un noel sans mon pere.

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Papa, papa, mon papa à moi... Je t'avais pourtant promis de t'écrire tous les jours! Ne suis-je donc capable de tenir aucune promesse?!
J'avais juré, j'avais juré bon sang!

Papa, dis, c'est comment là où tu es?
J'aimerais tant le savoir, tu sais, comment c'est la mort... Est-ce que tu es encore mon papa? Ta vie et tes souvenirs ont-ils donc vraiment disparu?

Papa, répond... Tu sais moi je me bat, encore et encore, pour te montrer que je suis moi, comme tu me l'as demandé... je met constamment à jour mes profils, j'avance, je trébuche, je fais souvent des pauses... Mais papa, que serait une randonnée sans pause? Le paysage est si beau à contempler, la pente si vertigineuse... Alors souvent, je me tiens au bord du vide en attendant qu'il me happe ou que des bras protecteurs m'attirent fermement du côté de la roche. Je sais, c'est lâche d'attendre, c'est faible d'attendre, c'est nul de laisser les autres décider à sa place. Mais tu sais papa, quand on manque de confiance, tous les moyens pour vivre avec un soupcon de joie et de rebondissement est bon à exploiter. Et moi, de toute façon, je suis une incapable.
Mais papa, je t'interdis de me gronder.

Pour la première fois, papa, je te l'interdis. Ne vois-tu pas? Cet horizon que je contemple, je lui tend les bras. J'ai avancé. J'ai même très bien avancé sans toi, moi qui m'en croyais incapable. Après tout, tu es un parent, je suis une ado. Le fait que tu sois mort ne change rien, c'est bien mon rôle de me dérober aux cris paternels.

Alors s'il te plaît papa, ne t'offusque pas de tout ça, car j'avance un petit peu, quand même.

J'ai parlé à Zoé papa! Je me suis jetée à l'eau. Je lui ai tout dit, j'ai eu l'air lâche, mais j'ai bien fait.

Je travaille papa! J'ai conscience que je suis prise dans les mailles de la société et je le sais bien que j'y reste impuissante.

J'ai essayé papa! J'ai avancé tant bien que mal, équilibriste sur un fil tranchant. J'ai des blessures papa, je les ai enfin acceptées comme il se doit. J'ai des faiblesses, alors forcément, je ne vais pas bien papa.

Tu sais très bien que tu n'as rien à dire sur tout cela papa! Tu sais très bien que tu ne peux absolument pas critiquer mes choix! Tu sais très bien à quel point je te ressemble. Je me sert de la lumière des autres comme je sais que tu en as abusé; je souris comme un ange à ceux qui m'accusent de crimes que j'ai trop de fois commis, comme tu as abusé de leur amour; j'ai même apprivoisé la mort alors qu'elle t'a tant fait pleurer. Tu vois papa, j'ai pris mon envol avec mes ailes souillées par tout ce sang velouté dont je me suis abreuvée sauvagement.

Tu vois papa?

S'il te plaît, essaie de rester auprès de ta fille. Essaie de la considérer comme ta fille.

Tu ne peux pas me laisser comme ça! Tu ne peux pas m'effacer avec ta vie! Je suis toujours là, moi, et je t'attend, aussi stupide cela peut-il être!

Penses-tu à moi? Peux-tu penser à moi?

Joyeux Noël papa...

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