00h16:Cela fait neufs fois que j'appelle GG, et sur ses cinq portables avec pour seule réponse, le répondeur. En tant que commercial réputé, cela ne lui ressemble pas et le timing est très mauvais. Je suis à sec: plus de beuh, plus de cachets, plus de Speed, les fonds de bouteilles viennent d'être vidées mais je retrouve en guise de maigre compensation une fiole de poppers (nitrite d'amyle.) dans un tiroir que j'avais oubliée depuis des mois. J'en prend une grande inspiration suivie de plusieurs petites avant d'essayé de joindre pour une énième fois mon fournisseur officieusement officiel. Les tonalités se suivent et toujours personnes a qui passé commande, ce qui commence à m'inquiéter. Je tourne en rond, le filtre de ma cigarette s'aplatit entre mes phalanges et il devient de plus en plus dur de tirer dessus. Évidemment je pourrais appeler un de mes autres dealers mais aucuns ne vaut GG, c'est d'ailleurs pour cela que je ne faisais plus affaires avec eux, dans un sens, cela me gêne de les appeler en pleine nuit depuis tout ce temps. On peut être un toxicomane et avoir des principes, même si généralement les deux ne font pas la paire.
GG a de quoi approvisionner la France entière en substances diverses et variées pour emmener les esprits dans un lointain fait de grands espaces imaginaires qui nourrit le spirituel à travers des images, des couleurs, des sons, des sensations. Cela fait une petite année que je vais chez lui. Au début on se rejoignait en extérieur, le plus souvent dans un jardin d'enfants du centre-ville, mais voyant que j'étais sérieux et que nous avions des discussions intéressantes sur la littérature, la musique, les jeux vidéos, il décida, comme pour la plupart de ses clients réguliers avec qui une certaine alchimie se produisait, de m'ouvrir les portes de sa maison. GG est un grand black d'un mètre quatre-vingt quinze, très musclé, un crâne rasé qui lui donne un air menaçant alors que c'est une pâte, de plus c'est un garçon très instruit et très intéressant ce qui n'enlève en rien au mystique du personnage, bien au contraire. Il ne fait que des micros siestes en guise de repos et est généralement disponible H24, d'où mon inquiétude. J'espère qu'il n'est pas au trou car il serait facile de remonter jusqu'à moi du fait de mes nombreux appels. La psychose trouble mon esprit, mais la recherche d'un lointain fait de grands espaces imaginaires l'emporte. J'inhale frénétiquement pour le calmer, les vapeurs du petit flacon de poppers.
1h28:
La chaleur monte en moi pour atteindre son paroxysme dans mes joues malgré le froid qui règne en cette soirée d'automne. Cette soirée qui me plante dans son décor ocre, magnifique, le feuillage des platanes dansant sous la pleine lune rajoute une palette de couleurs en arrière plan, l'orange, le noir bleuté , le blanc qui scintille m'inspirent. Je me dirige dans la nuit étoilée sans même regarder mes pas qui suivent le dédale des trottoirs sinueux qui conduisent à l'épicerie de nuit, les effets du poppers s'envole aussi vite que les rafales de vent qui me fouettent le visage. Durant ces quelques minutes j'oublie le manque, ou plutôt comme j'aime l'appeler: "l'envie de m'évader spirituellement vers de grands espaces imaginaires." Je sors la mignonnette de nitrite d'amyle se trouvant dans la poche de ma veste en cuir pour m'en remettre un coup dans le cervelet avant de pénétrer "chez MoMo"; l'épicier le plus proche de mon domicile.
Une fois chez celui-ci je m'empare d'une bouteille de "Jack Daniel's" et de trois "MAXIMATOR" que je galère à poser sur le petit comptoir face au patron que je salue. Sur le trajet du retour je m'arrête à un distributeur qui refuse de me donner 100€. Merde! Les allocations n'ont pas dû tombées. Je me rabat sur une somme moins importante. GG me fera crédit(ça ne sera pas la première fois, et certainement pas la dernière), si il répond un jour bien évidemment. D'ailleurs je refais une tentative sur chacun de ses téléphones. Toujours sans succès.
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NOUVELLES D'UN CONDAMNÉ À VIVRE.
Short StoryÉtant un écrivain dyslexique. Inconnue. Dépendant à l'alcool, aux drogues, aux femmes, et accessoirement aux jeux. J'écris avec l'instinct. Spontanément. Je ne porte pas trop d'importance aux fautes d'orthographe dû à ma maladie, et peut être un peu...