Chapitre 19

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Alex a tenu sa parole, je ne suis pas retournée au travail de la semaine. Mon père m'a tout de même fait parvenir par coursier un ordinateur portable au cas où je m'ennuierais. Évidemment j'ai traité les urgences dès que j'avais du temps seule, ce qui est arrivé pratiquement tous les jours, puisque les répétitions ont commencé en vue de l'enregistrement de son prochain album. Nous avons également profité durant de longues heures de se retrouver coupés du monde ou presque. Une sorte de routine s'est installée, rendant ce quotidien rassurant et magique. Nous développons de petites habitudes rien qu'à nous. Nous prenons toujours le petit déjeuner ensemble à se donner la becquée en débattant sur nos préférences en tout genre ou nos sessions de travail. J'ai remarqué qu'il m'accompagne ou me rejoins sous la douche la plupart du temps et même s'il a en a déjà pris une peu de temps avant. Quand il est plongé dans ses compositions il perd totalement la notion du temps. Je lui apporte donc ses repas pour qu'il garde un pied dans la réalité. J'ai bien vu qu'au départ cela le perturbait de devoir faire une pause, mais il a fini par reconnaitre qu'il repartait encore plus efficace.

Je ne déroge pas à cette règle en ce vendredi midi. Je le trouve accoudé à son piano, un crayon dans la bouche, des feuilles à musique partout sur le siège et le pupitre. Ses cheveux en bataille comme s'il avait fait l'amour toute la matinée au lieu de travailler. Levant les yeux de sa partition il s'étire et me sourit à pleines dents.

- Oh que tu tombes bien mon amour. Je tourne un peu en rond sur cette partie, une pause me fera le plus grand bien. Posant son crayon, il me fait signe de venir m'asseoir à ses côtés. Les papiers sont replacés en ordre avant de m'embrasser telle une bouteille d'oxygène. Impossible de rester raisonnable à son toucher, je fonds sur lui et fourrage dans ses cheveux. Le baiser est brouillon, autant que ses feuilles, mais au fur et à mesure nous trouvons le tempo parfait et le ballet de nos langues est ponctués de mordillements, coups de langues coquins et autres gémissements. En moins de cinq minutes je me retrouve pantelante, agrippée à lui comme un koala. Nos corps fiévreux résonnent à l'unisson de nos cœurs. Reprenant nos souffles, complices j'imprime sur le bout de mes doigts son visage. Il me regarde faire, analysant mes expressions.

Soudain ses yeux s'illuminent et il se saisi de son crayon pour griffonner une série de notes sur le papier derrière moi. Je le laisse faire en me collant encore plus étroitement à lui en attendant qu'il termine.

- Tu es une Muse parfaite. Tu entres dans la pièce et mon monde prends une autre dimension. Je me perds en toi et j'en ressors l'esprit clair.

Il a pris mon visage en coupe et semble émerveillé.

- Je t'aime Hedwige. A cet instant j'en viens à regretter de l'avoir déjà fait.

Je ne comprends pas ou il veut en venir et fronce les sourcils. Sentant mon désarroi il passe un doigt dessus et me sourit.

- Épouse moi. Encore une fois. Sur ce continent, dans ce pays.

Je ris. De sa bêtise, de son humour, de sa folie.

- J'ai évité tous les appels de ma famille depuis lundi et tu veux plonger à pied joint dans la cage aux lions ! Tu es complètement fou !

- Tu me rends complètement fou oui. Impossible de me concentrer et finalement tu résous mes problèmes par ta simple présence. Tes petits plats sont juste délicieux.

- Juste délicieux ?

- Rien ne peux être aussi exquis que toi mon Chou.

- A mon avis ils sont déjà au courant et vont nous sauter dessus dès qu'on passera le seuil de l'immeuble.

Je frissonne par anticipation. Aucune envie de tout ce tapage. Surtout qu'une telle annonce me propulserait également dans la presse people au niveau mondial. J'en avais oublié que mon mari est un homme connu et reconnu par ses pairs et dans le monde entier.

ÉpiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant