...AUX SOUVENIRS...

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ACT2: BELLE SOIRÉE POUR MOURIR.


Les astres se reflètent sur la mer étonnamment calme, ce qui provoque une non intersection entre le ciel et l'horizon. Et qui me donne un spectacle magnifique. Une infinité de petites étincelles qui scintillent, s'étalants de façon verticale devant l'insignifiant microscopique être vivant que je suis. Je contemple le spectacle, en étant devant le tableau le plus beaux qui soit. Dans un musée don la gratuité n'a d'égal que la grandeur. Le cul enfoncé dans le sable, j'observe avec attention cette toile qui n'envie en rien les plus beaux chais d'œuvre du monde. Seulement personne n'arrivent à regarder les belles choses qui les entoures. Il se contentent des suggestions. En acquiesçant d'un hochement de tête sans rien comprendre. Sans même se rendre compte qu'ils font partis de ce tout majestueux que l'univers leurs proposent et Leurs offres sans rient attendre en retour. Une jouissance inconditionnelle que personne ne souhaite dans le fond. Hélas. Rien n'est gratuit.
J'aspire à la mort devant tant de volupté. Cette fin qui ne me frôle sans jamais me transpercer en me laissant seul. Cette solitude qui fait réfléchir. Réfléchir aux questions, aux réponses, à ce qui m'a emmené là. Devant cet infini qui se donne à moi. Cet infini en mouvement. Cette toile interactive, qui défile, se faufile, tel une anguille dans des rochers. Suspendue sur un monde qui se ferme. Elle étudie une espèce sur le déclin. Une espèce qui s'enlise dans sa propre connerie. Une espèce qui, dans un sens, souffre de vouloir tout expliquer. La catastrophe des temps modernes et tout son paradoxe. Plus nous en savons, moins on réfléchit, plus on s'abrutit. Il faut trouver par tout les moyens une formule pour chaque chose et chercher à comprendre les choses pour lesquelles nous n'avons rien trouvés. Oubliant le rêve et l'émerveillement. Oubliant le bon sens et la sagesse. Dépensant des milliers de milliards pour trouver de l'eau sur Mars alors que des milliers d'êtres vivants non pas accès à l'eau potable. L'infini doit bien se marrer.

Je cogite à plein régime. Je m'étant sur les détails. Pourquoi n'est je pas trouvé la formule qui fasse que les belles choses dures? Qui fasse que je comprenne à partir de quel instant inconnu nous sommes passés d'un bonheur unilatéral à un éloignement exponentiel aussi bien physique que mental? Sachant pertinemment que c'est moi qui l'ai quitté, laissé à l'abandon non sans cries ni larmes. Alors pourquoi j'ai si mal? Est-ce normal de sentir un tel vide alors qu'il résulte de mon œuvre? On ne plein jamais les bourreaux. Pourtant ce qu'ils accomplissent n'est pas tâche aisée. Peut-être que celui qui applique la sentence souffre en secret d'une peine intarissable? Ce n'est que la résultante d'une succession de circonstances factuelles qui l'emmène à sacrifier sur l'autel un couple de plus qui n'avait rien demandé à personne. Et c'est dans la plus grande des souffrances que je lui avais annoncé ces quelques mots un an et demi seulement après ma fausse non demande en mariage(oui! Le "demi" a une grande importance pour moi.):
"C'est plus possible. On arrête tout."
Ces quelques petits mots. Ces deux petites phrases... Ont fais chavirer la barque dans un océan de merde.
Je bois du whisky et j'enchaîne les clopes pour tenter de combler le vide. La bouteille l'est quasiment et le nectar n'a pas eu l'effet escompté. Cet une belle nuit pour mourir. Serait ce la solution? À voir...
Après mûre réflexion aiguillée par les vapeurs d'alcools, j'me lève avec difficulté pour rejoindre l'infini une fois pour toute.
Si la mer est calme, il se trouve qu'elle est également froide. Trop froide. Et je suis justement, par manque de chance, extrêmement frileux. Lorsque le niveau arrive à mes boules je décide de revenir sur mes pas. L'infini peut bien attendre encore un peu. Il ne faudrait pas que l'on retrouve mon corps amoindri de quelques centimètre. Je me repose donc dans le sable se collant à mes cuisses devant ce manque évident de couilles.

Je repris la route zigzagante des plages dans le sens inverse une fois que la bouteille a subie sa saignée avec le besoin d'écrire. Depuis que je fréquentais Gaëlle je n'avais absolument rien couché sur la feuille blanche. Je n'avais plus le temps de m'exorciser. J'avais trouvé un taff dans un bar quelques moments seulement après que nôtre relation soit annoncée à la planète. Chose qui vous vous en doutez n'a pas joué en ma faveur. Je bossais, j'allais la voir après le service( entre deux et trois heures du matin.)dans un état incertain le plus souvent, on se prenait la tête puis on se réconciliait sur la banquette de ma 206sw don l'habitacle était imprégné de nos Fluides corporels. L'alcool à porté de main combinais aux présences féminines lui semblait être un mauvais cocktail. Alors que je ne les jamais trompé. La pression était juste trop forte pour mes larges épaules qui supportaient Des disputes à répétition. Ce qui eu pour effet de dissoudre la moelle de mes rotules.
J'appuie progressivement sur l'accélérateur jusqu'à qu'il soit écrasé complètement. La radio joue "le paradis blanc" de Michel Berger et je songe de plus en plus à le rejoindre dès le prochain virage mais je reçois avant de prendre mon envol un texto d'un pote qui m'annonce:
"Gross swaré chez moi, keske ça branle??"
Je coupe le poste et décélère. Allons jeter un œil à cette soirée. Le paradis blanc ne disparaîtra dans la nuit.

J'arrive à cette fameuse fête avec un sourire aux lèvres cachant la vraie teneur du ressenti. Je bois deux bières cul sec avant de retourner dans les bras du whisky qui ne m'a jamais quitté, ni déçu. Et que je ne quitterai sûrement jamais (contrairement à Gaëlle.). Mes suicides mon donnés soif.
De la cocke est présente(je n'en consommais pas à cette époque.), au point où j'en suis. Je m'en met dans les nazos tout en continuant de simuler ma bonne humeur. Le seul instant qui m'a trahi, est celui où l'on tirait sur des canettes avec un revolver d'air soft(pistolet à billes tirant des projectiles à l'aide de gaz.), canettes qui valdinguaient à tout vas sous la force du bazar dès lors qu'on faisait mouche.
Une fois le flingue entre les mains, je place une bille métallique dans le barillet que je fais tourner avant de le rabattre, je colle le canon sur ma tempe, abaisse le chien à l'aide d'un coup de pouce, appuie sur la détente puis: PPPOOOUUMMM!!!! Absolument rien.
Les gars présents m'arrache l'arme sous un tonnerre d'injures auxquelles je ne prends même pas la peine de répondre, puis je retourne m'assoir en tête à tête avec mon verre. Qu'est-ce que je risquais de par ce geste? À par une cicatrice de plus et certainement une forte douleur?
Quoiqu'il en soit la bille s'est refusée à moi. Tout comme la mer et Michel Berger...
Il semblerait au final que cette soirée ne fut plus assez belle pour mourir.

NOUVELLES D'UN CONDAMNÉ À VIVRE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant