« élèves surdouée », vous dites ?
« Enfant précoce » ? Intelligence devrait-elle donc rimer avec « sans coeur » ?
Vous savez, chers professeurs, chère CPE, chers supérieurs, un élève reste un élève. Il a ses doutes, ses fatigues, ses peurs et ses déprimes. « Intelligent » peut signifier beaucoup de choses, mais pas « machine à rester enchaîné à une chaise », « robot travailleur », « rehausseur de classe » ou encore « dormant bien et étant en forme ».
Comme je viens de le dire, non seulement je suis et reste un élève comme les autres et vis ma vie, mais en plus, cette intelligence m'a coûtée une année, que dis-je, tant d'années !
Une année de réflexion pour mes choix. Oui oui, toutes ces fiches qu'un gosse de 13 ans doit remplir, toutes ces responsabilités alors que je n'en suis même pas au quart de ma vie.
Des années d'isolement, aussi.
Vous pouvez me reprocher tout ce que vous voulez, que cela soit mon soi-disant « manque de sérieux » ou mon entêtement, comme vous vous obstinez à le penser, à «ne pas participer en cours », mais vous ne pourrez jamais me reprocher le fait que la compagnie de mes amis de quatrième me manque, que la diversité des groupes de quatrième me manque, au milieu du troupeau de moutons de troisième. C'est horrible, on me critique constamment dès que je laisse apercevoir cette intelligence que vous semblez tant apprécier. Ah, non, là, je ne parle pas de notes mais de maturité. Chose que peu de gens, dans ma classe, ont réellement.
C'est ironique, n'est-ce pas ? Si seulement j'avais pu être avec ma bande de quatrième, une vraie bande -pas un petit troupeau divisé par un manque incroyable de discernement, qu'on remarque fréquemment à notre âge- , vous auriez eu un super groupe d'élèves sérieux et doués, qui se motivent les uns les autres... Oui, durant toutes ces années, j'aurais pu travailler dans un bon climat, un climat qui aurait pu réparer mon petit cœur de surdouée que personne ne souhaite voir puisque de toute façon, « c'est trop cher de faire redoubler un élève ».
Bref, passons, je doute qu'un adulte dans ce collège puisse me prendre au sérieux ou considérer autre chose que mes notes ne serait-ce qu'une seule et unique fois dans ma vie de « surdouée », surdouée qui a pourtant le cerveau à plat.
Burn Out.
Je ne suis pas une machine à apprendre.
Je suis un humain, et je suis triste. Triste. Triste.
Cette tristesse vient de vos refus.
C'est vos refus qui, depuis tout ce temps, m'empêchent de travailler, voilà pourquoi les professeurs me voient, affalée, sur mon bureau, les neurones endormies.
Je n'attendais que de la compagnie, de la chaleur pour travailler.
Mais ce sera trop tard. Je vais partir au lycée. À quatorze ans.
« Trop cher ».
Je vous en veux, vous êtes des monstres. C'est monstrueux, quand on y pense, d'ignorer le cri pur d'un élève pour de l'argent. Où est votre cœur ? Vous avez brisé le mien...
[je ne sais pas si la traduction de la chanson en media s'affiche mais si elle s'affiche, sachez juste qu'elle veut tout dire.]
