Kiss Me Never - Tome 2

CHAPITRE 14

EVAN :

Le retour à la réalité a toujours un goût amer. Avec le temps, je suis devenu expert en la matière.

Alors que je récupère mes bagages et que je sors de l'aéroport pour rejoindre ma Mustang, le froid glacial de New York m'accueille à plein fouet. J'enfile un bonnet à la va-vite et jette ma valise et mon sac dans ma bagnole.

Le retour jusqu'à Brooklyn est rapide et fluide, mais avant de rentrer chez moi, je dois passer chez les Tate afin de récupérer quelques affaires. Ce qui veut dire qu'avec un peu de chance, je vais devoir croiser ma mère.

Je me gare sur une place en créneau et descends pour rejoindre l'entrée de l'établissement.

Bill, le portier m'ouvre dès qu'il me voit. Je n'ai pas besoin de lui parler pour qu'il sache qui je suis. Ici, tout le monde connaît les Tate.

Alors que je suis dans l'ascenseur qui me mène jusqu'au trente-neuvième étage de la penthouse de Rex, je repense à tout ce qui me sépare de l'aventure que j'ai vécue cette semaine. Posé nonchalamment contre le fond de l'ascenseur, les mains dans les poches.

Cette pensée parvient à raviver le peu de joie qu'il me reste en moi. Juste assez pour me donner du courage pour la suite.

Ding !

Les portes s'ouvrent et les murs blancs et luxueux s'étendent devant moi. J'examine l'entrée comme je le fais à chaque fois que je viens ici, avec dégoût. Je me redresse et y pénètre. Les spots qui illuminent le couloir m'indiquent que la maison n'est pas vide.

- Bonjour, Mr Waterson, me salue l'une des domestiques en m'apercevant.

Je la salue en retour et traverse le hall pour me retrouver dans l'immense salon, ouvert à la cuisine. D'ici, nous avons une vue impressionnante sur la skyline de toute la ville grâce aux vitres qui remplacent les murs. Bien au-dessus de ce que m'offre la terrasse de chez moi. Mais bizarrement, ici, le paysage est moins attrayant.

Il est terne et prétentieux.Oui, prétentieux, car seul les gens qui ont de l'argent ont le pouvoir de s'offrir ce type de luxe. Contrairement à mon appartement qui, même s'il reste au-dessus de la moyenne, est bien plus chaleureux.

Je ne prends pas la peine de jeter un coup d'œil à la pièce, et me dirige vers les escaliers qui me mènent à l'étage jusqu'à mon ancienne chambre.

A l'intérieur, des vagues de souvenirs se divulguent en moi alors que la porte n'est qu'à moitié ouverte. L'endroit est tel que je l'ai laissé en partant.Froid et sombre.

Je passe un doigt le long du bureau, traçant un trait sur la poussière qui s'est accumulé depuis ces deux derniers mois. Ma mère a ordonné aux domestiques de ne plus toucher à ma chambre après mon départ. Comme si elle n'avait jamais fait partie de la maison. Comme si... je n'avais jamais existé.

Et pour une fois, je suis de son côté.

Je me dirige vers les stores et les ouvre pour laisser entrer la lumière. Puis, j'ouvre les tiroirs de mon bureau et retire tout ce qui s'y trouve afin de les mettre dans le carton ouvert à mes pieds.

C'est pour ça que je suis ici aujourd'hui. Et c'est le dernier carton qu'il me reste à prendre avant de tirer un trait définitif à ma vie ici.