Humains

11) Les Garçons

Yuzuru P.O.V :

J'ouvre les yeux sur un plafond beige : je ne suis plus à la prison. C'est la première chose qui me vient à l'esprit car là bas tout était blanc.
En bougeant un peu je remarque que je ne suis plus attaché non plus...

-Vous êtes réveillé ?

Je bondis à l'opposé de la femme qui vient de poser la question et me retrouve par terre. Je panique immédiatement et cherche un échappatoire : si je ne pars pas d'ici tout de suite, ils vont me rattacher, me découper et m'arracher les ailes, peut être même me tuer...

-Vous allez bien ?! Pourquoi vous êtes-vous jeté par terre, vous allez vous blesser de nouveau ! Je suis désolée de vous avoir fait peur, mais vous n'êtes plus là bas, personne ne vous veut du mal ici...

Elle parlait en japonais avec un accent assez prononcé ; je pense que c'est ce qui m'a arrêté dans ma tentative de fuite par la fenêtre qui se serait probablement soldée par un crash quatre étage plus bas vu l'état de mes ailes...

-Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas japonaise... Où suis-je ? Pourquoi je ne suis plus là-bas ? Qu'est-ce que vous me voulez ?, demandai-je en restant prudemment éloigné de la femme.

Celle-ci s'assit lentement comme si elle craignait que le moindre geste brusque de sa part me fasse sauter par la fenêtre, ce en quoi elle n'avait pas tout à fait tort.

-Je m'appelle Chung-Ae et je suis coréenne, maquilleuse de métier. Nous sommes dans un hôtel à Los Angeles, mais nous allons bientôt repartir en Corée du Sud. Les garçons sont allés vous chercher dans cet infâme endroit et vous ont ramené ici. Comme je vous l'ai dit, nous ne vous voulons que du bien, donc s'il vous plaît, ne fuyez pas ; les garçons ont eu beaucoup de mal à vous trouver et vous sauver... Ils m'ont dit que si vous aviez soif, il y avait des pochettes dans le frigo, m'explique-t-elle en tendant une main prudente vers un mini réfrigérateur à ma gauche.

Je regarde avec suspicion l'objet avant de l'ouvrir en gardant un œil sur la maquilleuse. Je ne pus m'empêcher de lâcher une exclamation de bonheur en voyant son contenu : cinq pochettes gorgées de sang. Ça faisait presque deux semaines que je ne m'étais pas nourri et j'atteignais ma limite. Sans payer plus d'attention à la femme, je me saisis d'une des pochettes et mordis dedans sans plus de cérémonie. Qui que soient ces *garçons*, ils m'avaient sauvé et savaient pour mon régime alimentaire : je décidais donc de leur faire confiance pour l'instant...
Après avoir fini deux pochettes, je me tournai vers Chung-Ae qui avait détourné les yeux de mon repas, probablement dégoutée.

-Qui sont ces fameux *garçons* qui m'ont sauvé ? Et où sont-ils ?

-Comme ils forment un groupe de musique, ils sont en pleine interview. A l'heure qu'il est, ils sont sur le chemin du retour et on va partir dès qu'ils seront là. D'ailleurs, on va vous faire passer pour un membre du staff, donc il faut vous préparer. Est-ce que vous pouvez ranger... enfin, replier vos ailes ?

J'agitai un peu celles-ci, et les repliant en grimaçant un peu : je ne pouvais pas les rétracter si elles étaient en trop mauvais état, mais comme j'avais bu ma dose d'hémoglobine, mon corps avait recommencé à cicatriser normalement et avec un peu d'effort  et de douleur, un *rangement* était possible.
La femme m'emmena ensuite prendre des vêtements, m'expliquant que la compagnie du groupe avait affrété un avion privé et s'était arrangée ($) pour éviter les contrôles trop poussés à l'aéroport. Je marcherais au milieu du staff, c'est à dire une bonne trentaine de personnes, qui auraient également des masques et des capuches comme d'habitude pour cacher leur identité aux fans et éviter de se faire harceler. Le tout était d'être assez rapide et de passer avant que les aéroports ne soient fermés pour prévenir de ma fuite.