Il regardait la partie cachée de la lune, le cœur un peu lourd, un peu abimé.
Il allait bien car il pensait d'abord aux autres, à leur souffrance face aux malheurs qu'il ne pouvait pas régler par lui-même. Il s'était dit que tant que ses amis vivraient, il irait toujours bien pour eux. Il se l'était promis, et ce pour toujours.
Il songea alors, pour la première fois, que la lune qu'il contemplait si souvent n'était rien de plus qu'un astre. Un simple astre impuissant face à la Terre autour de laquelle il tournait, contrairement au jeune garçon qui lui, n'avait aucun axe, aucune Terre pour se centrer: il était impuissant face à sa propre vie, qui le poussait en avant malgré sa volonté de prendre une seconde de pause.
Une seconde de pause pour dire à quel point il avait mal.
Mal de cette vie dans laquelle il était malchanceux, mal tant il manquait de force, mal de ne même pas être capable de protéger ceux qu'il aimait.
Mal d'être si impuissant.
Il se rendit alors compte que sa tête s'était baissée vers le sol sans même qu'il en ait conscience, pour ne pas que la lune, qu'il appréciait tant malgré sa froideur inanimée, voit sa vision brouillée par une humidité familière.
Il était en vie. Encore. Pour eux. Il ne fallait plus baisser les bras... Il ne voulait plus décevoir qui que ce soit...
Alors, avec pour seule arme une âme sincère, il releva la tête aussi dignement qu'il le pouvait.
Il était onze heures et un quartier de lune brillait, haut dans le ciel. Une voix s'éleva de derrière la haie. Une voix douce, teintée de couleurs que personne n'osait peindre hormis le petit loup banni, qui, chaque soir, contemplait le ciel peint de mille étoiles lointaines.
"Kokoro wo nani ni tatoe you
Taka no you na kono kokoro
Kokoro wo nani ni tatoe you
Sona wo mau yo na kanashi sa wo..."
