La femme qui n'aimait pas les hommes

Chapitre 19

  Laura venait de se retrancher dans son chalet. Les mains tremblantes, elle était arrivée à charger son fusil et avait pointé le canon par la fenêtre. Elle sentait son cœur battre à toute vitesse. L'hélico fit quelques tours supplémentaires autour du chalet et quitta la zone. La tueuse reposa son arme et soupira de soulagement avant de se mettre à pleurer.

En se regardant dans le miroir de la salle de bains, elle ne se reconnaissait plus. Son visage était très pâle, aminci, et avait d'immenses cernes autour des yeux. Son ventre gargouillait, cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait plus mangé ni bu. Sa gorge était très sèche et il n'y avait pas de lavabo ou d'évier à l'intérieur, il y avait un abreuvoir dehors, mais elle n'osait pas aller boire cette eau qui était verdâtre. Les placards étaient vides, il n'y avait aucun moyen pour elle de manger et finalement, elle se mit à regretter de s'être cachée à la vue de l'hélicoptère. Laura se demandait si ça ne serait pas mieux de redescendre la vallée pour aller se rendre à la brigade de gendarmerie la plus proche.
Même si cela lui semblait être une idée insensée, elle voulait quand même en finir le plus vite possible et pas par la voie du suicide, mais par la voie de la justice. Rassemblant ses dernières forces, elle prit les clefs de la voiture et enfila sa paire de bottes. Chaque claquement des talons lui résonnait dans la tête, elle marchait très lentement tout en essayant d'enfiler sa paire de gants en cuir. La voiture lui semblait lointaine et quand elle s'assit sur le siège conducteur, elle soupira de soulagement et enfonça la clé.

Elle avait du mal à se concentrer sur la route et manquait de justesse de tomber dans un ravin à chaque virage. Par chance, il n'y avait pas de circulations jusqu'au moment où elle commença à somnoler. Une voiture qui arrivait du côté opposé se mit à klaxonner et à faire des appels de phares. Laura avait les yeux mi-clos et le temps qu'elle remarqua que la voiture allait en contresens et vers la glissière de sécurité, il était déjà trop tard.