- Mariane ? Du nerf, c'est l'heure de se réveiller.
Mon frère avait une voix étranglée. Nous étions le vingt-deux mai, bientôt, je serais dans une voiture direction Paris et à 20h ce soir, je serais droguée et lâchée dans le village de Thiercelieux. Ces dix derniers jours, mon frère avait été d'humeur exécrable comme toutes les personnes que je connaissais. Lucas passait son temps dans la bibliothèque afin de me trouver toutes les informations possibles en plus sur le Loup-Garou et l'utilisation du Sily dans le jeu.
Je m'habillai et descendis prendre mon petit-déjeuner. Je n'avais pas très faim, je ne pris donc qu'un yaourt à la framboise. Dans le salle, plusieurs personnes me regardaient avec pitié ou curiosité. Mon frère me rejoignit rapidement suivi de Marie, ils s'assirent avec leurs plateaux. Je leur demandai où était passer Lucas. Ils haussèrent les épaules.
- Quand je suis parti le réveiller, il n'était déjà plus dans sa chambre, dit mon frère d'une voix lasse.
Il avait de gros cernes qui lui mangeaient le visage, il avait des difficultés à s'endormir ces derniers jours et quand il y arrivait, il faisait de nombreux cauchemars. Marie, quant à elle, avait les yeux rougis par ses longues nuits à pleurer, j'essayais de la réconforter, mais cela ne servait à rien, je n'étais pas très douée. Son Sily avait déjà brisé plusieurs objets, c'était infernal. Moi, je ne ressentais plus rien. Je ne me sentais pas triste, malheureuse ou même en colère. Je ne réalisais pas trop ce qu'il se passait.
Je sursautai, Lucas venait d'arriver et avait fait claquer son plateau sur la table. Il s'assit, un air rageur sur le visage. Si sa jumelle réagissait aux bouleversements qui m'arrivaient par les pleurs et les casses, le blondinet lui réagissait par la colère et le déni.
- La voiture arrive à quelle heure pour la chercher ?
- Vers 13h30, répondit Victor.
Le petit-déjeuner se déroula dans un silence complet, j'étais perdue dans mes pensées et les autres avaient l'air dans un sale état, Lucas n'arrêtait pas de me regarder les yeux brillants. Je ne l'avais jamais vu aussi affecté par quelque chose. Son plateau se fissura en deux sous les assauts de son énergie.
Henrik vient ensuite me voir, on eut une discussion et il me prodigua plusieurs conseils. Mais je ne l'écoutais pas tellement. Il n'était pas ennuyeux, mais cela faisait dix jours que l'on me disait la même chose et ils avaient beau dire que ce n'était pas assez, ça ne les empêchaient pas de se répéter : « Ne fais confiance à personne mais rapproche toi de chacun des joueurs. »,« Ton Sily est ton meilleur ami là-bas. », « Évite de tuer des gens inutilement quel que soit ton rôle. » etc.
Lorsque le véhicule arriva, je me mis à trembler. Je vérifiai que j'avais mes maigres affaires dans mon sac à dos et me mis triturer ma cicatrice à l'oreille. Je me dirigeai vers la sortie de l'orphelinat avec frère. Je pouvais sentir son stress, car il broyait ma main. Lucas et Marie étaient devant nous et Henrik et Sally juste derrière. La directrice me fit un sourire rassurant auquel je répondis par un hochement de tête.
- Tu vas me manquer, me dit Marie, les yeux rouges. Elle avait tellement pleuré que ses yeux ne pouvaient maintenant plus. Ses cheveux blonds flottaient autour d'elle.
- Reviens-nous vivante, me chuchota Victor en me faisant un baiser sur le front. Il avait les yeux brillants.
Lucas éclata en sanglots, de grosses larmes coulaient sur ses joues. Je le serrai longuement dans mes bras en lui murmurant que tout irait bien. Je devais avoir un cœur de pierre, car je ne ressentis rien de spécial devant ses larmes. Peut-être que je ne les verrais plus jamais, mais pourtant pas une seule larme ne coula sur mes joues. Après avoir fait mon adieu à chacune des personnes présentes, je montai dans la voiture.
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Le Maitre du Jeu
FanfictionAvez-vous déjà fait un cauchemar dont vous ne pouviez vous réveiller ? Ce cauchemar paraissait tellement réel que votre esprit ne pouvait s'en échapper. Puis finalement le matin arrive et vous vous réveillez en sursaut. T...