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Un crépitement continu.

La chaleur d'un corps contre le sien.

L'impression de sécurité.

L'odeur familière de Holmes.

Watson ouvrit les yeux.

-Vous êtes réveillé ? s'enquit une voix qu'il connaissait par cœur.

Il sourit.

-Parfait. Vous voulez bien vous décaler, Watson ? Je ne sens plus le bout de mon bras.

Les joues rouges, le docteur se suréleva légèrement, laissant Holmes reprendre possession du bras qu'il avait utilisé comme oreiller.

-Vous auriez-dû me réveiller ! Protesta-t-il faiblement.

Holmes sourit. Et Watson s'aperçut que si le détective portait son caleçon, lui était nu.

-Ne vous en faites pas, rit le détective en comprenant la raison de son embarra, j'ai agît en véritable gentleman !

Watson rougit encore plus. Le fait que Holmes précise qu'il n'avait rien fait ne faisait que lui suggérer qu'il aurait pu...

Il roula sur le dos en soupirant.

-Watson, dit soudain le détective d'un ton grave, vous vous souvenez de la veille ?

-Parfaitement.

-Même le moment où...

-Je vous ai dit que je vous aimais ?

-Je... heu... hum, oui, ce passage-là.

-Oui, répondit Watson avec un sourire tendre qui fit un drôle d'effet au cœur de son voisin de lit. Je m'en souviens parfaitement.

-Je voulais vous dire que... Mon Dieu, pourquoi est-ce si difficile de trouver des mots, soudain ?!

Watson rit doucement et se tourna sur le côté.

-C'est parce que les sentiments ne s'expriment pas comme des démonstrations, mon cher Holmes. Rien n'est ordonné, rien n'est étiqueté, rien n'a de place définie.

-C'est bien pour ça que je leur préfère la logique ! Mais nous dévions du sujet.

-Qui est ?

-Watson, est-ce que vous voulez vraiment... Est-ce que vous voulez essayer ? Je veux dire... De... Ce que les gens appellent « une relation » ? C'est dangereux, vous savez... Vous pourriez tant perdre...

Il laissa sa main glisser sur la joue de son ami, inconscient de la traînée brûlante qu'il laissait dans son sillage.

-Nous pourrions faire comme si de rien n'était. Continuer notre existence habituelle. Notre relation, à son stade amical, est déjà d'une valeur inestimable...

Watson saisit la main qui explorait sa joue et la porta à sa bouche, pour poser un baiser à l'intérieur de sa paume.

-Mais je le veux, Holmes. Je vous veux, comme je n'ai jamais rien voulu de toute mon existence. Je vous ai toujours voulu. Je veux vivre. Et je vous vous aim...

Il n'eut pas le temps de terminer. Des lèvres s'étaient posées sur les siennes, des lèvres douces et salées, aussi délicieuse qu'inexpérimentées. Il plongea ses mains dans les cheveux noirs de Holmes et prit la direction du baiser, approfondissant l'échange.

Puis ils se séparèrent, aussi bouleversés l'un que l'autre.

-Je vous promets de faire attention à vous, John, murmura Holmes. Je vous en prie, ne me quittez plus jamais.

-À condition que vous me fassiez la même promesse.

-Tenu, répondit le détective en se penchant pour quémander un deuxième baiser.

~

- Trois jours plus tard -

-Je vous promets, Holmes, râla Watson, assis dans son fauteuil habituel, que le prochain qui m'envoie une lettre de bon rétablissement ou qui vient me le souhaiter, je le frappe.

Holmes laissa échapper un petit rire et quitta sa table d'expérience pour se tourner vers lui.

-Je n'en crois pas un mot !

-Bon, d'accord, concéda Watson, peut-être que je le remercierais tout de même... Mais sèchement !

-C'est là le pire que vous puissiez faire, Watson ?

-Attendez que je puisse me resservir de ma jambe correctement, Holmes, et vous verrez le pire que je puisse faire...

Holmes soupira tragiquement.

-Je suppose que je ne pourrais y échapper... Au fait, vous vous êtes levé trop tard ce matin...

-La faute à qui ?

-... pour croiser l'inspecteur Lestrade. Ils ont arrêté notre cambrioleur. Il avait l'air aussi heureux qu'un coq en pâte ! Apparemment, plusieurs journaux ont demandé une entrevue... Oh, et une cliente est venue nous voir : son chien a disparu.

-Je croyais que les animaux évaporés n'étaient pas votre rayon ? s'étonna son interlocuteur.

-En effet... c'est pour ça que j'ai mit notre meilleur homme sur l'affaire.

-Oh, je vois, sourit le docteur. Et comment se débrouille Wiggins ?

-Pas trop mal, répondit l'autre avec un sourire plein de fierté.

Watson laissa échapper un petit rire.

Holmes avisa le journal qui traînait par terre, et eut un sourire à faire trembler une pierre. Le « Docteur Farrow » avait été arrêté, ainsi que ses complices dans le milieu médical, au moment où ils prenaient la fuite. Le tout n'avait été qu'une escroquerie : ils espéraient vendre le plus de « médicaments » possible avant de prendre la poudre d'escampette avec leur recette. Malheureusement pour eux, un certain détective s'en était mêlé...

-Holmes ? Intervint Watson, interrompant le court de ses pensées. Pourriez vous m'aider, s'il vous plaît ?

-Oui ? s'enquit aussitôt le détective en se levant pour le rejoindre.

Watson attrapa sa main et le tira vers lui, plantant un baiser sur ses lèvres.

-À votre service, Docteur Watson, murmura Holmes en se mettant à genoux devant le fauteuil pour s'emparer d'un autre baiser.

-Holmes... que diriez-vous de fermer la porte ?

Dix seconde plus tard, le verrou était tiré, le docteur allongé sur le divan, et le détective consultant le plus génial de Londres – voire du monde – commençait avec minutie une investigation bien peu orthodoxe.

Et à partir de cet instant, oh, oui, ce moment précis, Watson sût que tant que Holmes serait à ses côtés, alors il serait heureux.

La même pensée dû traverser le regard du détective, parce qu'il sourit à s'en décrocher la mâchoire.

La Chute du Docteur Watson (Victorian Johnlock)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant