dame bien apprêtée à l'air sévère. Elle m'intima de la suivre et avança d'un pas vif et assuré. Elle ne vérifia même pas que je la suivais.

Toujours l'esprit embrumé, je marchais derrière elle, regardant mes pieds. Avant d'entrer dans la pièce au bout du couloir, je levai la tête et aperçus mon reflet dans une glace. J'avais les yeux gonflés, la bouche tremblante et le visage pâle. Je me sentais telle une condamnée. Même mes cheveux si flamboyants d'ordinaire semblaient éteints.

Je pénétrai dans l'antre du monstre. La pièce était une sorte de bureau. C'était majestueux. Splendide. Les gigantesques lustres suspendus au plafond donnaient une impression de grandeur.

- Merci Mlle Raynard. Vous pouvez disposer.

L'homme qui prononçait ces mots se dressait devant la fenêtre. Il était dos à moi et observait le jardin. Il ne m'adressa pas un seul regard mais j'étais terrifiée. Je reconnaissais cette voix impérieuse, je reconnaissais ce maintien, ces cheveux. L'homme se retourna enfin et planta son regard glacial dans le mien. Je n'arrivais pas à tenir sur mes jambes, je m'écroulai par terre et baissai les yeux. Tremblante, je n'osais lever la tête. L'Empereur Nathaniel devant moi me détaillait avec attention. Je n'entendis pas ses pas mais il se retrouva face à moi. Il attrapa mon menton et massa mes joues. Agenouillé devant moi, il sourit. Il dégageait un parfum musqué. Si près de lui, je comprenais pourquoi certaines personnes l'adulaient mais je ne me sentais pas en confiance. Rien n'était rassurant dans son attitude mais quand il prit la parole, cela devint mille fois pire.

Le Maitre du JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant