Chapitre 13

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Cela fait maintenant deux mois que nos quotidiens se côtoient et s'entremêlent. Nous passons rarement nos nuits séparés, que cela soit chez l'un ou chez l'autre, on trouve toujours un moyen pour se retrouver après le travail. Les seuls moments que j'ai gardés sont mes séances de pâtisserie avec Sophie les vendredis soir. Mais même ainsi, il ne peut pas s'empêcher de venir me retrouver et pas juste pour déguster nos réalisations. On a bien essayé de freiner par peur que l'engouement de la nouveauté finisse par émousser notre passion. Parce que oui nous parlons bien de passion quand on décide la veille que l'on doit s'occuper de choses persos et qu'il est donc plus raisonnable de faire chacun chez soi. La séparation n'est pas déchirante mais suscite tout de même un pincement au cœur. Au cours de la journée cela se traduit par un petit sentiment de malaise et devient un manque évident. Comme un héroïnomane qui cherche sa dose par tous les moyens. Heureusement pour moi, Alex semble souffrir de la même addiction. Même au beau milieu de la nuit, après qu'il se soit plongé dans l'écriture d'un nouveau morceau pendant des heures il finit par débarquer pour enfin trouver le repos dans mon lit. Et j'avoue sans complexe que mes nuits sont bien plus douces ainsi. Quoique un peu plus sportives. Mais qui s'en plaindrais ? Pas moi ! Je me sens plus femme, je crois même que je me suis un peu affinée ou du moins sculptée depuis que l'Amour est entré dans mon quotidien.
J'ai bien conscience que la réalité va finir par nous rattraper donc je profite de chaque instant. Je sais qu'Alex voyageait beaucoup avant de me rencontrer et comme nous n'arrivons déjà pas à rester séparés plus de 12h il a réussi à se dédouaner de tous ces déplacements jusqu'ici. Cependant il n'a pas trouvé d'excuse pour justifier son absence à Londres ce lundi. Qu'a cela ne tienne ! Nous voilà dans l'Euro-star pour un weekend prolongé en amoureux.

J'ai profité de ses séances de travail pour faire les boutiques et acheter quelques cadeaux de Noël. Oui je sais que c'est seulement dans deux mois, mais pour une fois j'avais le temps et j'ai pu trouver des choses originales sans courir partout à la dernière minute. Harrods est une caverne aux merveilles : du thé et un foulard pour ma mère, un beau stylo plume pour mon père, un joli carnet de partitions pour Gérald, un pyjama pour Irina.

Posée sur un banc dans un parc proche de Buckingham Palace, je repense à la conversation que nous avons eu lors du breakfast. Cette escapade Londonienne est vraiment un tournant dans notre relation. Hier soir, nous avons passé la soirée dans un pub à écouter des groupes locaux tout en dégustant un fish and chips arrosé de quelques bières. En rentrant à l'hôtel, le long de la Tamise, main dans la main nous profitions de notre complicité silencieuse quand il m'a attirée dans ses bras d'un mouvement brusque. J'ai trébuché, surprise de me retrouver contre son torse. Ses yeux m'hypnotisaient, ils pétillaient de bonheur. Il s'est emparé de mon visage entre ses doigts. J'ai frissonné non pas de froid mais de désir, d'anticipation du baiser qu'il allait me donner dans les secondes qui suivaient. Mais il ne l'a pas fait.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? je m'inquiétais.

- Je grave ton visage pour me rappeler toute ma vie de cet instant.

Je rougis et me sentie gênée.

- Ne baisse pas les yeux mon amour.

Je relevais la tête à sa phrase si douce à mes oreilles. Ses yeux brillaient dans la nuit. Il était tellement beau que l'aura charismatique qu'il a dégagé à ce moment là m'a étourdie.

- Je ne peux plus passer un instant de plus sans te le dire. Je t'aime. Je t'aime Hedwige. Tellement, que cela me fait peur. Mais j'ai encore plus peur que tu ne ressentes pas...

- Moi aussi je t'aime Alexander. Tout cet amour que tu me fais ressentir, comment as-tu pu en douter ?

Nous avions ri de notre stupidité tout en nous embrassant pour sceller les mots qui venaient de révéler nos sentiments.

ÉpiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant