Chapitre 22

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  Le capitaine Leroy était en train de se féliciter de l'arrestation de la jeune femme. Ce n'était pas comme ça qu'il l'imaginait, mais après tout, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Il décida ainsi de rejoindre Tarbes pour pouvoir organiser l'interrogatoire. Le lieutenant Damien décida de le rejoindre quelques jours plus tard.

Quand il rentra dans la chambre de Laura, il la vit en train de regarder par la fenêtre, d'un air mélancolique. Il se présenta et elle lui fit un petit sourire en lui disant.
-Ça ne sert à rien que je me présente, vous me connaissez.
-En effet, répondit Leroy. Vous êtes accusée d'avoir tué Jean-Pierre Laporte et...
-Pourquoi êtes-vous en train de m'accuser d'un meurtre que j'ai commis ? Coupa-t-elle. Vous le savez aussi bien que moi que c'est moi la tueuse et d'ailleurs, ce n'est pas le seul homme que j'ai tué.
Thomas écarquilla les yeux.
-Ne faites pas cette tête ! Cria-t-elle en sanglotant. J'en ai tué une dizaine, ce n'était qu'une bande de salauds, de vicieux, de pervers ! Et pas seulement, en Corrèze, c'était un par département !

Thomas n'en revenait pas des aveux qu'elle était en train de lui faire. Il avait en face de lui une tueuse en série et elle avait commis, vraisemblablement, son dixième meurtre. Maintenant qu'il y pensait, se cacher dans les Pyrénées était sans doute pour aller tuer une onzième personne. À présent, il se souvint qu'il y a cinq ans, il y avait eu aussi des meurtres d'hommes fait un peu partout en France, dans des départements sans frontières communes, et qui avait été à son tour médiatisé mais jamais ils n'étaient parvenus à mettre la main sur le meurtrier mais à présent, Leroy savait à qui il avait affaire.

Il était sidéré par ce que venait de dire Laura.
-Je sais que ce n'est pas bien ce que j'ai fait, j'assume entièrement ces meurtres, mais je voulais faire payer à ces hommes ce que m'a fait subir mon père. Ils lui ressemblaient tous, et ce que j'aurais dû faire à mon père, je l'ai fait à ces hommes dont je suis en train de me rendre compte qu'ils étaient simplement innocents.  

  -Comment les avez-vous rencontrés ?
-Sur internet, expliqua-t-elle. Je postais des annonces un peu partout en disant que je cherchais un soumis et j'en ai trouvé de ces vieux porcs qui n'avaient comme fantasme de se faire fouetter par une femme en tenue de latex.
-Vous étiez une dominatrice ?
- Je postais des annonces un peu partout en disant que je cherchais un soumis et j'en ai trouvé de ces vieux porcs qui n'avaient comme fantasme de se faire fouetter par une femme en tenue de latex.
-Pourquoi avez-vous fait ce métier ?
-Parce que je voulais me venger, tout simplement. Sauf qu'au lieu d'entendre des cris de douleur, j'entendais des cris de plaisirs. N'y voyez pas quelque chose de sadique, mais c'est comme ça dans le milieu.
-Et que faisiez-vous après ?
-Je prétendais que j'allais les libérer et à ce moment-là, je leur mettais une cagoule entièrement noire et je les faisais se déshabiller avant de les enfermer dans le coffre de la voiture et de les emmener dans une forêt, là où personne n'entendrait des coups de feu ou des cris de détresse, car bien, souvent, dès que je leur retirais la cagoule, ils étaient en train de pleurer. Ils se retrouvaient impuissant et surtout humiliés, c'est là où ils se rendaient compte qu'ils étaient dans une position très embarrassante et surtout sans défense.
-Il y a forcément quelqu'un qui s'était rendu compte de quelque chose ?
-Non, tous avaient confiance en moi. Ils font confiance pour n'importe qui.

Laura se sentait plus légère à présent d'avoir dit tout ce qu'elle avait dans le cœur. Elle continua en racontant son enfance qui fut douloureuse, marquée par un père alcoolique violent et une mère très agressive qui n'hésitait pas à tabasser ses filles avec un bâton. Elle expliqua au capitaine que c'était ça qui l'avait poussée à ne pas avoir d'enfants et surtout à devenir dominatrice, car elle avait cette pulsion de vouloir se défouler et ainsi elle lâchait cette colère qui aurait dû exploser en elle plusieurs années auparavant.

Le capitaine s'était assis auprès d'elle et lui dit « On vous laisse vous rétablir, puis ensuite, on vous arrêtera ». Il décida de sortir de l'hôpital pour demander la réouverture des enquêtes des meurtres que Laura venait de décrire et qui avait lieu dans les Deux-Sèvres, la Corrèze, le Rhône, le Bas-Rhin, le Nord, le Morbihan, l'Aude, le Gard, le Loiret et la Côte-d'Or. Quand il donna le nom des départements, il entendit un grand hurlement suivi de gens qui courraient en direction du hurlement. Il suivit le mouvement et traversa le hall de l'hôpital et vit le corps de la jeune femme allongée par terre avec une mare de sang à côté.

Laura venait de se suicider.


                                                                    FIN







La femme qui n'aimait pas les hommesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant