Chapitre 7 - Fred Weasley

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La lune se reflétait sur l'herbe fraîchement tondue du vaste parc entourant Poudlard. De fines gouttes tombaient des pins se trouvant à proximité, seules preuves du torrent dévastateur que venait de déverser mère nature sur le prestigieux château. Le ciel, désormais libéré de tout nuage, était illuminé de myriades d'étoiles toutes plus étincelantes les unes que les autres. Une brise légère faisait danser les branches des cyprès en accord avec celles des chênes dans un slow léger et empli de tendresses. Au sol, se dessinait un halo de lumière, rapidement comblé par les ombres d'un passé douloureux.

-George...qu'est ce que tu fais?

Un adolescent à la chevelure rousse faisait face à un corps recroquevillé sur lui-même. Il attendait une réponse, à la fois inquiet et terrifié. Il n'arrivait pas à voir le visage du dénommé George qui s'obstiner à lui tourner le dos. Le garçon s'approcha doucement, hésitant. Son cœur battait de plus en plus vite dans sa poitrine.

-George...C'est moi. C'est Fred...Tout va bien je suis là...je suis là...

Fred déposa une main sur l'épaule de son frère jumeau. Le froid de son corps l'irradiait, le perturbant plus que nécessaire. A ce contact, Fred eut l'impression de tenir un mort. Pourtant, son frère bougeait, il vivait, là, juste devant lui.

-George..

La voix de Fred tremblait tandis que son jumeau ne bougeait toujours pas. Imperturbable, in continuait de triturer quelque chose. Voulant en savoir plus, le premier rouquin se positionna face à son frère. Il regretta instantanément son excès de curiosité, ravalant un haut le cœur devant le spectacle qui s'offrait à lui.

George était couvert de sang. Des gouttes rouges tombaient de ses cheveux, s'écrasant sur ses joues, dévalant la fine ligne de sa mâchoire amaigri, continuant sa course en apesanteur avant de s'échouer dans une mare pourpre au sol. La mare était à moitié recouverte par une forme brune. Fred balaya la scène du regard, s'attardant sur la créature victime de son frère. Un hippogriffe. La pauvre bête était encore vivante. Ses pattes étaient parcourues de légers spasmes. Sa poitrine se soulevait difficilement dans un rythme irrégulier. Sa respiration était sifflante, rauque comme si chaque inspiration était une souffrance. Au creux de ses yeux, des perles d'eaux se formaient témoignant de la douleur que la pauvre bête ressentait silencieusement.

Fred ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti. Il était comme pétrifié devant ce spectacle, à la fois fascinant et terrifiant. Comme si de rien n'était, son frère se leva alors et passa à côté de lui sans même lui adresser un regard. Il se dirigea vers le château, son jumeau à ses baskets. Ils montèrent jusqu'à la salle commune des Gryffondors. George n'avait pas ouvert la bouche une seule fois. Étrangement, la grosse dame les laissa passer sans même leur demander le mot de passe, comme si elle savait que de toute façon, ils allaient entrer d'une manière ou d'une autre. La salle commune était vide. Le feu semblait être éteint depuis peu de temps, de la fumée montant encore le long e la cheminée. Mais George ne s'en préoccupait pas. Il semblait avoir un but précis puisqu'il se dirigea directement vers le dortoir des garçons. Ils montèrent les marches quatre à quatre et slalomèrent entre les lits. Les jeunes hommes présents dormaient tous à poings fermés, ignorant ce qui se tramait autour d'eux, insouciants de la vie qui continuait à couler.

Les deux frères se stoppèrent alors face à une fenètre. Cette dernière était grande ouverte, laissant l'air s'engouffrer dans le dortoir. Le froid s'insinua dans chaque parcelle du corps de Fred. Le jeune homme trembla tandis que son frère continuait sa marche, ignorant le changement soudain de température. George se plaça alors à une fenêtre, escaladant le petit muret.

-George...

Comme si son cerveau se remettait à fonctionner après un long moment en totale léthargie, Fred mesura l'horreur de la situation. Son frère, qu'il venait à peine de retrouver, se tenait debout face au vide. Le vent s'engouffra dans la pièce, faisant voler leurs cheveux dans un même rythme. George tourna alors la tête vers son frère et un sourire illumina son visage. Il semblait heureux et une fraction de seconde, Fred eut l'impression de retrouver leur enfance, quand tout allait encore bien pour eux. Puis, ce sourire radieux laissa alors place à un sourire triste, inexpressif, douloureux. Des larmes coulaient sur les joues de George, s'écrasant à la commissure de ses lèvres. Il ouvrit la bouche et prononça une phrase silencieuse. Fred avait beau tendre l'oreille, aucun son ne lui parvenait.

-Qu'est ce que tu as dis?

Mais George ne répéta pas sa phrase. Au lieu de ça, il se contenta de sourire. Ses larmes se colorèrent alors petit à petit, prenant une teinte rosée, puis de plus en plus rouge. Dehors, le ciel s'assombrissait de plus en plus, la pluie martela la pierre dans un rythme de plus en plus effréné. Le vent se fit plus sauvage, plus agressif, s'engouffrant de plus en plus vite dans la pièce, frappant les murs dans une cacophonie assourdissante. Fred avait beau crier le nom de son frère, ce dernier ne semblait pas l'entendre. Puis, d'une seconde à l'autre, le silence revint dans le dortoir. Ce changement soudain donna la nausée à Fred qui chancela quelques secondes. Un bourdonnement insupportable lui transperça les tympans et le jeune homme fut obligé de fermer les yeux. Quand il les rouvrit, George se tenait du bout des doigts à la structure de pierre. Un frisson parcourut Fred de la tête aux pieds tandis qu'il s'élançait vers son frère, le bras tendu. Ce dernier se laissa alors tomber dans le vide. Leurs doigts se frôlèrent et Fred ressentit comme une décharge électrique lui parcourir le bras. Il se mit alors à hurler tandis que son jumeau glissait inéluctablement, tombant vers la noirceur de la nuit.

Fred ouvrit les yeux, laissant échapper un grognement. Le souffle court, il garda les yeux rivés vers le plafond. De grosses gouttes tombaient le long de ses tempes tandis qu'il essayait de reprendre son souffle. Doucement, il se redressa sur son lit. Autour de lui, le silence régnait. Les élèves dormaient toujours et la nuit était encore bien noire. Le jeune homme sortit de son lit d'un geste brusque. Le froid lui comprima la poitrine, terminant de le réveiller. Il se dirigea sans bruit vers une des fenêtre du dortoir. La lune était pleine et éclairait les alentours sur plusieurs kilomètres. La cime des arbres se dessinait jusqu'à perte de vue. Pensif, il se recroquevilla sur le rebord d'une fenêtre, le regard dirigé vers les étoiles. Il ouvrit la bouche et s'aperçut de la sécheresse de cette dernière. D'une voix rauque, il murmura à la nuit:

-George...où es-tu?

Le règne de JedusorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant