Chapitre 5 - Drago Malefoy

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La nuit était particulièrement froide ce soir-là. Le château surplombait le lac d'un noir intense. Des montagnes se dessinaient autour de lui, comme des géants de pierres, indestructibles et immortels. La forêt interdite s'étendait par-dessus elles, immense, incontournable. De nombreuses créatures y vivaient, s'y combattaient, y mourraient, sans que personne n'en prenne conscience. Au-dessus du lac, des formes, vêtues de longues capes noires, semblaient danser. Elles recherchaient la peur. Elle la sentait présente dans les murs. Sans relâches, les créatures cherchaient à pénétrer dans l'enceinte du château, mais ce dernier leur interdisait l'accès. Condamnées à errer ainsi, les détraqueurs se contentaient de ce que la nature leur offrait. Ce soir-là, un jeune faon avait eu le malheur de glisser dans l'eau du lac. Incapable de remonter toute seule, la bête commençait à s'affoler, à s'agiter de plus en plus. Le froid engourdissait ses membres. Les détraqueurs se tournèrent vers la pauvre créature. Doucement, inéluctablement, ils s'avancèrent, glissant sur l'eau qui se gelait à leur passage. S'en donnant à cour joie, ils attaquèrent alors le jeune être, se nourrissant de sa peur, ne laissant derrière leur passage qu'un être sans âme, sans vie, sans bonheur, seulement capable de respirer. Désormais privée de tout esprit de combativité, de toute conscience, de toute joie, l'animal se laissa alors glisser, happé par les profondeurs du lac, descendant toujours plus bas vers un horizon de noirceur, un horizon aussi sombre que ce qu'il restait désormais à l'intérieur de lui. Une lueur verdâtre, lumineuse se refléta dans l'œil sans vie de la bête, alors que le corps de cette dernière rebondit sur un mur de roche, la faisant dévier plus profondément encore dans les méandre du lac.

Le dortoir des Serpentards était silencieux. Tous dormaient, insouciants de ce qui se préparait autour d'eux. Tous? Non. Drago Malefoy terminait de s'habiller discrètement. Ses compagnons de chambre n'étaient pas encore réveillés. Il les regarda un instant dormir et repensa à ses dernières années. Il aurait tellement aimé que tout se passe autrement. Parfois, il s'imaginait suivre ses cours simplement, terminer Poudlard, trouver un métier, fonder une famille. Mais la réalité revenait rapidement le hanter. Il ne pouvait pas se permettre ce genre de fantasmes. Il était un serviteur du seigneur des ténèbres. Ou du moins, il en serait un prochainement. Il avait peut-être la marque, mais, contrairement à ce qu'il fanfaronner devant les autres, cela ne faisait pas de lui un mage terrifiant. Son maître n'apparaîtrait pas pour le sauver si il en avait besoin, au mieux, il l'enverrait en première ligne comme chair à canon. Actuellement, Drago n'avait aucune valeur à ses yeux et il en avait conscience. Il n'était qu'un laquais au plus bas de l'échelle.

Toutefois, le jeune Malefoy ne comptait pas en rester là. Non. Puisque ses fantasmes ne pourront jamais se réaliser, le jeune homme s'était alors fixé un autre but. Il comptait devenir indispensable au seigneur des ténèbres. Il rêvait de devenir son bras droit, son homme de confiance. Et pour se faire, l'adolescent était prêt à accepter n'importe quelle mission qu'on lui confiait, quitte à trahir ses amis. A ces pensées, Malefoy tourna la tête vers les lits de Crabbe, Goyle et Zabini. Les trois jeunes hommes dormaient comme des bébés. D'innocents bébés que l'on pourrait facilement tuer. Que Drago pourrait facilement tuer si IL lui demandait. Le jeune homme s'approcha alors du jeune métisse, baguette en main. La lèvre tremblante, il traça une ligne invisible sur le cou du garçon endormi. Sentant son assurance tomber, Drago se détourna brusquement, le cœur tambourinant dans sa poitrine. D'un geste rageur, il renversa les cahiers qui se trouvaient sur son bureau. Il était faible. Trop faible. Il devait absolument trouver un moyen de prouver sa valeur.

Le jeune homme monta les marches quatre à quatre et se retrouva dans la salle commune. Il faisait encore nuit noire et le silence régnait chez les serpentards. Drago faisait les cent pas, cherchant un moyen pour être reconnu. Il passa une main dans ses cheveux blonds, les emmêlant plus qu'ils ne l'étaient déjà. Son visage était tendu, ses yeux révulsés par la folie qui l'animait. Que pouvait-il faire? Où pouvait-il aller? Son regard se posa alors sur la minuscule bibliothèque qui ornait la salle. Le jeune homme ouvrit la bouche. C'était tellement évident. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt?

Muni d'une lanterne, le jeune homme sorti alors discrètement de la salle commune. Il avança à pas de loup dans les couloirs. La chatte de Rusard se trouvait à seulement quelques mètres de lui. Elle ne l'avait pas encore remarqué. Drago se stoppa et attendit qu'elle se décide à bouger. Il avait beau être un serpentard, si il se faisait prendre en dehors des dortoirs au beau milieu de la nuit, le jeune homme risquait de gros ennuies. Il ne serait certes pas renvoyé, mais se retrouver pendu par les chevilles face au concierge un pot de pop corn dans les mains n'était pas un programme réjouissant pour le blondinet.

-Tu attends le déluge ?

Drago sursauta et se retourna. Face à lui se trouvait Peeve. L'esprit farceur se mit alors à tourner autour de lui en riant.

-Arrêtes ! Peeve ça suffit tu vas me faire repérer ! Peeves! Si tu continues je vais chercher le Baron.

Instantanément, Peeve disparu et le silence reprit possession des lieux. Malefoy secoua la tête en soupirant. Cet esprit était vraiment ingérable. Il n'avait peur de rien, ni de personne. Même le seigneur des ténèbres ne lui inspirait aucune crainte. Mais il suffisait d'évoquer le Baron pour que l'esprit malin se tienne à carreaux. Tout en se demandant ce qui avait bien pu se passer pour que Peeve ait autant peur du fantôme des Serpentard, le jeune garçon continua sa route.

Il entra alors doucement dans la bibliothèque et se faufila à pas de loups dans la réserve. Il sélectionna quelques livres de sortilèges avant de rebrousser chemin comme si de rien n'était. Le jeune garçon retourna rapidement dans la salle commune. Alors qu'il feuilleté le premier livre, Drago ne put s'empêcher de penser que tout s'était passé trop facilement. Quelque chose clochait. Pourquoi n'avait-il croisé que Rusard et Peeve? Où étaient les Carrow? Eux qui étaient toujours là à mettre leur nez dans les affaires des autres. Dormaient-ils? Non, quelque chose se préparait. Le seigneur des ténèbres devait préparer quelque chose. Drago en était certain. Laissant ses suppositions de côté, le Serpentard glissa les livres sous son matelas et entreprit de commencer sa courte nuit tandis que le soleil pointait le bout de son nez.

Le règne de JedusorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant